Pakistan: l’ex-président Pervez Musharraf inculpé du meurtre de l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto

L’ancien président pakistanais Pervez Musharraf a été inculpé pour sa responsabilité dans le meurtre de l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto en 2007, a annoncé mardi le procureur.Pakistan-muder-REUT

« Il doit être jugé », a déclaré le procureur Mohammad Azhar à la presse à l’issue d’une audience de 20 minutes au tribunal de Rawalpindi, où Pervez Musharraf s’est vu notifier les charges de meurtre et de complot.

L’inculpation de l’ancien dictateur, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1999, était quasiment inimaginable dans un pays dirigé par l’armée pendant la moitié de son histoire depuis l’indépendance en 1947.

Pervez Musharraf nie toutes les charges qui lui sont reprochées, a déclaré un de ses avocats. La prochaine audience est programmée le 27 août.

Benazir Bhutto a succombé à un attentat suicide en décembre 2007, attribué à l’époque aux taliban pakistanais. Pervez Musharraf avait déclaré avoir prévenu l’ancien Premier ministre, qui venait de rentrer d’un exil volontaire, des menaces qui pesaient contre elle.

Lui-même rentré au Pakistan en mars après quatre années d’exil, l’ancien chef d’état-major des forces armées a été déclaré inéligible à vie par la justice, alors qu’il espérait laver les accusations à son encontre et se présenter aux élections législatives du 11 mai dernier.

SÉCURITÉ RENFORCÉE

La sécurité a été renforcée à Rawalpindi après l’audience du 6 août en raisons des menaces qui pèsent sur Pervez Musharraf. Les taliban pakistanais ont a plusieurs reprises menacé de tuer l’ancien dictateur.

Mardi, des centaines de policiers ont été déployés le long de la route principale menant au tribunal et sur les toits à l’arrivée de Pervez Musharraf. Les journalistes n’ont pas été autorisés à entrer dans la salle du tribunal durant l’audience.

Les avocats de Musharraf ont demandé à ce que leur client ne soit pas présent pendant les audiences, en raison des menaces qui pèsent sur lui. Cette requête a également été déposée devant un tribunal dans le cadre d’une autre affaire de meurtre, dans la province du Baloutchistan.

« Les agences de sécurité (nous) ont averti que de sérieuses menaces pesaient sur Musharraf », a déclaré à Reuters Ahmed Raza Kasuri, l’avocat principal de l’ancien président pakistanais.

Imtiaz Gul, un analyste indépendant en matière de sécurité, a déclaré que l’inculpation pourrait être symbolique mais qu’il y avait peu de chance que Pervez Musharraf soit déclaré coupable.

« Légalement, ça signifie que ça va être une affaire qui n’en finit pas parce qu’il va être difficile, voire impossible, de prouver l’implication directe de Musharraf », a-t-il dit.

Une commission d’enquête des Nations unies avait déclaré en 2010 que les autorités pakistanaises n’avaient pas réussi à assurer la sécurité de Benazir Bhutto et à mener une enquête sur les raisons de sa mort.

REUTERS