RDC: l’offre de service de Sassou Nguesso suscite de nombreuses réactions à Kinshasa et à Brazzaville

Le président du Congo, Denis Sassou Nguesso s’est dit vendredi prêt pour assurer une médiation en République démocratique du Congo dans les «concertations nationales» que l’opposition de ce pays voisin réclame depuis quelque temps.

kabila-sassouIl a fait cette annonce au terme d’une visite d’une journée de Joseph Kabila à Brazzaville. Tour d’horizon des réactions en RDC et au Congo même.

A Kinshasa, les différents camps politiques ont chacun une vision du rôle que pourrait jouer Denis Sassou Nguesso.

A l’UDPS, ils ont dit prendre acte de la disponibilité de Denis Sassou Nguesso, le président de l’autre Congo, pour participer à la recherche de la cohésion nationale en RDC. Cependant, les partisans d’Étienne Tshisekedi se donnent un temps d’observation avant de décider de l’attitude à adopter face aux assises qui devraient permettre aux Congolais de débattre ensemble les questions qui se posent à leur pays. Même réaction au sein de l’opposition institutionnelle. «Cela rejoint notre démarche» a estimé Vital Kamerhe, joint par RFI. Pour le leader de l’UNC, Sassou-Nguesso, «un sage et un aîné, n’est impliqué, ni de loin, ni de près dans ce qui se passe au Congo-Kinshasa. Il ferait donc un bon arbitre, un arbitre neutre dans le débat, sans toutefois nous dicter ce qui doit être fait».

Dans la mouvance présidentielle, certains estiment que le président du Congo-Brazzaville pourrait aider avec des conseils en cas de discordance des notes, mais ne devrait pas présider les concertations. On en est encore là, en attendant de voir si le président Sassou sera sollicité et quel rôle lui permettrait-on de jouer dans les assises initiées par le président Joseph Kabila.

Au Congo, l’opposition s’étonne

L’offre de bons offices de Denis Sassou Nguesso n’est pas passée inaperçue à Brazzaville. Elle a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique où certains pensent qu’il est l’homme de la situation ; tandis que d’autres estiment que dans son propre pays le dialogue est inexistant.

Les réactions sont venues notamment du côté de l’opposition. Pour Bonaventure Boudzika, secrétaire général du Congrès pour la démocratie et la république, un parti de l’opposition républicaine, Denis Sassou-Nguesso est mieux placé que quiconque pour assurer la médiation en RDC parce qu’il est le voisin le plus immédiat : «lorsque ça brûle chez le voisin, il est bien normal que le plus proche soit interpelé, directement ou indirectement. C’est bien normal que le président le plus proche offre ses offices, offre son expérience, offre un peu son savoir-faire justement dans le règlement de ces questions en RDC».

De son côté, Clément Mierrasa, du Parti démocrate congolais, une formation classée par le pouvoir à l’opposition radicale, se dit surpris, pour la simple raison qu’au Congo, le dialogue interne ne produit pas les effets internes escomptés. «Ce qui est le plus préoccupant c’est que le président Sassou, qui ne reçoit pas les opposants, qui n’accepte pas l’idée des états généraux, c’est-à-dire d’une concertation nationale, soit ouvert pour déclarer publiquement qu’il offre ses services pour une médiation en RDC, nous en sommes extrêmement surpris. Nous osons espérer que cela augure que, très bientôt, le Congo va également vers une concertation nationale », s’étonne Clément Mierrasa.

RFI