RDC : Jean-Pierre Bemba lance un appel en vue de «sauver la patrie en danger»

Depuis sa cellule, à la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a appelé Kinshasa à « mettre fin à la guerre à l’est » dans une lettre lue, ce lundi 12 novembre, dans la capitale congolaise. Le message a été lu par Thomas Luhaka, le secrétaire général de son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC) – deuxième parti d’opposition au Parlement – dans le lequel Jean-Pierre Bemba appelle également à l’unité nationale et à œuvrer pour une véritable démocratie.

Jean-Pierre Bemba sort de son silence. Incarcéré à La Haye où il est toujours jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, l’ancien chef rebelle a adressé un message aux Congolais et demandé « au pouvoir en place de prendre ses responsabilités, de mettre fin à la guerre à l’est du Congo et à l’insécurité qui y règne, protéger les populations civiles, restaurer l’autorité de l’Etat, éviter la partition du pays », écrit-il.

Un message au ton grave

La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) s’est déclenchée au mois d’avril dans la province du Nord-Kivu, riche en minerais. Depuis, la région a connu un regain de violence où les combats entre l’armée et les rebelles – soutenus par le Rwanda, selon un rapport de l’ONU – se sont intensifiés.

L’engagement rwandais aux côtés du M23 remonterait au mois de mai, au moment où le rapport de forces entre la rébellion et les Forces armées de la RDC (FARDC) s’est inversé. « L’armée régulière s’est soudainement mise à reculer », avait alors observé un officier de la Monusco, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. « Le Rwanda a sans doute retiré ses combattants mais certains de ses officiers sont toujours aux côtés du commandement du M23 », avait affirmé cette même source. Une affirmation que le Rwanda a vigoureusement contestée.

Ce conflit a déjà jeté sur les routes des centaines de milliers de civils. Près de 390 000 personnes se sont vues déplacées et plus de 60 000 ont fui au Rwanda et en Ouganda. A la mi-octobre, la rébellion du M23 a été rebaptisée « Armée révolutionnaire du Congo » (ARC).

Comment sortir de ce conflit ? Faut-il dialoguer avec le M23 ? Faut-il coopérer avec le Rwanda ? Les avis divergent au sein même de l’opposition qui s’accorde néanmoins sur la nécessité de mettre fin à cette guerre dans l’est du pays.

L’ancien chef de guerre, dans son message au ton grave, lance un appel à la réconciliation et à l’unité nationale et précise que le plus urgent et le plus important est de « sauver la patrie en danger ».

Dans son message lu, à Kinshasa, par le secrétaire de son parti, Thomas Luhaka. Jean-Pierre Bemba a également jugé « fondamental » d’œuvrer pour une « vraie démocratie » dans le pays.

Ce message de Jean-Pierre Bemba arrive en plein débat et même en pleine psychose d’un complot de balkanisation de l’est du pays. Et puis, il y a la situation personnelle de l’ancien chef de guerre devenu vice-président, puis accusé devant la Cour pénale internationale.

Essaierait-il d’amadouer les juges ? « Pas du tout », répond Jean-Lucien Mbusa, chef du groupe parlementaire MLC qui explique que « Jean-Pierre Bemba va au-delà, et au-dessus de sa situation. Ce qui l’intéresse n’est pas sa situation personnelle, c’est l’état de la nation, l’avenir des Congolais, et l’avenir de la jeunesse », précise-t-il.

Pour sa part, le gouvernement congolais n’a pas souhaité réagir au message de Jean-Pierre Bemba.

Par RFI avec Ursula Soares