Sud-Kivu: au moins 50 morts dans l’éboulement d’une mine d’or à Kamituga

Sud-Kivu: au moins 50 morts dans l’éboulement d’une mine d’or à Kamituga

Au moins cinquante personnes sont mortes vendredi 11 septembre dans l’éboulement d’une mine d’or artisanale de Kamituga, à environ 160 kilomètres au sud-ouest de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. Le drame est survenu à la suite de pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région, selon le maire de la ville de Kamituga, Alexandre Bundya Mpila.

L’accident s’est produit aux environs de 16h, heure locale, lorsque les eaux de pluie ont fait déborder une rivière proche d’une mine d’or, selon le maire de Kamituga. Ces eaux se sont alors engouffrées dans les puits d’extraction de cette mine, avant de gagner les galeries où elles ont surpris des dizaines de mineurs artisanaux, connus sous le nom de « creuseurs », qui s’y trouvaient, en majorité des jeunes.

A Bukavu, les autorités provinciales ont d’abord parlé d’un « effondrement » à l’origine de l’accident avant que le maire précise.

« Ce n’est pas un effondrement », le problème, ce sont les eaux, a corrigé le maire. « Hier (vendredi) nous avons connu des pluies diluviennes. Les creuseurs sont morts noyés », a indiqué Alexandre Bundya Mpila. Le gouverneur de la province du Sud-Kivu ainsi que la société civile ont estimé qu’il y avait, à ce moment-là, une cinquantaine de mineurs à l’intérieur de la mine.

C’est à cause de ces pluies que l’accident a eu lieu », les eaux se déversant dans le puits minier, selon lui. « L’eau est allée vers les trois tunnels. Lorsque les gens ont voulu sortir, il n’y avait plus moyen car l’eau coulait en abondance, avec une grosse pression », a confirmé un journaliste sur place, Jean Nondo.

Le maire de Kamituga, qui était sur place ce samedi 12 septembre, parle, lui, d’une vingtaine de victimes possibles: « On commence à extraire l’eau afin d’essayer et réussir à extraire les corps, explique-t-il. Il y a une estimation d’une vingtaine de personnes qui sont mortes. J’ai vu toutes ces familles qui pleurent leurs frères ».

Le maire affirme avoir identifié « 19 familles qui sont en train de réclamer leur frère ». Il a encouragé les habitants à participer aux secours pour « extraire les cadavres » et décrété deux jours de deuil samedi et dimanche. Des centaines de personnes se sont rassemblées toute la journée sur les lieux de l’accident à flanc de colline autour du carré minier dit « D3 ». Parmi elles, des hommes portant des bottes en plastique ont tenté de déblayer l’entrée d’un tunnel, à la main ou avec une pelle.

Des équipes de secours, constituées d’autres mineurs équipés de motopompes pour tenter d’extraire l’eau de cette mine, sont à l’œuvre, depuis vendredi soir, même si les conditions dans lesquelles ils opèrent sont très difficiles. « Nous espérons arriver au fond de la mine dès ce soir », a expliqué, ce samedi, Bundya Mpila.

« Scandale géologique » 

Connus sous le nom de « creuseurs », les mineurs artisanaux tentent de gagner leur vie en revendant à des comptoirs commerciaux les minerais qu’ils parviennent à extraire dans des conditions difficiles.

Les accidents sont nombreux. En juin 2019, au moins 39 « creuseurs » artisanaux étaient morts dans l’effondrement partiel d’une mine de cuivre près de Kolwezi, dans la région du Katanga (Sud-Est). Les victimes étaient des « mineurs artisanaux illégaux » présents sur une concession industrielle de Glencore, avait indiqué le géant des matières premières basé en Suisse.

Le sous-sol congolais est très riche en minerai: or, cobalt, cuivre, coltan. A côté des industriels, les « creuseurs » représentaient à titre d’exemple 14 à 16% de l’extraction du cobalt en 2017 au Katanga, premier producteur mondial, d’après une estimation du cabinet spécialisé Darton, basé à Londres.

La RDC fait figure de « scandale géologique » car les richesses de son sous-sol ne profitent guère aux plus de 80 millions d’habitants du plus grand pays d’Afrique subsaharienne: « En 2018, 72% de la population vivait avec moins de 1,9 dollar par jour », d’après la Banque mondiale.

La plupart des Congolais gagnent leur vie dans des secteurs économiques informels, comme justement l’exploitation minière artisanale. Cette activité est en théorie prévue et encadrée par le Code minier révisé en 2018.

« Les enquêtes doivent être menées pour élucider les causes de cette catastrophe », a déclaré un représentant de la société civile à Bukavu, Nicolas Kyalangalilwa. « Les autorités doivent prendre leur responsabilité au lieu de taxer les creuseurs artisanaux ».

(Bakolokongo)