RDC: les rebelles du M23 « prêts à rendre les armes sous deux conditions »

Les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), actifs dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), sont « prêts à désarmer » et à retourner à la vie civile sous « deux conditions », a déclaré dimanche à l’AFP leur chef, Bertrand Bisimwa.M23- Bertrand Bisimwa

« Nous sommes prêts à désarmer à deux conditions : premièrement, que soit réglée la question des FDLR [NDLR: milice hutu rwandaise présente dans l’est de la RDC] et, deuxièmement, le retour des réfugiés congolais qui vivent dans des camps », au Rwanda, en Ouganda et au Burundi, a indiqué le président du M23, joint par téléphone de Kinshasa.

Alors que la rébellion a subi un important revers face à l’armée régulière soutenue par la force de l’ONU fin août, et qu’elle apparaît isolée sur le plan international, M. Bisimwa a indiqué que son mouvement était prêt à abandonner les armes avant d’obtenir gain de cause sur l’ensemble de son « cahier des charges ».

Le 2 septembre, le porte-parole militaire du M23, Vianney Kazarama, avait déclaré que son mouvement était prêt à « déposer les armes » mais ne le ferait que si Kinshasa répondait à sa « revendication légitime ».

« Le M23 n’est pas intéressé par l’intégration au sein de l’armée [congolaise] ni au sein du gouvernement congolais », a précisé M. Bisimwa, dont le mouvement est né en mai 2012 d’une mutinerie d’anciens miliciens tutsi qui avaient été réintégrés aux Forces armées de la RDC (FARDC) en 2009.

« Cette armée n’est pas attrayante », a encore dit M. Bisimwa à l’AFP, « le M23 est prêt à se démobiliser et à rentrer dans la vie civile ».

Mais pour cela, a-t-il insisté, il faut que les réfugiés congolais tutsi puissent « rentrer » et que les combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) « soient neutralisés ».

Les FDLR sont composées de Rwandais hutu réfugiés en RDC (alors le Zaïre) après le génocide rwandais de 1994 et qui veulent mettre à bas le régime tutsi au pouvoir à Kigali depuis lors.

« Nous ne les voulons plus sur notre territoire », a déclaré M. Bisimwa.

« La plupart de nos militaires n’ont pas eu pour vocation de faire l’armée ; s’ils se battent, c’est pour revendiquer le retour de leurs parents et pour la sécurité de leurs villages », a-t-il ajouté, alors que les négociations entre le M23 et les autorités congolaises devaient reprendre lundi à Kampala, capitale de l’Ouganda, après plus de trois mois d’interruption.

En visite en RDC, l’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, a exigé lundi que le M23 désarme « comme le Conseil de sécurité l’a demandé » et a dit être opposée à toute idée d’amnistie ou d’intégration dans l’armée congolaise pour les membres des divers groupes armés qui auraient « commis des crimes graves ».

Les chefs d’Etat des Grands Lacs ont aussi exigé jeudi, à l’issue d’un sommet à Kampala, que le M23 cesse « toute activité militaire » et que ses négociations avec Kinshasa reprennent « dans les trois jours ».

Arrivés par vagues d’émigration successives depuis le XVIIIe siècle, les Tutsi congolais sont souvent mal considérés par le reste d’une population prompte à voir en eux des agents de l’étranger, surtout depuis la grande guerre africaine qui s’est déroulée sur le sol congolais de 1998 à 2002.

Selon une source militaire occidentale, le M23 contrôle aujourd’hui une zone d’environ 700 kilomètres carrés dans la province densément peuplée du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, et au sous-sol extrêmement riche.

M. Bisimwa a rappelé que le « cahier des charges » de son mouvement demandait notamment un « plan Marshall pour l’est du pays » qui permette d’assurer la sécurité et la reconstruction, et que ce programme soit « financé par les ressources locales ».

AFP