RDC: la Monusco revient sur son ultimatum lancé aux rebelles du M23

Dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la Monusco, nouvelle brigade d’intervention avait lancé un ultimatum demandant le désarmement des rebelles se situant dans l’axe Goma-Saké. Un ultimatum qui a été accueilli avec soulagement par la population.Monusco-General Santos Mais le chef de la Monusco est finalement revenu sur cet ultimatum, expliquant que l’avertissement était plutôt une « opportunité pour les groupes armés » de coopérer.

Rétropédalage de la Monusco. Alors que la nouvelle brigade d’intervention avait fixé aux rebelles un ultimatum ordonnant leur désarmement, le commandant de la force est finalement revenu sur cet avertissement. Il a expliqué que cet ultimatum n’en était pas vraiment un mais plutôt une « opportunité pour les groupes armés » de coopérer.

Ce n’est peut-être pas à Goma mais à Nairobi qu’il faut chercher une explication. Quelques heures après le lancement de l’ultimatum, s’ouvrait dans la capitale kenyane un sommet réunissant les chefs d’Etat des Grands Lacs. Et selon des sources à Nairobi, le président ougandais Yoweri Museveni a fait part de ses préoccupations à Mary Robinson, l’envoyée spéciale de l’ONU dans la région. Il estime qu’avec cet ultimatum, la Monusco risquait de mettre de l’huile sur le feu alors que les négociations entre le M23 et le gouvernement congolais sont déjà au plus mal. Des négociations chapeautées justement par le président ougandais.

L’ONU évoque un problème de communication

Mary Robinson, qui a pris ses fonctions il y a seulement quelques mois, a fait remonter ces préoccupations à New York. Plus tard, à Goma, lors de sa conférence de presse, le chef militaire de la Monusco qui avait lancé l’ultimatum est revenu sur son annonce. Au quartier général de l’ONU, on assure qu’il s’agissait simplement d’un problème de communication, d’autant que la zone de sécurité concernée n’englobe pas les positions sous contrôle du M23. Pas de remise en cause non plus du mandat de la brigade d’intervention, mais ce changement de ton inquiète y compris au sein de la Monusco. Vendredi, à Goma, un convoi de la mission des Nations unies a été visé par des jets de pierre dans la ville.

l’ultimatum de 48h de la Monusco lancé au M23

La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo lance un ultimatum de 48 heures à tous les détenteurs d’armes à feu à Goma et dans la région. Clairement visés par cette demande, les hommes du M23, qui stationnent dans les environs, doivent impérativement rendre leurs armes avant jeudi à 16 heures. Faute de quoi la Monusco n’exclut pas l’« usage de la force ».

L’avertissement de la Monusco est clair : passé le jeudi 1er août à 16h, toute personne dans la région Goma ne faisant pas partie des forces de sécurité nationale, et n’ayant pas déposé ses armes, sera considérée « comme une menace imminente de violence physique à la population civile, et la Monusco prendra toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force, pour les désarmer conformément au mandat et aux règles d’engagement de la Mission. »

C’est par ces mots que la force onusienne en RDC a annoncé, dans un communiqué, son intention de procéder à un désarmement complet de la zone. Les soldats de sud-africains et tanzaniens de la Brigade d’intervention seront mobilisés pour la première fois dans cette opération.

À partir de ce mardi 30 juillet à 16 heures, tous les détenteurs d’armes à feu ont donc 48 heures pour déposer leurs armes ou quitter cette zone. Selon la mission des Nations unies, plus d’un million de civils vivent dans la région relativement étroite de Goma et Saké. Entre les deux villes se trouvent également les camps des déplacés de Mugunga qui abritent provisoirement environ 70 000 personnes déplacées par le conflit.

Le M23 particulièrement visé

Les rebelles du Mouvement du 23-Mars, accusés par la Monusco de nombreuses exactions dans la région, sont particulièrement visés par cet ultimatum. « Depuis la mi-mai, cette région a connu des attaques répétées menées par le M23 contre les positions des FARDC (Forces armées de RDC, NDLR), dans une tentative apparente de progresser sur Goma et Saké. Lors de ces attaques, dont la toute dernière a commencé le 14 juillet dernier, le M23 a tiré indistinctement, y compris à partir d’armes lourdes, causant des victimes parmi les civils » , fait valoir la Monusco, qui insiste néanmoins sur le fait que tous les groupes rebelles sont concernés.

L’organisation accuse également le mouvement d’avoir pris pour cible les installations de la Monusco. Pour ces raisons, la mission a décidé de créer, en coopération avec les FARDC, une zone de sécurité qui pourra « être élargie et reproduite ailleurs, le cas échéant ».

La solution pacifique reste privilégiée

Si la Monusco évoque la possibilité de faire usage de la force pour désarmer les groupes rebelles au-delà du délai de 48h, elle continue à espérer une solution pacifique. « L’option politique de la résolution des conflits est la première option, martèle ainsi Charles Bambara, son porte-parole. Le recours à la force est une option de dernière heure ».

La Monusco donne ainsi la possibilité aux groupes armés de déposer les armes dans les camps de DDRRR (désarmement, démobilisation, repatriement, réintégration et relocalisation). « Ce sont des camps où on peut réinsérer les gens dans les sociétés auxquelles ils appartiennent, rappelle Charles Bambara. Il y a des groupes armés étrangers ici en RDC ; on peut les rapatrier chez eux s’ils le souhaitent. »

Les habitants de Goma joints par RFI se disent soulagés après cette annonce. Selon eux, le ton ferme adopté par la Monusco aujourd’hui suscite quelque espoirs quant à la pacification prochaine de la région.

RFI