Bresil: le pape François à Rio pour les Journées mondiales de la jeunesse catholique

Ce voyage apostolique, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse, marque son premier déplacement à l’étranger. Il devrait livrer un message d’espérance et de miséricorde aux jeunes, notamment les plus éprouvés, mais aussi à l’Église catholique du Brésil, en perte de vitesse.

 francois-pape« Ah, Seigneur Dieu, vois, je ne sais pas parler?: je suis trop jeune?! » s’exclamait le prophète Jérémie. En le citant dans son message aux jeunes en vue des JMJ de Rio de Janeiro, Benoît XVI, alors encore en exercice, comprenait la tentation des 18-30 ans de se sentir désemparés face aux défis de la « nouvelle évangélisation ».

Lui-même, selon plusieurs sources, ne se sentait, à l’inverse, plus assez jeune pour conduire avec entrain, à 86 ans, un tel événement. Son successeur, le pape François, 76 ans, qui s’envole lundi matin de Rome pour Rio, devrait par son style redonner aux jeunes du cœur à l’ouvrage.

« Les JMJ seront magnifiques?! » avait prédit l’archevêque de New?York, le cardinal Timothy Dolan, dès le soir de l’élection du nouveau pape, le 13 mars 2013. « Son élection a suscité la surprise et, très rapidement, l’enthousiasme, particulièrement celui des jeunes », apprécie-t-on à la Conférence des évêques de France. De fait, la décapante simplicité, la profonde chaleur humaine et les marques d’affection, tel le pouce levé en direction des jeunes, si caractéristiques de Jorge Bergoglio, devraient trouver dans son Amérique latine d’origine un terrain encore plus fertile qu’à Rome.

«  Des expériences intenses et merveilleuses »

« Tous nous avons vu comment, lors des JMJ, les jeunes manifestent la joie de la foi », écrit-il dans son encyclique Lumen fidei publiée le 5 juillet et qu’avait commencée Benoît XVI. Ce dernier, devant le pape François venu lui rendre visite vendredi 19 juillet, « s’est rappelé les expériences intenses et merveilleuses des dernières rencontres mondiales avec les jeunes », selon un communiqué du Saint-Siège. De son côté, le pape argentin s’est rendu samedi de façon inattendue à la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure, afin de demander la protection de la Vierge pour ce voyage, et pour les jeunes.

Cependant, cette « fête de la foi » promet d’être plus qu’un long bain de foule sur la plage de Copacabana que le pape remontera jeudi 25 juillet. Ce premier voyage apostolique à l’étranger offre l’occasion au pape jésuite de mettre en pratique ses appels répétés à l’Église romaine de « sortir aux périphéries géographiques et existentielles » des hommes. à cet égard, les jeunes qu’il rencontrera sont loin d’être seulement « bien comme il faut » mais, au contraire, peuvent parfois aussi être très abîmés par la vie?: jeunes détenus, jeunes dépendant de l’alcool et de la drogue, jeunes pauvres d’une favela. Et les textes du chemin de croix de vendredi devraient évoquer ces difficultés.

« Que la clameur soit entendue ! »

Au-delà des jeunes, le message de miséricorde et d’espérance du pape est destiné au Brésil tout entier, au moment où ce pays, comme d’autres grands émergents, perd de sa superbe. L’appel de Paul VI, à la fin du concile Vatican II, aux « chers jeunes », qui vont « vivre dans le monde au moment des plus gigantesques transformations de son histoire », résonne avec acuité dans l’actuel contexte brésilien.

Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, n’a pas exclu que le pape François puisse évoquer les mouvements de protestation, qui se poursuivent depuis le mois dernier à travers le pays. Une manifestation contre les coûts liés à la visite papale est d’ailleurs prévue ce lundi, à Rio.

« Il faut que la clameur soit entendue », a déjà réagi la conférence épiscopale du Brésil, dans une note. Mais l’Église elle-même a perdu de son ascendant sur le pays. Si le Brésil reste la première nation catholique de la planète avec 123 millions de fidèles, en l’espace de dix ans l’Église y a perdu plus de 12 % de pratiquants, soit 2 millions de personnes. Les courants évangéliques, en particulier néopentecôtistes, ont, eux, grossi de 62 %, avec 42 millions d’adeptes. Un Brésilien sur trois n’est plus catholique.

« L’Eglise doit restaurer son autorité »

Il y a encore quarante ans, plus de 90 % de la population fréquentait les paroisses. « La faiblesse de l’Église catholique brésilienne, c’est qu’elle est terrorisée par la perte des fidèles, consciente que quelqu’un d’autre fait mieux qu’elle, explique Jorge Claudio Ribeiro, directeur du département de sciences de la religion à l’Université catholique de São Paulo. C’est une tendance historique impossible à contrer. Ce que l’Église peut faire, c’est restaurer son autorité, et vite. »

Une autorité qu’elle possède encore sur le terrain. « Si elle a déserté les banlieues pauvres des grands centres urbains, elle garde une forte présence sur tout le territoire national grâce à un tissu très dense de paroisses et de communautés diverses, argumente Wagner Lopes Sanchez, membre du directoire du Centre œcuménique de services à l’évangélisation et à l’éducation populaire. Sa force est de posséder un grand nombre de clercs séculiers, de religieux et de laïcs qui tiennent à bout de bras le développement sur le terrain des activités pastorales. »

Des laïcs participent aussi aux débats politiques?: récemment, le Conseil national du laïcat brésilien (CNLB) a fait part de son opposition à l’abaissement de la majorité pénale de 18 à 16 ans.

« Parler aux jeunes de ce qui les concerne »

Souvent écoutée du pouvoir politique, l’Église brésilienne est devenue « une institution moins attentive qu’auparavant aux questions sociales, critique cependant Wagner Lopes Sanchez. Elle est beaucoup plus préoccupée par des questions de survivance interne et est incapable de dialoguer avec la société. Actuellement, la grande majorité des évêques suit le modèle d’une Église qui valorise beaucoup plus le côté institutionnel que l’aspect prophétique et d’attention portée aux pauvres. » En somme, tout ce que cherche à contrer le pape François, qui prononcera, samedi 27 juillet, un discours aux évêques du Brésil.

Les JMJ apparaissent ainsi comme une chance pour l’Église de reprendre contact avec la société brésilienne. « Le catholicisme brésilien est en train de perdre les jeunes et les femmes, et ce malgré tous les discours faits en leur direction par Jean-Paul II et Benoît XVI (NDLR?: venu au Brésil en 2007), renchérit Jorge Claudio Ribeiro. Il faut des arguments plus convaincants que de traiter les jeunes comme des personnes candides, généreuses et ouvertes au futur. Pour les faire revenir dans le giron de l’Église, il faut leur parler de ce qui les concerne?; une éducation de qualité et l’entrée dans le monde du travail. Des thèmes que le catholicisme brésilien réserve depuis des siècles aux élites. »

Au Vatican, le regard porté sur la situation du Brésil est moins sévère. « Le Brésil est “le” pays catholique, avec de plus un grand dynamisme ecclésial et missionnaire dont peuvent profiter d’autres régions de l’Église », estime le P. Éric Jacquinet, responsable de la section jeunes au Conseil pontifical pour les laïcs.

Pour lui, ces JMJ donnent l’occasion au Brésil de « renouveler profondément sa pastorale des jeunes ». Avec un atout, initialement non prévu, en la personne du pape François.

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Le programme

Lundi 22 juillet

08 h 45?: départ du vol papal de Rome pour Rio de Janeiro. 16 heures (21 heures en France)?: accueil officiel à l’aéroport international de Rio de Janeiro. 17 heures?: cérémonie

de bienvenue dans le jardin du palais Guanabara de Rio. Discours du pape François. 17 h 40?: visite de courtoisie au président de la République au Palais Guanabara. Puis séjour privé dans la résidence de Sumaré à Rio de Janeiro.

Mardi 23 juillet

Journée de repos pour le pape François à la résidence de Sumaré à Rio de Janeiro. De 10 heures à 12 heures?: rencontre des Français à la cathédrale de Rio, présidée par le cardinal André Vingt-Trois,

archevêque de Paris. 18 heures?: ouverture officielle des JMJ sur la plage de Copacabana par Mgr Orani João Tempesta, archevêque de Rio.

Steve Carpentier (à São Paulo) et Sébastien Maillard (à Rome)

Le pape François au Brésil(Revue de presse des Ameriques)

A la Une de la presse : le Brésil et le premier jour du pape à Rio où il est arrivé ce lundi 22 juillet 2013 pour les Journées mondiales de la jeunesse.

pape-bresilAu cours de cette première journée, le pape a été chaleureusement accueilli dans les rues de Rio, titre O Globo. Il a ouvert les vitres de sa Jeep pour serrer des mains aux fidèles et prendre un enfant dans ses bras, rapporte le journal de Rio qui en publie la photo. Il a même fait arrêter quelques instants son véhicule pour aller au contact de la foule, et s’est adressée à elle en portugais, renchérit Folha de Sao Paolo. Le Brésil acclame le pape argentin, écrit Pagina 12, un titre largement repris par la presse argentine. Sur son compte Twitter, le pape écrit qu’il a été magnifiquement accueilli en terre « carioca », à Rio de Janeiro.

O Globo et Folha de Sao Paolo consacrent chacun un dossier spécial aux JMJ , et d’ailleurs vous pouvez aussi tester l’état de vos connaissances sur le pape François en répondant au Quizz, un questionnaire en ligne.

Les Brésiliens attendaient beaucoup des premières paroles du pape, notamment sur la situation sociale et la vague de contestation qui a secoué le pays

bresil-papeMais le pape François a soigneusement évité toute référence aux récentes manifestations qui ont secoué le Brésil. « Le discours morne de François frustre les manifestants », écrit d’ailleurs O Globo. Dans sa première allocution en terre brésilienne, il a frustré les attentes de ceux qui espéraient un message sur la période de contestation que traverse le pays, poursuit le journal. Il s’est limité à parler des objectifs évangélisateurs de sa visite en ponctuant son discours de quelques inquiétudes sur les jeunes dans un monde en profonde crise économique. Mais rien sur l’effervescence qui a secoué les rues du Brésil, fait remarquer O Globo.

Après son bain de foule, le premier pape latino-américain a rencontré les autorités brésiliennes
 
François a été reçu par la présidente Dilma Roussef, le gouverneur de Rio Sergio Cabral ou encore le maire Eduardo Paes. Contrairement au pape, la présidente brésilienne a fait un lien dans son discours entre les JMJ et les désirs de changements exprimés par les jeunes ces dernières semaines, qui ont d’ailleurs ébranlé la popularité de son gouvernement.  « Nous luttons contre un ennemi commun : les inégalités sociales, c’est un honneur de recevoir le premier pape latino-américain », a déclaré Dilma Roussef, des propos cités par Clarin.Le journal argentin fait aussi remarquer que les habitants des quartiers pauvres comme la grande favela de la Rocinha attendent que le Pape s’exprime sur le site du journal.
Après la réception du pape, des heurts se sont produits entre manifestants et forces de l’ordre à proximité du palais du gouvernement de l’Etat de Rio. Les forces de l’ordre sont d’ailleurs sur les dents pour assurer la sécurité du souverain pontife, qui a refusé la papamobile fermée.

Relance diplomatique entre le Venezuela et la Colombie

« De la fumée blanche en Amazonas », titre le journal vénézuélien Ultimas Noticias une référence papale à la rencontre officielle entre les présidents colombien Juan Manuel Santos et vénézuélien Nicolas Maduro à Puerto Ayacucho, la capitale de l’Etat d’Amazonas au Venezuela. Cette réunion marque la relance des relations bilatérales mises à mal après la visite en Colombie fin mai 2013 du chef de l’opposition vénézuélienne Henrique Capriles, qui conteste toujours les résultats de l’élection présidentielle du 14 avril dernier. A l’époque, Maduro avait même déclaré que Santos lui avait planté un couteau dans le dos et l’avait accusé de « trahison ». La Voz du Venezuela rappelle que les deux pays avaient rompu leurs relations après trois années de friction entre les anciens présidents Hugo Chavez et Alvaro Uribe, qui accusait son voisin d’abriter des membres de la guerrilla des FARC. Des relations rétablies lors de l’élection de Juan Manuel Santos en 2010, mais les relations commerciales ont été durement affectées : « de 7 milliards de dollars en 2008, les échanges commerciaux ont chuté à un peu plus de 2 milliards » l’an dernier, fait remarquer le quotidien.

Le discours entre les deux président a changé de ton

Même si la rencontre a été difficile à mettre en place, précise El Tiempo, car le président vénézuélien exigeait un certain nombre de garanties, il a fallu la médiation du président équatorien Rafael Correa et de l’ancien président brésilien Lula da Silva. Enfin sur place, Juan Manuel Santos a déclaré que le Venezuela était considéré par la Colombie comme une aide positive pour mettre fin au conflit, souligne El Tiempo. Car le rôle du Venezuela, grâce à l’amitié étroite entre l’ancien président Hugo Chavez et le gouvernement cubain, a été crucial pour lancer les pourparlers de paix avec la guérilla des FARC. Tous deux en tenue décontractée, chemise blanche et sans cravate, Santos et Maduro ont scellé plusieurs accords portant sur la sécurité, l’énergie et le commerce. Mais aussi sur la lutte contre le trafic de drogue, les groupes armés et les mineurs illégaux, précise El Tiempo. Santos en a profité pour promettre plus d’investissements dans cette partie reculée du territoire colombien à la frontière du Venezuela : 1 800 soldats de l’infanterie de marine seront déployés dans cette région propice à la contrebande, où les quelque 60 municipalités sont confrontées aux violences de la guérilla et des bandes criminelles.

Une poignée de mains en guise de première étape dans la réconciliation

La photo des deux présidents se serrant la main et se regardant dans les yeux en souriant ne fait « qu’annoncer un long processus de reconstruction des relations entre la Colombie et le Venezuela », tempère Semana.com.
Santos et Maduro ont misé sur la raison. « Il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas d’accord », a reconnu Juan Manuel Santos, cité dans El Tiempo. « Nous avons des visions différentes sur de nombreux sujets, mais nous avons l’immense obligation de travailler ensemble et c’est ce que nous allons faire », a-t-il conclu.

Direction les Etats-Unis où une enquête d’opinion fait apparaître une grande différence entre Noirs et Blancs sur le verdict lors du procès contre George Zimmerman

La décision du jury de déclarer George Zimmerman non coupable après la mort du jeune Trayvon Martin continue de semer le trouble dans le pays, avec des manifestations et des débats sur le rôle qu’a joué la question raciale dans l’homicide et dans le procès, fait remarquer le Washington Post. Le quotidien publie avec ABC News une nouvelle enquête qui fait apparaître que 86% des Afro-Américains interrogés ne sont pas d’accord avec le verdict, alors que 51% des Blancs l’approuvent, avec tout de même une différence selon leur appartenance politique : 70% d’entre eux sont républicains et 30% démocrates. Les Afro-Américains sont 86% à estimer que les Noirs et autres minorités ne bénéficient pas de traitement équitable devant la loi, contre 41% pour les Blancs. Enfin une donnée intéressante : 60% des Hispaniques (communauté dont est issu George Zimmerman) pensent que les Noirs et autres minorités ne sont pas égaux face au système judiciaire américain, et la moitié n’approuve pas le verdict.

Par La Croix et RFI