Vol AH5017 d’Air Algérie: l’hypothèse d’un tir de missile sol-air « quasiment impossible »

Vol AH5017 d’Air Algérie: l’hypothèse d’un tir de missile sol-air « quasiment impossible »

air algerie2Selon les experts, l’avion d’Air Algérie porté disparu jeudi alors qu’il survolait le Nord-Mali n’a pas pu être abattu par un missile tiré du sol. Les combattants islamistes de la région ne disposent pas de matériels suffisamment performants.

La disparition, jeudi 24 juillet, de l’avion du vol AH5017 d’Air Algérie au-dessus du Nord-Mali, où une intervention militaire internationale est toujours en cours, pose de nombreuses questions. Bien que les causes n’aient pas encore été déterminées, le drame du vol MH 17, vraisemblablement abattu il y a une semaine par un missile dans l’est de l’Ukraine, laissait craindre un scénario similaire.

Selon Pierre Duval, membre de la commission sécurité à l’Aéroclub de France, il est toutefois peu probable que l’avion, transportant 54 Français à son bord, ait été touché par un missile. « Autant la zone ukrainienne disposait de moyens technologiques pour abattre un avion, c’est en revanche quasiment impossible dans la région du nord du Mali. Il n’y a pas dans cette région un quelconque matériel qui pourrait abattre un avion à cette altitude », a-t-il déclaré sur l’antenne de France 24.

« Si les terroristes avaient ce matériel, ils l’auraient utilisé depuis longtemps »

Un avis que partage Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions militaires. « On est dans une zone sensible, mais, honnêtement, je pense qu’il ne faut pas comparer avec ce qui se passe en Ukraine, il n’y a pas [au Nord-Mali] de moyens anti-aériens capables d’atteindre un avion de ligne, a-t-il assuré sur les ondes de France Info. Depuis le début de l’opération militaire [au Nord-Mali], il y a un an et demi, aucun avion militaire n’a été menacé par des tirs de missile venant du sol ou d’hélicoptères volant à basse altitude. S’il y avait des terroristes au sol équipés de matériel capable d’abattre des avions, ils l’auraient utilisé depuis longtemps, et en particulier contre des avions français. »

Interrogée par l’agence Associated Press (AP), une responsable française précisait, sous couvert d’anonymat, que les combattants islamistes étaient en effet principalement en possession d’armes tirées à l’épaule, comme des lance-roquettes, qui ne suffisent pas à atteindre un avion de ligne volant à une altitude de croisière.

Peu de chance également que l’avion d’Air Algérie ait été abattus par un avion de chasse. « Ces types d’appareils qui se baladent dans le coin sont plutôt français et algériens », observe Pierre Duval.

 

 

Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, l’avion du vol AH5017 s’est « probablement écrasé, mais n’a pas été retrouvé ». Aussi pour Pierre Duval, « tant qu’on n’a rien trouvé au sol, on ne peut pas encore totalement affirmer qu’il s’agit d’un crash. »

Selon le membre d’Aéroclub, « les causes potentielles de sa disparition sont encore extrêmement nombreuses […] On peut penser malheureusement à une bombe à bord comme cela s’est passé au-dessus du Niger avec le vol UTA [en 1989, un attentat commis contre le DC-10 d’UTA coûta la vie aux 170 passagers]. Il reste également l’idée d’un détournement. »

La seconde boîte noire a été retrouvée

Dernière modification : 26/07/2014
Des experts des Nations unies ont annoncé samedi que la seconde boîte noire du vol AH5017 d’Air Algérie, qui s’est écrasé jeudi matin dans le nord du Mali, avait été retrouvée. La première boîte noire avait été récupérée vendredi.

Des experts de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), déployés dans la zone où l’avion d’Air Algérie s’est écrasé jeudi matin, ont annoncé avoir retrouvé la deuxième boîte noire de l’appareil. Les membres de la Minusma avaient été envoyés dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao (nord du Mali), a affirmé Radhia Achouri, la porte-parole, jointe depuis Dakar.

« C’est un développement positif, qui va aider énormément » les enquêtes sur le crash, a-t-elle encore estimé. La seconde boîte noire devrait être acheminée vers Gao, où est basé « le centre de gestion tactique des opérations » lié à l’accident. Un centre « tripartite » associant la France à travers son opération militaire dans le pays, le Mali et la Minusma.

La première boîte noire avait été récupérée vendredi et, elle aussi, acheminée vers Gao par des militaires français. Le vol AH5017 assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger avec 118 passagers et membres d’équipage, dont 54 passagers français. Il n’y a aucun survivant. Les premiers éléments recueillis par les enquêteurs et les experts présents sur place semblent indiquer que l’avion s’est désintégré en heurtant le sol, ce qui tend à écarter l’hypothèse d’un attentat.

Le site où l’avion s’est écrasé, dans le nord du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, a été sécurisé par des soldats français de la force Barkhane, des soldats maliens et des casques bleus néerlandais de la Minusma.

Les boîtes noires, qui enregistrent toutes les données d’un vol, y compris les conversations dans le cockpit, révèlent des informations cruciales et des axes d’enquêtes pour déterminer les causes d’un accident aérien.

FRANCE 24 avec AFP