Le Kenya envoie des troupes en RDC pour combattre les rebelles

Le Kenya envoie des troupes en RDC pour combattre les rebelles

Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est congolais, Nairobi prête main forte à Kinshasa notamment pour lutter contre le mouvement du M23. Le Kenya a annoncé mercredi 2 octobre le déploiement de troupes en République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre d’une intervention militaire régionale visant à soutenir le régime congolais face aux rébellions actives dans l’est de la RDC.

« En tant que voisins, le destin de la RDC est lié au nôtre », a lancé le président William Ruto à Nairobi lors d’une cérémonie de présentation du contingent prêt à partir, en rappelant que la force régionale doit compter également des militaires du Burundi, d’Ouganda et du Soudan du Sud, envoyés « en mission pour protéger l’humanité ». « Nous ne permettrons pas aux groupes armés, aux criminels et aux terroristes de nous priver de notre prospérité commune », a poursuivi le chef de l’Etat kényan, sans préciser le calendrier de déploiement des troupes.

Des sources militaires à Nairobi ont refusé de révéler le nombre de soldats kényans impliqués dans cette intervention, en évoquant des « questions évidentes de sécurité ». La RDC tente de contrer les activités de dizaines de groupes armés qui prolifèrent dans l’est de cet immense pays, très riche en ressources naturelles.

Les dirigeants des sept pays membres de la Communauté est-africaine (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie, Soudan du Sud, Ouganda et RDC), dans laquelle le Kenya joue un rôle moteur, s’étaient mis d’accord en avril pour la création d’une force conjointe pour aider à restaurer la stabilité en RDC.

Accusations d’« agression »

La tension est particulièrement vive dans la province du Nord-Kivu depuis la résurgence du M23 (Mouvement du 23 mars), une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes fin 2021. Après des semaines d’accalmie, le M23 est à l’offensive depuis le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, où elle s’est emparée de villes sur un axe routier stratégique desservant Goma. Les rebelles ont notamment atteint ces derniers jours Rumangabo, siège d’une base de l’armée congolaise et du quartier général du parc national des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.

Des drapeaux français et de l’Union européenne ont été vandalisés et des slogans hostiles au Rwanda, à l’Ouganda mais aussi à l’Occident ont été scandés mercredi à Bukavu, dans l’est de la RDC, par des manifestants mobilisés contre la rébellion du M23.

Après des mois de tension et d’accusations d’« agression », Kinshasa, qui accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23, a décidé samedi d’expulser l’ambassadeur du Rwanda en RDC. Une décision que Kigali a « noté avec regret ».

De leur côté, les autorités rwandaises ont également fin octobre accusé la RDC « d’opérer aux côtés de milices armées irrégulières », dont les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Les autorités de Kinshasa ont par le passé nié toute collusion avec les FDLR.

La Monusco relève le niveau d’alerte

Cette dégradation de la situation a alarmé la communauté internationale, l’Union africaine appelant à un cessez-le-feu. Le regain de tension dans l’est congolais a conduit la mission de l’ONU en RDC (Monusco) à « relever le niveau d’alerte » de ses troupes en soutien aux forces armées congolaises dans leurs opérations contre le M23. Un convoi de la Monusco a été pris à partie mardi par une foule en colère à Goma, faisant deux blessés du côté des casques bleus.

Depuis plusieurs mois, les casques bleus de l’ONU, présents en RDC depuis plus de vingt ans, sont accusés d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés qui terrorisent l’est de la RDC depuis près de trois décennies.

Un rapport d’experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies avait détaillé l’implication directe du Rwanda, « unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23 » dans l’est congolais. Kigali a récusé ces « allégations non valides » et avancé son « droit à défendre son territoire ».

(Avec Afp)