RDC: l’ONU réduit sa mission et lance une mise en garde à Joseph Kabila

RDC: l’ONU réduit sa mission et lance une mise en garde à Joseph Kabila

Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l’unanimité vendredi une réduction de la mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco), assortie d’un avertissement au président Joseph Kabila avant les élections prochaines.

Le mandat de cette mission, la plus importante et la plus coûteuse des Nations unies, est reconduit pour une année supplémentaire, mais devra faire l’objet d’un examen de sa stratégie d’ici au mois de septembre.

Les membres du Conseil ont également averti Joseph Kabila que son gouvernement doit respecter un accord de partage du pouvoir avec l’opposition et permettre aux élections d’aller de l’avant.

« Nous continuons à voir des tensions et une insécurité grandissantes, dans toute la République démocratique du Congo », a déclaré l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, dont le pays assume la présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci.

La résolution 2348 réduit le nombre de militaires et de policiers de la Monusco d’une capacité théorique de 19.815 membres à 16.215.

Dans les faits, moins de 500 Casques bleus vont devoir quitter la RDC. En effet, la force fonctionnait déjà avec quelque 3.100 personnels de moins que le plafond autorisé.

« Nous avons avec ce mandat une Monusco plus réactive, plus mobile », s’est félicité de son côté l’ambassadeur français, François Delattre.

Le vote intervient alors que le pays d’Afrique centrale doit organiser d’ici la fin de l’année des élections présidentielle et législatives très attendues, sur fond d’affrontements et de turbulences politiques.

– Gouvernement ‘corrompu’ –

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a quant à elle réaffirmé la volonté des Etats-Unis – qui financent actuellement plus de 28% du budget des opérations de maintien de la paix – de réduire les coûts et de procéder à un examen approfondi de la stratégie de toutes les missions des Nations Unies.

Certaines missions, comme celles en Haïti, au Libéria et en Côte d’Ivoire, devraient être fermées. En RDC, la Monusco est placée sous étroite surveillance.

Nikki Haley n’a pas mâché ses mots envers le gouvernement de Joseph Kabila, qu’elle a qualifié de « corrompu ». La diplomate américaine l’accuse d’avoir rendu le travail de la Monusco impossible et a promis de lui faire rendre des comptes.

« Nous ne pouvons pas travailler contre la volonté du gouvernement. Nous devons tenir le gouvernement pour responsable », avait-elle déclaré aux journalistes la veille du vote.

« Et que ce soit par l’adoption d’un embargo sur les armes, ou par des sanctions, nous devons faire quelque chose pour leur faire savoir que nous ne sommes pas d’accord ».

Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Sa réticence à démissionner à la fin de son mandat constitutionnel, le 20 décembre dernier, a entraîné le pays dans de graves turbulences.

En vertu d’un accord négocié par les influents évêques catholiques du pays et signé le 31 décembre 2016, M. Kabila a été autorisé à rester au pouvoir en tandem avec un corps de transition et un nouveau premier ministre issu de l’opposition.

L’accord n’a jamais été entièrement mis en oeuvre – malgré les pressions internationales – et des violences ont éclaté.

La semaine dernière, 39 policiers ont été tués dans une embuscade par des rebelles dans la région centrale éloignée du Kasaï.

Un groupe regroupant plusieurs partis d’opposition a appelé à une grève générale à partir de lundi, en signe de protestation.

Les membres du Conseil ont par ailleurs rendu hommage vendredi aux deux experts de l’ONU dont les cadavres ont été retrouvés en début de semaine en RDC.

Avec Afp