La Belgique célèbre son nouveau roi Philippe, pour une Belgique qui doute
Albert II a abdiqué dimanche en faveur de son fils Philippe, qui devient le septième roi des Belges le jour de la fête nationale, avec l’espoir de préserver l’unité d’un pays divisé.
A l’issue d’un règne de 20 ans, Albert, 79 ans, a signé son acte officiel d’abdication à 10H45 (08H45 GMT), lors d’une cérémonie dans la grande salle du trône du Palais royal de Bruxelles.
Philippe, 53 ans, doit prêter serment à 12H00 (10H00 GMT) devant les chambres réunies, à quelques centaines de mètres du Palais. Dans sa dernière adresse à la Nation, le souverain a de nouveau appelé les responsables du pays à « travailler sans relâche à la cohésion de la Belgique ».
La voix brisée par l’émotion, il a rendu hommage à son épouse Paola, qui l’a « constamment soutenu dans (sa) tâche ». « Je voudrais simplement lui dire merci ». « Et un gros kiss! », a-t-il ajouté en sortant de son discours écrit. Il a alors été acclamé par tous les dignitaires rassemblés. Paola et la future reine Mathilde n’ont pu retenir leurs larmes.
La journée avait commencé peu après 09H00 (07H00 GMT) par un Te Deum en la cathédrale Saints Michel et Gudule de Bruxelles, en présence de la famille royale au grand complet. Le roi Albert II et son fils Philippe, en grand uniforme, ainsi que leurs épouses Paola et Mathilde, ont été longuement acclamés à leur arrivée par quelques centaines de personnes.
Mathilde, soutien actif et atout charme
« C’est vraiment une fête à ne pas manquer, une triple célébration. C’est une nouvelle page pour la monarchie », se réjouissait Maximilien De Wouters, un étudiant 24 ans drapé dans un drapeau national noir, jaune et rouge.
Le nouveau roi, qui aurait pu succéder à son oncle après la mort brutale du roi Beaudoin en 1993, n’avait alors pas été considéré comme prêt à assumer la fonction. Vingt ans plus tard, le doute subsiste en raison de quelques propos maladroits et de son manque persistant d’aisance en public.
Il pourra compter sur le soutien actif de Mathilde, populaire, compétente et atout charme de la monarchie depuis leur mariage en 1999. A 40 ans, elle deviendra la première reine d’origine belge de l’histoire du pays.
« Philippe, tu as toutes les qualités de cœur et d’intelligence pour très bien servir notre pays dans tes nouvelles responsabilités », a affirmé Albert II dimanche matin. « Toi et ta chère épouse Mathilde avez toute notre confiance ».
La monarchie est présentée comme un des derniers symboles d’unité du pays, devenu un Etat fédéral au fil des crises politiques qui se sont succédé ces 40 dernières années. Défendue dans le sud francophone du pays, elle est remise en cause dans le nord néerlandophone, particulièrement par les indépendantistes de la N-VA, républicains par principe et à tout le moins partisans d’une monarchie purement protocolaire.
Au balcon du Palais
La preuve en a été fournie cette semaine lors des dernières visites officielles du couple royal. Albert et Paola ont été accueillis dans une quasi-indifférence par quelques centaines de personnes à Gand, deuxième ville de Flandre, alors qu’ils étaient acclamés par des milliers de personnes à Liège, en Wallonie, lors d’une « joyeuse sortie » marquée par l’émotion et les appels à l’unité du pays.
Le règne d’Albert II a été ponctué par plusieurs crises politiques, particulièrement après les élections de 2010 où les partis avaient mis 541 jours, un record mondial, pour former un gouvernement. Le roi avait alors joué un rôle majeur pour sortir de l’impasse.
A l’approche des élections législatives de 2014, qui devraient voir une nouvelle poussée des indépendantistes flamands, une majorité de Belges auraient préféré que le vieux monarque reste encore sur le trône malgré sa santé déclinante. Dans ce contexte, l’intronisation de Philippe sera marquée par la sobriété. Le programme conçu pour célébrer la fête nationale du 21 juillet a été à peine modifié.
Après la prestation de serment, le nouveau couple royal apparaîtra au balcon du Palais avant d’assister au traditionnel défilé militaire et de prendre un bain de foule au milieu des animations auxquelles sont attendues plusieurs centaines de milliers de personnes dans le centre de Bruxelles.
Aucune tête couronnée ou dirigeant étranger n’a été invité aux cérémonies. La seule personnalité est le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, venu en voisin.
AFP