68e session de l’Assemblée générale: Syrie, RDC, Centrafrique, Iran et CPI au cœur des débats

Les dirigeants de la planète rassemblés à l’Onu, offrent chaque année l’occasion d’un tour d’horizon des conflits et points chauds de la planète, la Syrie, la RDC, Centrafrique, l’Iran et la CPI au cœur des débats.index

La semaine la plus intense de l’année commence lundi au siège de l’Onu où près de 200 dirigeants passeront en revue les points chauds du globe, en priorité la Syrie, et évalueront les progrès du désarmement ou de la lutte contre la pauvreté.

Le Président américain Barack Obama, qui devait arriver lundi en milieu de journée à New York, son homologue français François Hollande et de nombreux autres chefs d’Etat et ministres se succéderont dès mardi à la tribune de cette 68ème Assemblée générale, dans un cadre provisoire moins impressionnant que l’hémicycle habituel, en réfection.

Le nouveau président iranien modéré, Hassan Rohani, est très attendu. Ces derniers jours, il a multiplié les déclarations plutôt conciliantes, saluant en particulier le ton «positif et constructif» d’Obama. Les Etats-Unis et leurs alliés ont pris bonne note mais restent à ce jour prudents. Pour Washington, ces propos récents ne sont «pas suffisants» pour répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien.

La rencontre -prévue mardi- entre Hassan Rohani et François Hollande sera une première depuis 2005: les contacts à ce niveau entre l’Iran et les Occidentaux restent assez rares depuis la révolution islamique de 1979.

Parallèlement à l’Assemblée, les grandes puissances vont poursuivre en coulisses des négociations sur la crise majeure du moment: la guerre en Syrie qui a fait 110.000 morts depuis mars 2011.

Washington, Paris et Londres d’un côté et Moscou de l’autre s’opposent depuis dix jours sur les moyens d’appliquer un plan pour éliminer les armes chimiques que Damas est accusé par les Occidentaux d’avoir utilisées contre sa population.

Dimanche le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé les Etats-Unis d’exercer un «chantage» sur la Russie afin qu’elle accepte une résolution contraignante pour son allié syrien.

Si les positions se rapprochent, le Conseil de sécurité pourrait adopter une résolution dans le courant de la semaine, sortant ainsi de sa paralysie dans la crise syrienne.

Baisse de l’aide publique au développement

La journée de lundi est essentiellement consacrée à des réunions à haut niveau sur les moyens de réaliser les objectifs de développement durable fixés par l’Onu et de ramener la paix en République démocratique du Congo (RDC).

Dans l’est de la RDC riche en ressources minières s’affrontent l’armée congolaise, soutenue par les Casques bleus de la Monusco (Mission de l’Onu), et les rebelles du mouvement M23. Les civils, chassés de leurs foyers et victimes d’exactions, sont les principales victimes de ces combats. Les rebelles ont reculé fin août mais continuent de menacer Goma, la capitale provinciale.

Des pourparlers de paix entre Kinshasa et le M23, ouverts le 10 septembre à Kampala, piétinent. L’Onu et Kinshasa accusent le Rwanda et l’Ouganda voisins de soutenir militairement le M23, ce que ces deux pays démentent.

L’émissaire de l’Onu pour les Grands lacs Mary Robinson réunit ce lundi des ministres des grandes puissances et des pays de la région, qui avaient signé en février à Addis Abeba un accord-cadre censé pacifier la RDC.

En 2000, l’Onu s’était fixé comme objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de réduire la pauvreté et d’améliorer l’accès aux soins, à l’eau et à l’éducation sur la planète, avec 2015 pour première échéance.

Le secrétaire général de l’Onu,  Ban Ki-moon doit faire lundi le point des progrès accomplis et encourager chefs d’Etat et ministres à redoubler d’efforts.

Selon un récent rapport d’étape de l’Onu, qualifié de «mitigé» par Ban, l’aide publique au développement a baissé l’an dernier pour la deuxième année consécutive sous l’effet de la crise économique et les médicaments essentiels sont toujours trop chers dans les pays en développement.

Les principales crises discutées à l’AG de l’Onu

L’Assemblée générale de l’Onu offre chaque année l’occasion d’un tour d’horizon des conflits et points chauds de la planète.

Voici les principaux

? Syrie

Ce conflit sera dans tous les esprits et les discours. Malgré la poursuite des combats, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon espère convoquer rapidement, si possible en octobre, une conférence de paix dite de Genève 2. Il réunira samedi les ministres des Affaires étrangères américain et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, ainsi que son médiateur en Syrie Lakhdar Brahimi. L’Onu veut aussi une mobilisation internationale plus forte en faveur des deux millions de réfugiés installés dans les pays voisins, en particulier le Liban qui croule sous ce fardeau.

Parallèlement, le Conseil de sécurité tente de sortir de sa paralysie et d’adopter une résolution qui donnerait force de loi au plan de désarmement chimique de la Syrie conclu par Américains et Russes le 14 septembre à Genève. Damas, accusé par les Occidentaux d’avoir gazé plusieurs centaines de personnes le 21 août, a transmis une liste de son arsenal à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Celle-ci doit donner son feu vert au plan et ensuite, le Conseil pourrait adopter sa résolution dans le courant de la semaine.

? République démocratique du Congo (RDC)
Le Nord-Kivu, riche province minière de l’est de la RDC, voit s’affronter depuis un an armée congolaise et rebelles, notamment le mouvement M23. Celui-ci avait pris brièvement le contrôle de Goma, capitale provinciale, en novembre 2012 et reste une menace. L’Onu et Kinshasa accusent le Rwanda et l’Ouganda voisins de le soutenir, ce que ces deux pays démentent. Pour protéger les civils, l’Onu a déployé une mission, la Monusco, forte de 17.000 hommes. Elle a été renforcée par une brigade d’intervention chargée de pourchasser les rebelles et qui appuie l’armée congolaise. Parallèlement, des pourparlers de paix entre Kinshasa et le M23 ont commencé à Kampala le 10 septembre mais ils piétinent. Les onze pays des Grands lacs qui avaient signé en février un accord-cadre pour pacifier la région se réuniront lundi en marge de l’Assemblée.

? Centrafrique
L’anarchie règne dans le pays depuis la prise du pouvoir en mars par une coalition rebelle, la Séléka, dont le chef Michel Djotodia s’est autoproclamé président. Les associations de défense des droits de l’homme accusent les ex-rebelles de nombreuses exactions contre la population et la situation humanitaire se dégrade. La France, en première ligne dans ce dossier, veut que la communauté internationale soutienne davantage une force panafricaine qui tente de rétablir l’ordre mais qui peine à se déployer par manque de moyens. La crise a déplacé un million et demi de personnes sur les cinq millions d’habitants. Une réunion ministérielle sur la RCA est prévue mercredi.

? Iran
Les Occidentaux soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément. L’élection à la présidence de Hassan Rohani, un religieux modéré, a suscité l’espoir d’un dialogue et d’un assouplissement de la position iranienne. Tout en réaffirmant que Téhéran a droit au nucléaire civil, Hassan Rohani a juré qu’il ne cherchait pas à acquérir la bombe. Il s’est aussi posé en médiateur en Syrie, malgré le soutien iranien au président Bachar Al-Assad. Washington et Paris ont estimé ces ouvertures insuffisantes ou peu crédibles. François Hollande rencontrera cependant Rohani mardi et la Maison blanche n’a pas exclu une rencontre avec Barack Obama. Les grandes puissances qui négocient régulièrement avec Téhéran sur le dossier nucléaire ont prévu de se réunir jeudi.

? CPI
Le président soudanais Omar El-Béchir, inculpé depuis 2009 pour crimes contre l’humanité au Darfour (ouest du Soudan) par la Cour pénale internationale (CPI), a manifesté l’intention de venir à New York, ce qui embarrasse l’Onu et Washington. Les Etats-Unis, en tant que pays hôte, sont tenus de faciliter l’accès au siège de l’Onu mais ils appuient l’action de la CPI (sans toutefois en être membre).

En revanche, le président kényan Uhuru Kenyatta, lui aussi poursuivi par la CPI, a renoncé à venir à New York.

AFP