RDC – Affaire Chebeya : John Numbi et Joseph Kabila sont encore loin d’en finir avec la « justice »

L’ancien chef de la police congolaise, John Numbi, ne sera pas inquiété dans l’affaire Floribert Chebeya. Du moins pas en RDC et pas dans l’immédiat. Depuis son fief du Nord-Katanga, où il s’est retranché il y a plusieurs mois, le général John Numbi doit être soulagé. Après de longues semaines d’attente, la Haute Cour militaire a décidé, le 23 octobre, que l’ancien patron de la police de RDC ne serait pas mis en accusation par la justice de son pays dans l’affaire Floribert Chebeya.

Pourtant, selon les éléments de l’instruction, Floribert Chebeya avait bien rendez-vous avec Numbi, dans ses bureaux, peu avant sa mort le 1er juin 2010. Le lendemain, on retrouvait son corps à la périphérie de Kinshasa. Mi-octobre, un témoin supposé de l’assassinat, un policier actuellement en fuite, Paul Mwilambwe, a accusé même directement Numbi et le président congolais Joseph Kabila. Mais les autorités collabos du régime ont contesté l’identité de ce témoin. « Quel est l’intérêt pour le chef de l’État de donner une instruction pour que tel individu [Floribert Chebeya, NDLR] soit assassiné ? » s’est interrogé le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, avant de poursuivre : « La justice est en train d’organiser un procès équitable. »

Des dossiers sur les exactions contre les adeptes de Bundu dia Kongo vont rebondir

L’audience en appel pour l’assassinat du défenseur des droits de l’homme et la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana, doit reprendre dans les prochains jours. La décision de la justice militaire est définitive, mais les avocats de la partie civile dénoncent « une entrave » et envisagent une saisie de la justice internationale. « Mon mari avait des dossiers précis sur les exactions commises par la police contre le mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, entre février et mars 2008, dans le Bas-Congo », assure la veuve de Floribert, Annie Chebeya. « Ces dossiers sont en lieu sûr », ajoute un responsable en Belgique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). John Numbi et Joseph Kabila n’en ont donc pas forcément fini avec la « justice ». Plusieurs tournants les attendent.