RDC: mystérieuse révocation du patron de la Gécamines

RDC: mystérieuse révocation du patron de la Gécamines

ahmed-kalej-nkandAhmed Kalej Nkand, administrateur délégué général de la Gécamines, a été révoqué de ses fonctions par décret présidentiel. Ultime règlement de compte du « clan des Katangais » ?
Figure emblématique de l’industrie congolaise, la Gécamines perd son administrateur délégué général (ADG). Ce sont sur les antennes de la télévision nationale (RTNC) que la révocation du patron de la Gécamines a été annoncée samedi 26 juillet 2014 dans la soirée. Ahmed Kalej Nkand a été révoqué par décret du président Joseph Kabila pour « manquement grave dans l’exercice de ses fonctions ». Ce coup de balai présidentiel à la tête de la Gécamines intervient alors que le géant minier, fleuron de l’économie congolaise et « coffre-fort » du régime Kabila, tente de renaître de ses cendres après plusieurs décennies de mauvaise gestion.

Au chevet de la Gécamines

En 2010, le président Joseph Kabila avait décidé de remettre de l’ordre aux commandes de la Gécamines, le « géant du cuivre », installé au coeur de la riche province minière du Katanga. Le 20 novembre 2010, le président congolais installe alors Albert Yuma Mulimbi comme président du conseil d’administration de l’entreprise minière. Proche du chef de l’Etat et de Jean-Claude Masangu, l’ex-directeur de la banque centrale du Congo, Albert Yuma lance en 2011 « un plan de redressement stratégique » de la Gécamines avec pour objectif de produire 160.000 tonne de cuivre, fin 2016.

Un proche de Katumba Mwanke

Dans le sillage de Yuma, apparaît alors Ahmed Kalej Nkand, comme administrateur directeur général de l’entreprise étatique. Ce Katangais a été nommé par Augustin Katumba Mwanke, l’éminence grise de Joseph Kabila, décédé dans un accident d’avion en 2012. D’abord directeur de cabinet de Katumba Mwanke au début des années 2000, il est ensuite nommé directeur de la trésorerie de la banque centrale du Congo. On prête à Ahmed Kalej Nkand une certaine proximité avec l’agence nationale de renseignements congolais (ANR) et le désir de briguer le très envié poste de gouverneur du Katanga, où brille actuellement le médiatique Moïse Katumbi Chapwe. La disparition de Katumba Mwanke avait fragilisé le poids d’Ahmed Kalej au sein de la stratégique Gécamines.

« Un manque de transparence et d’équité »

L’éviction surprise de l’ADG de la Gécamines ressemble à un énième règlement de compte du « clan des Katangais », ces proches du chef de l’Etat qui rivalisent d’influence sur Joseph Kabila. La Gécamines a toujours été considérée comme une « machine à cash » censée alimenter le régime en place à Kinshasa. Du temps de Mobutu, comme de celui de Joseph Kabila. L’opacité des contrats et des cessions de parts ont toujours alimenté les soupçons de corruption et de « mauvaise gouvernance », notamment lorsque la Gécamines « fait affaire » avec le sulfureux milliardaire israélien Dan Gertler. De nombreuses ONG, comme Global Witness et Africa Progress Panel ont dénoncé « le manque de transparence et d’équité » du partenariat entre la Gécamines et Gertler. En 2011, la Gécamines avait notamment cédé à Dan Gertler ses participations dans les mines de Mutanda et Kansuki « à des prix inférieurs à ceux du marché ».

Pour l’heure, aucune précision n’a été avancée pour justifier la révocation d’Ahmed Kalej Nkand. En attente d’explication de Kinsasa, le nom du nouvel ADG de la Gécamines pourra peut-être fournir quelques pistes sur ce que reproche Joseph Kabila à Ahmed Kalej Nkand.

Christophe RIGAUD – Afrikarabia