Grands lacs: au Sénat français, Martin Fayulu dénonce l’infiltration dans l’armée congolaise des officiers tutsi-rwandais (VIDEO)

Grands lacs: au Sénat français, Martin Fayulu dénonce l’infiltration dans l’armée congolaise des officiers tutsi-rwandais (VIDEO)

Un colloque consacré aux « responsabilités » dans le génocide des Tutsi de 1994 se tenait lundi 9 mars  au Sénat français  à Paris, provoquant la colère de Kigali qui estime que l’évènement donne la parole à des théories « négationnistes ».

Critiqué par plusieurs associations de défense des droits de l ’homme, le colloque prévu au Sénat lundi dernier 9 mars s’est finalement tenu, mais sous haute surveillance. Le filtrage des entrées avait été renforcé, les photos et les vidéos interdites dans l’hémicycle, et des officiers de sécurité placés partout. L’ambiance était lourde en dépit de l’apparente décontraction des organisateurs.

Plusieurs pétitions demandant à Gérard Larcher l’annulation du colloque, un courrier dans le même sens de son homologue rwandais Augustin Iyamuremiye, des échanges téléphoniques avec un responsable de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), des articles de presse pointant l’opacité de la réunion et son vraisemblable agenda caché ont provoqué un profond malaise. L’Académie des Sciences d’Outre-Mer, qui avait accordé son patronage au colloque, l’a retiré. Le Secrétaire perpétuel de l’Académie, qui devait intervenir au début de la réunion, s’en est gardé. Et Vincent Hervouët, rédacteur-en-chef du service Etranger à TF1, et LCI, lui-même académicien, qui devait être le modérateur du colloque, s’est fait remplacer au pied levé par son collègue Marc de Miramon. Enfin le soutien affiché du Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Pais 2018, semble avoir fait « pschitt ».

Une centaine de personnes assistaient à ce colloque, ouvert par deux anciens ministres français de la Défense, Alain Richard (1997-2002) et Gérard Longuet (2011-2012). Parmi eux, Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle en République démocratique du Congo voisine, qui a été chaleureusement applaudi. Hubert Védrine, secrétaire général de la présidence de la République, occupée par François Mitterrand au moment du génocide, est également monté à la tribune.

Le journaliste Marc de Miramon a alors annoncé un intervenant surprise, « le président élu de RDC, Martin Fayulu ».

Absent du programme, celui-ci n’avait-il pas eu vent des consignes ? Fayulu s’est lancé dans une violente diatribe anti-tutsi : « Aujourd’hui, on tue à Beni. […] Aujourd’hui il y a trois cents officiers tutsi au sein des Forces armées congolaises (FARDC). Dans la Force Publique, l’armée congolaise d’avant l’indépendance, il n’y avait pas un seul Tutsi. Dans l’Armée nationale congolaise (ANC), après l’indépendance, pas un seul Tutsi. Dans les Forces armées zaïroises (FAZ, à l’époque de Mobutu), pas un seul Tutsi Et aujourd’hui, plus de 300 officiers et plus de cent généraux tutsi ? Qu’est-ce qui se passe réellement ? Tout est dirigé par Kagame ! […] On est en train de préparer le chaos. »
Martin Fayulu  a ajouté que la RDC est devenue le premier pays francophone au monde, avant la France, et que Paris devait l’appuyer de touts ses moyens diplomatiques (et autres ?).

Adolphe Muzito, l’homme qui met le feu

Le modérateur donnait ensuite la parole à l’opposant congolais Adolphe Muzito « pas prévu au programme » prétendit encore Marc de Miramon. Muzito ne répètera pas au Sénat, comme en décembre dernier, qu’il faut « faire la guerre au Rwanda » pour sécuriser l’Est du Congo, des propos qui n’ont jamais été condamnés par Martin Fayulu et que chacun en RDC conserve en mémoire. Cet ancien Premier ministre devenu un extrémiste notoire, s’en tient cette fois à des propos insignifiants.
Eradiquer les Tutsi dans l’armée congolaise ? Et ailleurs dans la société ? Une logomachie qui, pour les Français, évoque Vichy et les lois anti-juives.
Pourtant dans l’assistance personne ne relèvera les propos nauséabonds de Vincent Fayulu et de ses acolytes.
Les pétitionnaires avaient-ils tort ? Le Sénat français aurait pu s’éviter ce colloque qui s’achevait par tel un déballage de haine anti-Tutsi…

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Martin Fayulu et Adolphe Muzito invités surprise au colloque sur l’Afrique des Grands lacs au Sénat