Les Etats-Unis frappent une base aérienne en Syrie

Les Etats-Unis frappent une base aérienne en Syrie

Les Etats-Unis ont lancé des missiles ce vendredi contre la base aérienne en Syrie d’où a été menée l’attaque chimique de mardi, en riposte à ce raid. Plusieurs soldats ont été tués. Pour Paris et Berlin, Bachar al-Assad porte “l’entière responsabilité de ce développement”. La Russie condamne les tirs et parle d’une “agression contre une nation souveraine” et demande une réunion d’urgence à l’ONU. 

“Vous verrez”, c’est ce qu’avait déclaré Donald Trump quand on lui avait demandé comment il comptait réagir à l’attaque au gaz de Khan Cheikhoune. La réponse est venue et rapidement, sans attendre la fin des négociations diplomatiques.

Afin d’empêcher à court terme l’usage d’armes chimiques, 59 missiles Tomahawk ont été tirés ce vendredi à 2h45 heure de Paris, sur une base aérienne située à Shayrat, au sud de Homs, “associée au programme” syrien d’armes chimiques et qui serait “directement liée” à l’attaque “horrible” à Khan Cheikhoun, mardi dernier. Au moins 86 civils sont morts.

La frappe est partie depuis deux navires de guerre américains en Méditerranée. Le département de la Défense américain a diffusé sur YouTube des images de la frappe contre la base de Shayrat.

Plusieurs soldats tués

Les missiles ont fait cinq morts et sept blessés, a déclaré le gouverneur de la province de Homs à la chaîne libanaise Al Mayadeen.

Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), quatre soldats syriens ont été tués, dont un général, et la base a été “presque totalement détruite”.

Selon le porte-parole du Pentagone, “les premières informations indiquent que la frappe a sévèrement endommagé […] des infrastructures et des équipements de la base aérienne de Shayrat, réduisant la capacité du gouvernement syrien à lancer des armes chimiques”.

Les avions évacués avant les tirs

Cependant, l’armée syrienne avait évacué la plupart des avions présents sur la base, sans doute prévenue par la Russie, qui avait été informée à l’avance des tirs de missile par les Etats-Unis.

Il s’agissait d’une mesure de précaution pour s’assurer que des soldats russes ne seraient pas dans la zone visée et éviter des heurts accidentels dans la lutte contre l’Etat islamique.

Les relations USA-Russie “endommagées”

Mais les Etats-Unis n’ont pas cherché à obtenir l’aval de la Russie. Et la réaction de Vladimir Poutine le prouve bien. Le chef d’Etat russe considère les frappes américaines comme “une agression contre une nation souveraine” en se servant “d’un prétexte fallacieux”, et qu’elles ont endommagé les relations entre les Etats-Unis et la Russie, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Pour Vladimir Poutine, cette initiative militaire américaine vise à détourner l’attention de la communauté internationale des morts civiles provoquées par l’offensive contre la ville de Mossoul dans le nord de l’Irak.

Réunion en urgence à l’ONU

La Russie ne croit pas que la Syrie dispose d’armes chimiques, a ajouté le porte-parole. Moscou va en outre demander la tenue d’une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, a annoncé le chef de la commission de défense de la Chambre haute du Parlement russe.

L’autre allié du régime de Bachar al-Assad, l’Iran, condamne également fermement les frappes des Etats-Unis, indique l’agence de presse ISNA. “De telles mesures vont renforcer le terrorisme en Syrie et vont compliquer la situation en Syrie et dans la région”, ajoute ISNA.

Assad porte “l’entière responsabilité”

La télévision officielle syrienne parle d’une agression, tandis que l’opposition salue l’opération américaine. Plusieurs pays ont aussi apporté leur soutien aux Etats-Unis, comme la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite ou Israël.

Pour François Hollande et Angela Merkel, Bachar al-Assad porte “l’entière responsabilité de ce développement”, son recours continu aux armes chimiques et aux crimes de masse ne peut en effet rester impuni. Dans un communiqué commun, Paris et Berlin appellent la communauté internationale à se rassembler en faveur d’une transition politique en Syrie, conformément à la résolution 2254.

Risque d’une confrontation

Au-delà de la cette riposte ponctuelle à l’attaque chimique, Donald Trump a appelé “toutes les nations civilisées à rejoindre [les Etats-Unis] pour chercher à mettre fin au massacre et au bain de sang en Syrie et également à mettre fin aux terrorismes de tous types”.

Avec cette frappe, Donald Trump a pris la mesure militaire américaine la plus directe depuis le début de la guerre en Syrie il y a six ans. Une décision qui accroît le risque d’une confrontation avec la Russie et l’Iran.

Avec Yahoo