Afghanistan: Ghani et Abdullah signent un accord de gouvernement d’union nationale

Afghanistan: Ghani et Abdullah signent un accord de gouvernement d’union nationale

afganistan-gouvLes deux candidat au second tour de l’élection présidentielle afghane, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, ont signé dimanche un accord de gouvernement d’union nationale pour mettre fin à trois mois de contentieux électoral et de paralysie politique dans ce pays encore fragile.

Les Etats-Unis se sont félicités dimanche de l’accord d’union nationale conclu par Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, qui représente une « opportunité importante d’unité ».

La publication des résultats définitifs de l’élection, qui devrait donner la victoire et donc la présidence à M. Ghani selon des sources concordantes, est attendue plus tard dans la journée.

L’accord entre les deux hommes était vivement encouragé par l’ONU et les alliés de Kaboul, au premier rang desquels les Etats-Unis, pour éviter de plonger le pays dans des divisions potentiellement violentes alors que la majorité des soldats de l’Otan s’apprêtent à le quitter en fin d’année.

MM. Ghani et Abdullah ont signé l’accord instituant un gouvernement d’union nationale à la mi-journée devant la presse à Kaboul, quelques jours après un attentat taliban meurtrier dans la capitale, signe de la menace persistante de la rébellion malgré plus de douze ans d’intervention militaire occidentale.

Ashraf Ghani, que les résultats préliminaires du second tour donnaient vainqueur avec 56,4% des voix, devrait succéder au président Hamid Karzaï.

Abdullah Abdullah devrait de son côté désigner un chef de l’exécutif ou se nommer lui-même à ce poste appelé à devenir « Premier ministre exécutif » dans les deux ans, selon un projet d’accord consulté par l’AFP.

Seul homme à avoir gouverné le pays depuis la chute du régime des talibans à la fin 2001 avec l’appui des Occidentaux, M. Karzaï ne pouvait briguer un troisième mandat, aux termes de la Constitution.

Au lendemain du second tour à la mi-juin, Abdullah Abdullah, qui avait largement devancé M. Ghani au premier tour (45% des voix contre 31,6%) avait dénoncé des fraudes massives en faveur de son rival, exacerbant les tensions entre les Tadjiks, qui lui sont favorables, et les Pachtounes, qui soutiennent M. Ghani.

Accord de sécurité avec l’Otan

Afin d’écarter les risques d’instabilité politique, les deux candidats avaient signé début août, en présence du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, un accord sur le principe d’un gouvernement d’unité nationale qui serait formé quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle.

La communauté internationale, en particulier Washington, principal bailleur de fonds de l’Afghanistan, s’inquiète des risques de turbulences politiques à quelques mois du retrait des forces de l’Otan prévu à la fin de l’année.

L’accord qui devait être signé dimanche n’écarte toutefois pas les risques de confrontation future au sommet de l’Etat car la Constitution confère au président la majorité des pouvoirs.

Côté occidental, le général américain Philip Breedlove, commandant en chef des forces de l’Otan, a espéré samedi à Vilnius « une signature très rapide des accords » mettant fin au contentieux électoral, pour que l’alliance puisse signer ensuite rapidement avec Kaboul un accord de sécurité encadrant la présence militaire internationale après 2014.

M. Karzaï, dont les relations avec son parrain américain s’étaient beaucoup dégradées ces dernières années, avait refusé de signer cet accords, mais M. Ghani comme M. Abdullah ont tous deux indiqué y être favorables.

La force de l’Otan en Afghanistan (Isaf) a prévu de retirer toutes se troupes de combats du pays d’ici à la fin de l’année.

Les Occidentaux souhaitent dans ce cadre laisser à partir de 2015 une force réduite de 12.000 hommes, en grande majorité américains, contre 41.000 aujourd’hui et plus de 150.000 au plus fort de leur présence en 2010, pour former et soutenir les forces afghanes face aux talibans.

Cette semaine encore trois soldats de l’Otan — deux Américains et un Polonais — ont trouvé la mort dans un attentat suicide à Kaboul, près du vaste complexe fortifié de l’ambassade des Etats-Unis.

Le nouveau gouvernement aura la délicate tâche de stabiliser et sécuriser le pays, l’un des plus pauvres du monde, et relancer son économie au moment où l’aide internationale commence à se tarir.

Il pourrait tenter de relancer les projets de négociation de pays avec les talibans, qui ont toujours échoué jusqu’ici, pour mettre fin à un conflit où le nombre de victimes de cesse d’augmenter. Au cours des huit premiers mois de cette année, la guerre a tué selon l’ONU plus de 2.300 civils afghans, soit 15% de plus que l’an dernier sur la même période.

Afp