Les deux refus du Rwanda au sommet de l’UA

Pour le Rwanda de Paul Kagamé il n’est pas question de négocier avec les FDLR ni de participer à un sommet sur la sécurité africaine… en France.

Paul KagameDouble no de Kigali en marge du dernier sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba. Le premier concerne la suggestion du président tanzanien Jakaya Kikwete de négocier avec les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qualifiés de « terroristes » par le Rwanda. Ibuka, l’influente organisation de survivants du génocide, n’hésite pas à parler d’« insulte » et somme Kikwete de se rétracter sous peine de « saboter » par avance l’action de la force d’intervention rapide en cours d’installation dans l’est de la RDC – laquelle force est dirigée par un général… tanzanien. Entre le Rwanda et son voisin de l’Est, soupçonné depuis toujours de sympathie pour l’opposition, les relations sont désormais glaciales.

Autre refus : celui qui a répondu à la proposition de François Hollande d’organiser un sommet sur la sécurité en Afrique, le 7 décembre, à Paris. Commentaire d’un proche collaborateur de Paul Kagamé : « Ceux qui estiment avoir encore besoin de la protection de l’ancien maître colonial se rendront à cette convocation. Ce n’est pas notre cas. »

Dar-es-Salam refuse de s’excuser auprès de Kigali

« S’opposer à la proposition du président Tanzanien d’un dialogue entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda et leurs rébellions respectives, c’est s’opposer à l’avènement d’une paix durable dans la région des Grands Lacs », a affirmé, ce mardi 4 juin à Kinshasa, l’ambassadeur de la Tanzanie en RDC, Emedy Ngaza. Il a rejeté toute idée, pour Dar-es-Salam, de s’excuser auprès de Kigali, qui a protesté contre cette proposition faite dimanche 26 mai à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine.

La déclaration du président Tanzanien n’a rien de polémique, a estimé l’ambassadeur tanzanien. « D’ailleurs, elle a été saluée en RDC, par l’Ouganda ainsi que par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Cela signifie tout simplement que les belligérants s’engagent à dialoguer pour que la paix soit restaurée», a-t-il poursuivi. 

Emedy Ngaza a souligné que son pays n’est pas en crise diplomatique avec le Rwanda:

«Il s’avère que la déclaration n’a pas été bien accueillie par les autorités rwandaises. Mais, il est un fait que la Tanzanie et le Rwanda font toujours partie de la communauté des Etats de l’Afrique de l’est.» 

La Tanzanie a offert son assistance dans les négociations entre le gouvernement et les rebelles burundais, a rappelé le diplomate tanzanien. «Et actuellement l’ordre a été restauré au Burundi grâce aux négociations qui se sont tenues à Dar-es-Salam et à Arusha», a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité pour la RDC de négocier avec le M23, le Rwanda avec les FDLR et l’Ouganda avec l’ADF/Nalu.

Pour sa part, l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, Armadin Rugira a réaffirmé la position de la ministre rwandaise des Affaires étrangère, Louise Mushikiwabo, qualifiant d’«aberrants» les propos du président de la Tanzanie.

Les FDLR sont « un groupe de génocidaires qui ont quitté le pays après avoir participé à l’élimination de plus d’un million de Rwandais. Ceux qui pensent que le Rwanda devrait s’asseoir à la table de négociations avec les FDLR ne savent pas de quoi ils parlent », avait déclaré la semaine dernière la chef de la diplomatie rwandaise à RFI.