Vatican/Synode sur la famille : pas d’accord sur les divorcés et les homosexuels

Vatican/Synode sur la famille : pas d’accord sur les divorcés et les homosexuels

pape-vaticanLe synode sur la famille, convoqué par le pape François depuis presque deux semaines, a rendu samedi son rapport final, intitulé «relatio synodi». Loin de la première synthèse des débats publiée lundi, qui prônait la «misérocorde», le texte prend en compte les réticences des évêques les plus conservateurs et n’intègre finalement aucun accord sur les cas des divorcés et des homosexuels.

«Ce texte est nettement plus réservé», a admis le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne.

Une ligne réaliste largement suivie

François avait convoqué dès 2013 ce synode dit «extraordinaire» »(réunissant les présidents de conférences épiscopales) pour sonder les évêques sur les réponses à apporter aux défis de la famille, sans rompre avec l’indissolubilité du mariage. L’approbation du document final montre que la ligne réaliste du pape est assez largement suivie. Elle lui a permis, paragraphe par paragraphe, de voir la force des camps en présence, partisans et adversaires de ses réformes.

Ce synode agité, le premier convoqué par François, est la première phase d’un long processus de consultations. Un deuxième synode «ordinaire», chargé d’élaborer des propositions, est prévu pour octobre 2015. Ses conclusions seront remises au pape, qui aura le dernier mot. Certains cardinaux craignent que l’édifice de l’Eglise ne s’écroule tout entier en cas d’ouvertures majeures sur le divorce, l’union libre ou l’homosexualité. Les évêques du Sud se plaignent notammen que certaines ONG, l’Union européenne ou l’ONU soumettent certaines aides  l’acceptation de programmes contraires à leur conception des moeurs et de la vie, comme la contraception et l’homosexualité.

 Le terme de «mariage» réservé à l’union homme-femme

Le rapport fait un inventaire des problèmes très divers de la famille catholique sur les cinq continents, tels que l’accueil dans l’Eglise des personnes en union libre, homosexuelles et divorcées, dans le cadre du processus d’ouverture voulu par François. En septembre 2013, le pape François avait expliqué qu’il n’était «personne pour juger» une personne homosexuelle.

Les 183 pères synodaux ont participé au vote final sur chacun des 62 paragraphes. Pour être approuvés, chacun devait être voté aux deux-tiers. Trois paragraphes n’ont pas obtenu cette majorité qualifiée. Deux concernent certains aspects du texte initial sur l’accès aux sacrements des divorcés remariés (104 et 112 pour, 74 et 64 contre) et le troisième sur l’accueil des homosexuels (118 pour, 62 contre). «Sur ces points, on ne peut considérer qu’il y a un consensus du synode. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont complètement rejetés», ont expliqué ensuite plusieurs porte-paroles.

Les paragraphes en question n’ont d’ailleurs pas été retirés du texte final. Celui-ci avait été qualifié de «séisme pastoral» par le vaticaniste américain John Tavis. Il ne proposait toutefois pas de modifier la doctrine condamnant l’acte homosexuel. Et les évêques restent également unanimes pour réserver le terme de «mariage» à l’union homme-femme. De même sur l’homoparentalité, l’Eglise indique que «les droits des petits doivent être toujours au premier rang».

Des tensions après la publication du premier texte

Dans le premier document de lundi, la reconnaissance d’«aspects positifs» dans les unions stables hors mariage et chez les homosexuels, avait suscité une avalanche de réactions inquiètes de prélats, des Etats-Unis à l’Afrique. Tous dénonçaient le fait que ces thèmes aient été mis en avant alors qu’ils avaient été peu abordés. Ils n’ont pas été repris sous cette forme dans le texte final.

La médiatisation du synode a été aussi jugée responsable des tensions. «Ce qui a été publié par les médias sur les unions homosexuelles, est une tentative pour pousser l’Eglise à changer sa doctrine», a ainsi jugé le cardinal guinéen Robert Sarah. L’archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard avait de son côté déploré «l’incident» qu’a représenté, selon lui, la décision de rendre public lundi ce texte provisoire. «On a dû alors se focaliser sur les questions qui intéressent la presse au lieu de travailler sur celles qui intéressent les familles», avait-il dit à Radio Vatican.

LeParisien.fr