Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, créé cardinal par le pape François

Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, créé cardinal par le pape François

Le pape François a créé samedi 5 octobre au Vatican treize nouveaux cardinaux, au nombre desquels des experts du dialogue avec l’islam et des hommes à l’écoute des migrants, un mouvement perçu comme un pas supplémentaire pour modeler à son image le collège cardinalice, qui sera chargé un jour d’élire son successeur. Parmi les grandes figures de ce consistoire, l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, un religieux capucin de 59 ans, artisan de la transition démocratique en République démocratique du Congo (RDC), dont la nomination récompense le travail de l’épiscopat congolais et un engagement personnel.

Comme de coutume, ces nouveaux « princes de l’Eglise » se sont agenouillés devant lui pour recevoir leur toque quadrangulaire pourpre dans le cadre somptueux de la basilique Saint-Pierre. Sous la coupole de la basilique Saint-Pierre, ils sont treize à avoir reçu des mains du pape François la barrette cardinalice. Tous incarnent l’Église voulue par le pape François, au service des pauvres et engagée dans la justice sociale.

Dans une homélie avant de les créer cardinaux, le pape leur a rappelé l’importance de « la compassion », qui n’est pas « facultative » mais « une exigence essentielle ». Un cardinal doit être prêt à « verser son sang », de la couleur de son nouvel habit, a-t-il prévenu.

Le pape argentin a évoqué aussi « de nombreuses attitudes déloyales des hommes d’Eglise », qui reflètent justement selon lui « un manque de compassion », « l’habitude de l’indifférence ».

A la veille d’un synode de trois semaines d’évêques venus de toute la région panamazonique, très tourné vers les injustices faites aux peuples indigènes, le pape est à nouveau la cible d’un petit groupe de cardinaux frondeurs qui jugent pour certains « hérétique » l’ordre du jour de l’événement.

Sur un total de 225 cardinaux, 128 sont âgés de moins de 80 ans et disposent donc du droit de vote en cas de conclave pour élire un pape. Sur ces 128 cardinaux-électeurs, 52% ont été choisis directement par François.

La moitié des nouveaux cardinaux de samedi ont des profils de « missionnaires », relève le promu Miguel Angel Ayuso Guixot, un discret Espagnol de 67 ans, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Lui-même missionnaire, il est un grand spécialiste de l’islam qui a longtemps vécu en Egypte et au Soudan.

Le nouveau cardinal Cristobal Lopez Romero, un autre Espagnol archevêque de Rabat, gère au quotidien le dialogue avec l’islam, religion d’Etat au Maroc. Le pays compte une minuscule communauté catholique, essentiellement composée de migrants venus d’Afrique subsaharienne, que le pape à rencontrés en mars.

Tous les continents représentés

Autre promu notable, le père jésuite canadien d’origine tchèque Michael Czerny, actuellement sous-secrétaire d’une section chargée au Vatican des migrants et des réfugiés, directement chapeautée par le pape François tant le dossier lui tient à coeur.

Ordonné évêque vendredi et puis créé cardinal samedi, Michael Czerny juge que François est profondément attaché à « une Eglise inscrite dans le monde moderne ».

Le nouveau cardinal Matteo Zuppi, 63 ans, archevêque de Bologne (centre de l’Italie) et membre de la communauté Sant’Egidio très impliquée dans l’accueil des migrants, prône en outre un accueil chaleureux des fidèles homosexuels au sein de l’Eglise.

Il a ainsi écrit la préface pour un livre à succès du jésuite américain James Martin, défenseur actif des catholiques LGBT, reçu d’ailleurs en début de semaine par le pape.

Est également devenu cardinal à 72 ans l’archevêque du diocèse déshérité de Huehuetenamgo au Guatemala, Alvaro Ramazzini, depuis des décennies un protecteur des pauvres, des migrants, des indigènes, ainsi qu’un avocat des questions environnementales.

Le pape François a une nouvelle fois été attentif à tous les continents, en choisissant un Asiatique, l’archevêque de Jakarta Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, un Africain, l’archevêque de Kinshasa Fridolin Ambongo Besungu, et un Cubain, l’archevêque de San Cristobal de la Havane Juan de la Caritad Garcia Rodriguez.

A noter aussi pour l’Europe, un tout premier cardinal luxembourgeois en la personne de l’archevêque du Luxembourg Jean-Claude Höllerich, 61 ans, par ailleurs président de la Commission des Episcopats de l’Union Européenne (COMECE).

Le cadet des promus est un Portugais de 53 ans, Mgr José Tolentino Medonça, archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine.

Le pape a en outre remis la toque pourpre à trois hommes trop âgés pour être électeurs : l’archevêque britannique Michael Louis Fitzgerald, ex-ambassadeur et grand érudit de l’islam, Mgr Eugenio Dal Corso, missionnaire italien en Angola, et l’archevêque émérite de Kaunas Sigitas Tamkevicius, jésuite lituanien qui a passé plusieurs années dans une prison soviétique.

 


Fridolin Ambongo Besungu, figure de l’église catholique congolaise.

Fridolon Ambongo est né à Boto dans le diocèse de Molegbe, province du Nord-Ubangi dans la région Nord-ouest de son pays, la République démocratique du Congo. Il est ordonné prêtre en 1988. Il franchit progressivement la hiérarchie de l’Église catholique et est sacré évêque de Bokungu-Ikela, en mars 2005, dans la province de l’Equateur. C’est un homme bien connu de la classe politique congolaise.  Il dénonce les tentatives de Joseph Kabila de repousser les élections présidentielles en RDC, malgré l’expiration de ses deux mandats. La Constitution de 2006 limite à deux les mandats présidentiels. Il est l’une des artisans du dialogue, dans le cadre de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), entre Joseph Kabila et l’opposition. Sous l’égide de l’Eglise catholique, l’accord de la Saint-Sylvestre du 31 décembre 2016 est signé. L’accord met en place une transition politique en attendant l’organisation de l’élection présidentielle. Un an plus tard, le futur cardinal ne cache pas sa colère, contre le pouvoir en place, quand des chrétiens sont tués devant les églises. Ils demandaient le respect de l’accord de la Saint-Sylvestre. Les élections présidentielles interviendront deux ans plus tard le 30 décembre 2018. Mgr Ambongo devient définitivement archevêque de Kinshasa, le 1er novembre 2018.

(Bakolokongo avec Agences)