Crise politique en RDC: l’opposant historique Tshisekedi évacué en avion médicalisé vers Bruxelles

Crise politique en RDC: l’opposant historique Tshisekedi évacué en avion médicalisé vers Bruxelles
L’opposant historique Etienne Tshisekedi a quitté Kinshasa, tôt dans la matinée mardi 24 janvier, pour Bruxelles

L’opposant de longue date, âgé de 84 ans, a décollé de l’aéroport international de Ndjili à bord d’un avion privé à 06h00 (05h00 GMT), a constaté un journaliste de l’AFP. Son entourage a affirmé qu’il retournait en Belgique pour des soins.

L’opposant historique Etienne Tshisekedi a quitté Kinshasa, tôt dans la matinée mardi 24 janvier, pour Bruxelles alors que son parti négocie avec la majorité soutenant le président, Joseph Kabila, un partage du pouvoirjusqu’à la prochaine présidentielle en République démocratique du Congo.

Un peu plus tôt, alors qu’il faisait encore nuit, le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait été hissé à bord d’un jet qui attendait depuis la veille, aidé par des proches, selon un journaliste de l’Agence France-Presse ayant observé la scène. Le convoi de voituresl’ayant conduit à l’aéroport s’est arrêté au pied de l’appareil.

L’UDPS avait annoncé dans la nuit que M. Tshisekedi quitterait Ndjili « à 10 heures » (09h00 GMT). Voulant couper court « à des rumeurs » sans préciser les motifs du voyage, le parti avait déclaré que le déplacement était prévu de longue date et avait « été plusieurs fois reporté compte tenu de la situationpolitique au pays et des enjeux de l’heure ».

Un proche de la famille Tshisekedi a néanmoins indiqué que celui-ci retournait en Belgique « pour un contrôle (médical) à Bruxelles ».
Mais pour un haut cadre de l’UDPS, la santé du « Vieux », comme le surnomment affectueusement ses compagnons d’engagement politique, s’est brusquement dégradée, au point que son retour au pays n’est plus assuré.

Crise politique et Responsabilités historiques

M. Tshisekedi était rentré triomphalement en RDC à la fin de juillet, après près de deux ans de convalescence dans la capitale belge. Des centaines de milliers de Congolais étaient alors venus l’accueillir, dans ce qui reste le plus grand rassemblement politique des cinq dernières années à Kinshasa. Son départ pourrait compliquer les négociations destinées à permettre une sortie pacifique à la crise politique provoquée par le maintien au pouvoir de M. Kabila au-delà du terme de son mandat, échu depuis le 20 décembre.

Selon le communiqué de l’UDPS, « le chef du parti ne tardera pas à revenir pour assumer ses responsabilités historiques ».

Concurrent malheureux de M. Kabila lors de la présidentielle de 2011, entachée de fraudes massives, M. Tshisekedi est la figure de proue d’un « Rassemblement » d’opposition constitué en juin pour exiger la tenue de la présidentielle dans les temps et le départ du chef de l’État sortant au terme de son mandat.

Après avoir multiplié les mots d’ordre contradictoires à l’attention de la population, l’UDPS a fini par rallier les négociations sous l’égide de l’Église catholique destinées à éviter une nouvelle descente aux enfers à un pays de 71 millions d’habitants parmi les moins développés au monde ravagé par deux guerres entre 1996 à 2003.

Pouvoir et opposition ont conclu le 31 décembre un accord de cogestion du pays actant le maintien au pouvoir de M. Kabila jusqu’à l’élection de son successeur censée avoir lieu à la fin de l’année.

Les modalités pratiques de la mise en oeuvre de cette entente continuent de faire l’objet d’âpres négociations, en particulier en ce qui concerne le partage des postes au sein de l’exécutif, et le nouveau gouvernement prévu par l’accord n’a pas encore vu le jour.

Aux termes de l’entente conclue le 31 décembre, M. Tshisekedi devait être confirmé jeudi à la tête du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), organe consultatif chargé notamment de veiller au bon déroulement des préparatifs de l’élection.

Opposant sous la dictature du maréchal Mobutu (1965-1997), dont il fut longtemps proche, M. Tshisekedi n’a cessé de dénoncer le pouvoir des Kabila, d’abord le père, Laurent-Désiré, tombeur de Mobutu, puis son fils Joseph, ayant hérité des rênes de la RDC après l’assassinat de son géniteur en 2001.

Joseph Kabila est aujourd’hui âgé de 45 ans et la Constitution congolaise lui interdit de se représenter mais il ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir.

Il s’est maintenu à la tête de la RDC dans un climat de violences (ayant fait au moins 56 à 125 morts dans la semaine du 19 décembre), en vertu d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle, finalement avalisée par l’opposition dans l’accord du 31 décembre.

Avec Afp