Etats-Unis: le soldat qui a tué Ben Laden sort de l’anonymat, menacé de mort

Etats-Unis: le soldat qui a tué Ben Laden sort de l’anonymat, menacé de mort

1415215936036_wps_23_NAVY_SEAL_ROBERT_O_NEILL_La polémique prend de l’ampleur aux Etats-Unis après qu’un membre des forces spéciales de la marine américaine a dévoilé son identité dans la presse. Robert O’Neill, 38 ans, a affirmé au Washington Post qu’il était l’homme qui a abattu le chef d’al-Qaïda Oussama Ben Laden en 2011 à Abottabad au Pakistan.

Les réactions ne se sont pas fait attendre : colère au sein de la hiérarchie de l’armée et désormais menaces de mort provenant de sites internet jihadistes.
C’est le site internet de veille des jihadistes SITE qui le révèle : Robert O’Neill ancien membre des Seals, les forces spéciales de la marine américaine est désormais l’homme à abattre pour les jihadistes. Sa photo apparaît sur Twitter et sur des forums jihadistes, accompagnée de phrases telles que : « À vous très chers musulmans aux Etats-Unis voilà votre chance d’accéder au paradis ».

C’est la deuxième fois qu’un Navy Seal brise le secret auquel il est soumis. Il y a quelques mois, Matt Bissonnette qui avait aussi pris part au raid d’Abottabad publiait ses mémoires relatant l’opération contre Ben Laden. Depuis, il est visé par une enquête criminelle pour avoir révélé des informations sensibles.

Robert O’Neill lui aussi risque d’être poursuivi en justice. Deux responsables militaires ont rappelé l’obligation pour les Navy Seals de garder l’anonymat et de ne pas tirer crédit de leurs missions.

Robert O’Neill a d’ailleurs raconté au Washington Post cette semaine qu’il a hésité longtemps avant de révéler son nom, mais que celui-ci circulait déjà sur un site internet d’anciens soldats. Surtout, l’homme apparaît dans un documentaire en deux parties qui sera diffusé mardi prochain sur la chaîne télévision Fox News. Il a, semble-t-il, préféré prendre les devants à ses risques et périls.

Menacé de mort par des jihadistes

L´ancien des Navy Seals, ces troupes d’élite de la Marine américaine traditionnellement soumises au secret le plus strict, a affirmé publiquement qu’il était celui qui avait tué Oussama Ben Laden, s’attirant immédiatement des menaces de mort de jihadistes et les critiques du Pentagone.

Robert O’Neill, 38 ans, a affirmé au Washington Post qu’il avait tué, d’une balle en pleine tête, le chef d’Al-Qaïda le 2 mai 2011 lors d’un raid héliporté à Abbottabad, au Pakistan.

Des jihadistes ont aussitôt lancé des menaces de mort contre lui, a révélé SITE qui surveille les sites jihadistes.

Des photos d’O’Neill accompagnées de messages en arabe et en anglais appelant des « loups solitaires » à venger la mort du chef d’Al-Qaïda, ont été diffusés sur Twitter et sur le forum des jihadistes al-Minbar, a indiqué SITE.

L’un d’entre eux écrit par exemple en arabe : « Nous enverrons aux loups solitaires en Amérique la photo de ce Robert O’Neill qui a tué Cheikh Oussama ben Laden »20141107072657679_0.

L’ancien soldat d’élite a expliqué au quotidien avoir décidé de donner son nom après une fuite orchestrée par SOFREP, un site internet d’anciens Seals.

Cette fuite était elle-même une réponse destinée à couper l’herbe sous le pied de Fox News qui diffusera les 11 et 12 novembre un documentaire intitulé « The Man who Killed Usama ben Laden » (« L’homme qui a tué Oussama ben Laden ») dans lequel il se dévoile.

– ‘Déçu’ –

Les Navy Seals sont normalement tenus de conserver le secret le plus strict sur leurs missions.

Vendredi matin, le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, s’est dit « déçu » que l’ancien soldat ait décidé de sortir de l’ombre. « Il y a un code dans cette communauté qui interdit de parler. Et il est inconvenant de tirer des profits financiers en se servant des opérations auxquelles vous avez participé », a-t-il déclaré à CNN.

En début de semaine, le chef des Navy Seals, le contre-amiral Brian Losey, a adressé un sévère avertissement à ceux qui violent la tradition du secret de cette force.

« Une disposition essentielle de notre Code de conduite est +Je ne rends pas publique la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions+ », ont déclaré dans une lettre le contre-amiral Losey.

En racontant le raid au Washington Post, O’Neill a indiqué que deux autres soldats avaient tiré des coups de feu.

Il se trouvait en deuxième position à la tête du commando lors de l’assaut contre la chambre de Ben Laden, a-t-il dit. Le chef d’Al-Qaïda est brièvement apparu à la porte mais le soldat en tête a apparemment manqué son tir.

« Je suis passé devant lui pour entrer dans la chambre, juste à l’embrasure de la porte », dit M. O’Neill, « Ben Laden était là debout. Il avait ses mains sur les épaules d’une femme et la poussait devant », dit-il.

L’ex-soldat a précisé qu’il pouvait clairement identifier le leader terroriste avec ses lunettes de vision nocturne, malgré l’obscurité, et a tiré.

– ‘Réconfort’ –

Selon le quotidien, deux membres du commando ont confirmé l’identité de l’ex-soldat.

O’Neill s’est décidé à sortir de l’ombre par crainte de fuites et après avoir rencontré des victimes des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York. « Les familles m’ont dit que (la mort de Ben Laden) leur avait apporté un peu de réconfort », dit-il.

000_Del475050_0Un autre membre de l’unité qui a effectué le raid sur Abbottabad, Matt Bissonnette, s’est attiré des ennuis en publiant en 2012 des mémoires sans les avoir préalablement soumis à l’approbation du Pentagone.

Dans une interview diffusée jeudi par la chaîne NBC, il apparaît en désaccord avec la version de O’Neill. « Deux personnes différentes racontent deux histoires différentes pour deux raisons différentes », a lancé Matt Bissonnette, qui avait écrit son livre « No Easy Day » sous le pseudonyme Mark Owen.

Au moment du raid du commando, O’Neill avait déjà 15 ans d’expérience avec les Seals, où il opérait dans la désormais célèbre unité Six.

En 2009, il faisait aussi partie du commando qui a libéré un capitaine de cargo américain pris en otage par des pirates somaliens sur un canot de sauvetage.

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