Centrafrique: des hommes armés pro-Bozizé contrôle des villages autour de Bossangoa

La situation est toujours tendue dans le nord-ouest de la Centrafrique. Depuis samedi, plusieurs localités autour de la ville de Bossangoa sont tombées sous le contrôle d’hommes armés qui se revendiquent de l’ancien président Francois Bozizé. On a dénombré une soixantaine de morts lors des affrontements.rca2

Des renforts de la Seleka ont été envoyés par Bangui. Ils se sont livrés à leur tour à des exactions. Et ce dimanche 8 septembre au soir, cependant, les localités occupées restent toujours sous contrôle de ces hommes armés pro-Bozizé.

La situation reste toujours chaotique à Bossangoa. Le contact téléphonique avec ce secteur est pratiquement impossible depuis le début de l’après-midi. D’après les dernières informations, les soldats envoyés en renfort ce dimanche matin par Bangui se sont livrés à des exactions sur la population civile. On signale des scènes d’assassinats, de viols et de pillages.

En ce qui concerne les localités contrôlées depuis samedi par des hommes se revendiquant de l’ancien président Bozizé, il est difficile de savoir ce qui s’y passe. Des assaillants s’en seraient pris aux membres de la communauté musulmane, après la prise de ces localités mais, d’après nos sources, les hommes de la Seleka, avant leur retrait de ces zones, se sont aussi livrés à des exactions sur des personnes issues de la communauté chrétienne.

Selon nos informations toujours, les assaillants veulent installer une base dans les zones occupées afin de lancer une reconquête du pouvoir.

Bangui promet des ripostes

Le porte-parole du président de Transition déplore la mort de plus de cinquante personnes, des civils et au moins cinq membres de la Seleka. Mais il dément que les hommes de la Seleka se soient livrés à des exactions au moment de leur entrée à Bossangoa. Guy Simplice Kodegue, reconnait également que deux membres de l’ONG Acted ont été tués par des éléments des forces de défense, pris par erreur pour des informateurs. Il assure que des instructions ont été données pour que les responsables soient transférés à Bangui.

Le porte-parole du gouvernement de la Transition se dit aussi inquiet de la situation humanitaire sur place. « La situation actuellement à Bossangoa n’est pas du tout bonne, car les populations inquiètent des exactions commises dans les villages environnants sont obligées de se déplacer afin de se prémunir d’éventuelles attaques dans la ville de Bossangoa », explique-t-il. Il y a de nombreux assassinats de femmes, d’enfants, de vieillards, certains sont morts brûlés en représailles. Les forces de sécurité parlent d’environ 200 assaillants dans la localité de Benzambe qui essayent de rejoindre la ville de Bouka, rapporte-t-il.

D’après Guy Simplice Koudegue, des stratégies sont en train d’être mises en place par l’armée afin de reprendre le contrôle de ces localités. Il a également demandé qu’une enquête internationale soit ouverte sur ces événements.

des proches de Bozizé revendiquent les attaques au nord-ouest du pays

En Centrafrique, ce fut un week-end de terreur pour la population de Bossangoa et des localités environnantes. Dès samedi, plusieurs localités ont été attaquées par des hommes armés, des actions revendiquées par des proches de l’ancien président François Bozizé. Bangui a envoyé sur place des renforts issus de l’ex-rébellion de la Seleka pour tenter de reprendre le contrôle des communes en question. De nombreuses exactions contre les populations civiles – imputées aux deux camps – ont fait au moins 60 victimes, selon la présidence.

Selon plusieurs témoins joints par Radio France Internationale (RFI), il y a eu de nouvelles incursions d’hommes armés ce lundi 9 septembre au matin dans la localité de Bouca, à une centaine de kilomètres à l’est de Bossangoa.

Cela a entrainé un nouveau cycle de violences et de représailles entre chrétiens et musulmans, comme le raconte un habitant de la cité : « Ce matin, à 5 h 40, un groupe inconnu a attaqué la ville, précisément la base de la Seleka. Ils ont tué des enfants, des femmes musulmanes, ils ont brûlé leurs maisons. Quand les membres de la Seleka ont voulu réagir, ce groupe inconnu a pris la fuite pour se réfugier dans la brousse. En ce moment, des membres de la Seleka sont en train de brûler des maisons de chrétiens. La population a pris la fuite et tout le monde se retrouve maintenant dans la brousse ».

Revendication

L’autre information capitale de ce lundi est la revendication de ces violentes incursions armées dans la région de Bossangoa par des proches de l’ancien président Bozizé. Ces hommes, par la voix de Levy Yakété, le porte-parole de l’ex-chef de l’Etat, disent que les attaques sont menées par d’anciens éléments des Forces armées centrafricaines (Faca) : « Les Forces armées centrafricaines, après s’être résignées pendant un moment, ont pris la décision aujourd’hui de répliquer à la Seleka et de permettre le retour de François Bozizé à la tête du pays en tant que président élu par le peuple centrafricain qui a un mandat en cours. Nous avons un collectif des officiers libres des Forces armées centrafricaines qui dirige les opérations. »

« Infliger une correction »

« Je suis pratiquement sur le terrain, poursuit Levy Yakété, ceux qui sont en train de mener cette opération, qui se revendiquent du président François Bozizé, sont bel et bien des éléments des Faca qui se sont repliés, qui se sont organisés et qui veulent aujourd’hui infliger une correction à ces Soudanais et ces Tchadiens qui occupent la République centrafricaine ».

Du côté des autorités de la transition, on ne se dit pas surpris par cette revendication. Le porte-parole de la présidence, Guy Simplice Kodégué condamne cette implication du camp Bozizé. Il prend à témoin la communauté internationale, mais il conteste que des éléments des Faca aient pu faire défection pour rejoindre le camp de François Bozizé.

RFI