Les familles de Chebeya, Bazana et 117 organisations de défense des droits de l’homme réclament l’arrestation du général John Numbi

Les familles de Chebeya, Bazana et 117 organisations de défense des droits de l’homme réclament l’arrestation du général John Numbi

Les réactions se multiplient après l’enquête de RFI sur l’assassinat des militants des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en 2010. Deux policiers ont témoigné à visage découvert et ont avoué y avoir eux-mêmes participé. Les familles, elles, demandent la réouverture du procès et que les responsabilités soient établies au plus haut niveau. Elles demandent notamment l’arrestation du général John Numbi avec qui Floribert Chebeya avait rendez-vous le jour de son assassinat.  Plus d’une centaine d’organisations congolaises de défense des droits humains et des mouvements citoyens ont réclamé aussi mercredi l’arrestation immédiate d’un général proche de l’ancien président Joseph Kabila Kabange à la suite de nouvelles révélations sur cet assassinat en juin 2010.

Le général John Numbi n’était pas présent à l’Inspection générale de la police au moment du double assassinat, et les deux nouveaux témoins cités par RFI ne lui ont jamais directement parlé, mais ils ont vu le chef de l’opération, le major Christian Ngoy Kenga Kenga se rendre chez le général et revenir plus tard en donnant des ordres en son nom. Après le meurtre, Hergil Ilunga et Alain Kayeye disent également avoir été cachés dans les maisons de John Numbi, à Kinshasa et à Lubumbashi.

Au grand dam des avocats des parties civiles, l’ancien patron de l’Inspection générale de la police avait été appelé comme simple renseignant au cours du procès. Ce qui, pour l’un de ses proches, prouve que malgré une longue procédure judiciaire sa responsabilité n’avait jamais pu être établie. En 2016, John Numbi avait pourtant été placé sous sanctions des États-Unis et de l’Union européenne, pour cette affaire, indiquent des sources diplomatiques.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les chancelleries et notamment les États-Unis appelaient à ce qu’il soit démis de ses fonctions d’Inspecteur général de l’armée, le dernier poste qu’il a occupé. Cela a finalement été fait en juillet 2020. John Numbi va-t-il maintenant être poursuivi comme le demandent les familles des deux défenseurs des droits de l’homme ? « L’appel a été entendu », explique un proche du président Tshisekedi. « Mais on lui demande d’agir, pas de parler », ajoute-t-il.

Un crime d’État ciblé et planifié

Les ONGs formulent également trois autres revendications. Primo, la réouverture rapide du procès de l’assassinat de Chebeya afin de lutter contre l’impunité des auteurs des crimes contre les défenseurs des droits humains et les activistes pro-démocratie. Secundo, la protection et la sécurisation des témoins oculaires et leurs familles pour toutes fins utiles. Enfin tertio, la sécurisation pour des raisons d’enquêtes de la concession du général John Numbi et surtout celle du général Zelwa Katanga située à Mitendi, dans la commune de Mont Ngafula où le corps de Fidèle Bazana aurait été enterré. Toutes ces demandes sont adressées aux autorités politiques et judiciaires congolaises ainsi qu’au Bureau conjoint des Nations-Unies pour les droits de l’homme.

Cette panoplie de requêtes part des témoignages de deux policiers sur RFI. Pour cet ensemble d’ONGs, ces témoignages prouvent à la face du monde que l’assassinat de deux activistes précités est bel et bien un crime d’État ciblé et planifié qui ne doit jamais demeurer impuni.

Les 117 organisations regrettent que cela fera bientôt 11 ans qu’ils sont dans l’attente de la vraie justice. Par la même occasion, elles dénoncent la passivité et la non implication effective de l’État congolais en vue du rétablissement de la vérité pour que les responsables impliqués dans cet assassinat répondent de leurs actes.

À en croire, ce consortium d’ONGs, Floribert Chebeya a été assassiné dans la nuit du 1er au 2 juin 2010 dans les installations de l’Inspection générale de la Police et que le général John Numbi est le suspect numéro un dans cette affaire.

Sollicité par RFI, le général John Numbi ne s’est pas encore exprimé sur les allégations dont il fait l’objet.

(Bakolokongo avec Agences)