Algérie : l’attaquant camerounais Ebossé tué par un projectile sur le terrain

Algérie : l’attaquant camerounais Ebossé tué par un projectile sur le terrain

Albert Ebossé-0L’attaquant camerounais de la JS Kabylie, Albert Ebossé, est décédé, samedi soir, après avoir été atteint par un projectile lancé des tribunes, à l’issue de la défaite à domicile de son équipe face à l’USM Alger (2-1).

L’attaquant de la JS Kabylie, Albert Ebossé, a succombé à ses blessures, dans la soirée du samedi 23 août, à l’hôpital de Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger. Il avait été admis après avoir été touché par un projectile, à l’issue de la défaite à domicile de son équipe face à l’USM Alger (2-1).

Le joueur camerounais de 24 ans avait marqué l’unique but de son équipe, dont la défaite à domicile a provoqué la colère de ses supporters. Ces derniers ont commencé à jeter des projectiles depuis les tribunes du stade de Tizi Ouzou, alors que les joueurs regagnaient les vestiaires.

Albert Ebossé a rejoint la JS Kabylie en 2013, atteignant la finale la coupe d’Algérie 2014, avant de terminer vice-champion d’Algérie. Avec ses 17 réalisations il remporte le titre de meilleur buteur du championnat 2013-2014.

Le ministère de l’Intérieur algérien a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ce décès, a indiqué le président de la Ligue de football professionnel Mahfoud Kerbadj.

Le football algérien rattrapé par ses vieux démons

Le décès de l’attaquant camerounais de la JS Kabylie, Albert Ebossé, tué par un projectile lancé des tribunes, jette une nouvelle ombre sur le football algérien, que la belle campagne des Fennecs lors du Mondial-2014 n’aura pas suffi à masquer.

Deux mois à peine après l’esprit de communion né de la belle campagne brésilienne des Fennecs au Mondial-2014, le football algérien est rattrapé par ses vieux démons. L’attaquant de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), Albert Ebossé, est décédé dans la soirée du samedi 23 août à l’hôpital de Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger, après avoir été touché par un projectile, à l’issue de la défaite à domicile de son équipe face à l’USM Alger (2-1).

Le joueur camerounais de 24 ans avait marqué l’unique but de son équipe, dont la défaite à domicile a provoqué la colère de ses supporters. Ces derniers ont commencé à jeter des projectiles depuis les tribunes du stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, alors que les joueurs regagnaient les vestiaires.

« Un Tarzan, un gars généreux, volontaire, athlétique »

Peu après l’annonce de la mort de l’attaquant, le technicien français Rolland Courbis, qui entraîna l’USM Alger lors de la saison 2012-2013, a tenu à rendre hommage à celui qui, avec 17 réalisations, fut sacré meilleur buteur du championnat 2013-2014. « Je le connais très bien. C’est un super mec, adorable. C’est un amour de mec, un joueur costaud comme pas possible. C’est un Tarzan, un gars généreux, volontaire, athlétique », a salué l’actuel entraîneur de Montpellier sur les ondes de RMC Sport.

En Algérie, l’émotion suscitée par cette tragédie s’est rapidement muée en colère. Dans une longue tribune publiée par le Huffington Post, le journaliste Ihsane el-Kadi qualifie la mort du Camerounais de « catastrophe infamante pour l’Algérie ». « Tous les week-ends, écrit-il, des joueurs, des arbitres, des dirigeants, des supporteurs en déplacement risquent leur vie dans des stades coupe-gorges, devant des services de sécurité complaisants, dans des compétitions ‘professionnelles’ socialement précarisantes pour la majorité des joueurs, et avec le plus souvent la complicité de médias spécialisés. »

« Image désastreuse »

Régulièrement, le championnat algérien est entaché par des actes de violence commis par des supporters. Caillassages, terrains envahis, affrontements avec les forces de l’ordre rythment les rencontres disputées chaque semaine dans des stades peu adaptés à l’accueil de milliers de spectateurs.

Scènes de violence dans le stade de Saïda, en avril 2012

En avril 2012, à Saïda, des supporters du club local avaient agressé les footballeurs et les dirigeants de l’USM Alger ainsi que les policiers en intervention, avant de s’en prendre à du mobilier urbain et des entreprises privées. Plus tard cette même année, 45 personnes, dont 32 policiers, avaient été blessées après que des supporters eurent envahi la pelouse du stade de Meridja, où l’équipe hôte, la JS Saoura, affrontait l’USM El Harrach.

« L’image du championnat d’Algérie de football était désastreuse avant cette tragédie du 23 août. Aujourd’hui, elle déteint – en mode chaotique – sur l’image de l’Algérie et des Algériens dans le monde. À contre-emploi des effets du Mondial-2014. La réalité locale démonte le stand en paillette de l’[équipe nationale] à l’international », déplore Ihsane el-Kadi.

Vers une suspension du championnat ?

Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, a convoqué une réunion extraordinaire du conseil d’administration lundi 25 août. Et a d’ores et déjà prononcé la fermeture, « jusqu’à nouvel ordre », du stade Tizi Ouzou. De son côté, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire.

Pour sa part, Issa Hayatou, le président de la Confédération africaine de football (CAF), a déclaré espérer que « des sanctions exemplaires seront prises contre cet acte grave de violence ».

« La violence n’a pas de place dans le football africain, en particulier, et dans le sport en général. Le football africain ne peut pas devenir le terrain du hooliganisme », écrit-il dans un communiqué.

En attendant des sanctions, plusieurs observateurs et acteurs du football algérien réclament, à l’instar d’Azzedine Aït Djoudi, ancien entraîneur de la JSK, la suspension du championnat, ainsi que le retrait de la candidature d’Alger à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017, que la Libye, pays hôte d’origine, a annoncé ne pouvoir assumer. « C’est la première punition que le pays devrait s’auto-administrer pour se montrer à lui-même et au monde qu’il a compris. Qu’il a pris toute la mesure du chemin qu’il lui reste à parcourir pour revenir dans la lumière », conclut Ihsane el-Kadi.

France24 avec Afp