L’ambassadrice américaine Nikki Haley est arrivé en RDC, Joseph Kabila fait ses valises

L’ambassadrice américaine Nikki Haley est arrivé en RDC, Joseph Kabila fait ses valises

Après l’Ethiopie et le Soudan du Sud, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, est arrivée en à Kinshasa, République démocratique du Congo pour une visite de 48 h et y séjournera jusqu’à vendredi, dernière étape de sa visite africaine démarrée en début de semaine. Nikki Haley est ainsi arrivée en avion militaire à Kinshasa avec une trentaine d’accompagnateurs. Une visite qui rappelle celle, en 1997, de Bill Richardson, médiateur de Bill Clinton, venu réclamer la tête de Mobutu. Cette visite d’un haut responsable de l’administration Trump est un message fort envoyé aux autorités congolaises.

Des sources onusiennes ont indiqué à l’AFP que Mme Haley est arrivée à Goma à bord d’un avion militaire avant de prendre un hélicoptère de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) pour Kitchanga, localité située à environ 80 km au nord-ouest de Goma, capitale du Nord-Kivu. Après l’étape du Nord-Kivu, Mme Haley retournera à Kinshasa où elle rencontrera le président Kabila, les responsables de la Commission électorale, de l’épiscopat congolais et de l’opposition.

Des dizaines d’opposants au président Joseph Kabila manifestaient devant le quartier général de la Monusco à Goma, a constaté un journaliste de l’AFP.

« 17 ans de Kabila, 17 ans de misère et de chômage! Trop c’est trop! », pouvait-on lire sur des banderoles. D’autres appelaient à la « Justice pour Zaida Catalan et Michael Sharp », deux experts onusiens, une Suédo-Chilienne et un Américain, tués en mars au Kasaï (centre) alors qu’ils enquêtaient sur les violences et sur des fosses communes dans cette région.

Il s’agit du premier voyage en Afrique de l’ ambassadrice, qui a rang de ministre dans l’administration américaine.

La diplomatie des symboles

En diplomatie, les symboles parlent presque  autant que les mots. Nikki Haley est ainsi arrivée en avion militaire à Kinshasa avec une trentaine d’accompagnateurs. Une visite qui rappelle celle, en 1997, de Bill Richardson, médiateur de Bill Clinton, venu réclamer la tête de Mobutu, rappelle la correspondante de Rfi à New York, Marie Bourreau.

Vingt ans plus tard, Nikki Haley serait elle aussi venu dire à Joseph Kabila qu’il est temps de lâcher le pouvoir et de publier un calendrier électoral acceptable. L’annonce par la commission électorale que les scrutins ne pourraient pas se tenir avant 2019, a en effet ulcéré les autorités américaines. L’ambassadrice dispose d’ailleurs d’un formidable outil de pression : la menace de sanctions financières qui pourraient toucher des membres de la famille Kabila…

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Durant son tête à tête présidentiel, Nikki Haley devrait évoquer aussi la mort des deux experts de l’ONU, dont Michael Sharp de nationalité américaine. Washington accuse les autorités congolaises d’avoir bâclé l’enquête. Il ne faut pas se tromper: à travers Nikki Haley, étoile montante de la diplomatie américaine- au point qu’on parle d’elle comme possible remplaçante du secrétaire d’état Rex Tillerson,  c’est bien la voix de Donald Trump qui vient tancer et menacer les autorités congolaises.

Les attentes de l’opposition et la prudence des autorités

L’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies rencontre ce jeudi différentes personnalités et la classe politique congolaise est dans l’expectative. Qu’attendent les politiques congolais de cette visite ? L’opposition, notamment le Rassemblement des Forces acquises au changement attend un message clair du président Donald Trump au président Joseph Kabila. « Nous attendans de l’ambassadeur qu’elle obtienne de Jopseh Kabila le respect de la Constitution de son pays et la mise en oeuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre dans sa lettre et dans son esprit, comme l’a demandé par ailleurs la résolution 2348 du Conseil de sécurité des Nations unies, de manière à permettre aux Congolais d’élire leurs nouveaux dirigeants pour prendre en charge le destin national et promouvoir l’alternance », explique Christophe Lutundula Pene Apala, vice-président du G7, au correspondant de Rfi à Kinshasa, Kamanda Wa Kamanda.

Le porte-parole de la Majorité, Alain André Atundu joint au téléphone, adopte lui une attitude prudente. L’usage diplomatique, explique t-il à RFI, veut que nous attendions que l’éminente émissaire puisse nous livrer elle-même le contenu de son message au chef de l’Etat congolais au lieu de nous livrer à des spéculations relevant plus de l’imagination que de la réalité des choses.

Crise politique profonde

Les violences ont redoublé ces derniers mois au Soudan du Sud et en RDC, en dépit d’une forte présence des Casques bleus. La Monusco, la plus importante mission de paix de l’ONU dans le monde, compte quelque 18.000 Casques bleus.

La RDC traverse une crise politique profonde liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila dont le mandat a expiré le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter mais l’autorise à rester en fonction jusqu’à l’élection de son successeur.

Aucun calendrier électoral n’a encore été rendu public malgré de multiples pressions de la communauté internationale pour des élections « au plus tôt ».

En vertu d’un accord signé entre la majorité et l’opposition, le scrutin aurait dû se tenir avant fin 2017 mais la Commission électorale chargée de l’organiser table désormais sur 2019.

Avec Afp et Rfi