Etats-Unis: Detroit, ex-fleuron de l’automobile, se déclare officiellement en faillite

La ville de Detroit, aux Etats-Unis, berceau de l’industrie automobile américaine, a engagé jeudi 18 juillet une procédure de mise en faillite. L’annonce a été faite par le maire de Detroit, Dave Bing. C’est le triste épilogue d’une soixantaine d’années d’appauvrissement et d’exode.

DetroitDetroit est devenue jeudi 18 juillet la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite. Avant elle, huit autres villes avaient engagé cette démarche. En tête : Jefferson, dans l’Alabama, qui affichait une dette de 4 milliards de dollars, cinq fois moins que celle de la ville de Detroit.

La dette cumulée de Detroit est devenue insoutenable : 18,5 milliards de dollars. Dès le mois dernier, la municipalité avait prévenu qu’elle serait obligée de faire défaut sur une partie de cette somme. Une dette vertigineuse, construite – selon l’expert mandaté par le gouverneur du Michigan – sur des années de mauvaise gestion financière, d’exode de la population et donc aussi d’érosion fiscale.

 

Quartier délabré de Detroit.

REUTERS/Rebecca Cook/Files

Déclin économique et déchéance sociale

En 60 ans, Detroit a perdu la moitié de sa population, passant de près de 2 millions d’habitants à 700 000 aujourd’hui. L’exode a débuté dans les années 1950, et s’est accéléré dans la foulée des émeutes de juillet 1967, les plus sanglantes de l’histoire des Etats-Unis (43 morts, 467 blessés, plus de 2 000 bâtiments détruits). Une population divisée par deux, c’est autant de revenus en moins pour la municipalité. Dans le même temps, la population active s’est réduite à peau de chagrin. On compte deux retraités pour un actif. Le taux de chômage est de près de 19%, soit deux fois plus que le taux national. Il y a 70 ans, les habitants de Detroit étaient de ceux qui avaient le meilleur niveau de vie des Etats-Unis. Aujourd’hui, c’est son taux de criminalité qui est l’un des plus élevés du pays.

La ville se vide, et ses services avec. Hôtels, centres commerciaux, banques… on ne compte plus les fermetures. Dans certains quartiers, un quart des immeubles est laissé à l’abandon, ce qui est source d’insécurité, l’éclairage public n’est plus assuré partout. Il y a la vétusté des bâtiments et des services, des ambulances jamais remplacées (seul un tiers du parc ambulancier était en service au premier semestre 2013).

La faillite de l’industrie automobile américaine

Motor City n’était pas un surnom usurpé. Detroit était le berceau des « BIG 3 », les trois grands, pour les trois grands constructeurs de voitures aux Etats-Unis : Ford, Chrystler et General Motors. Les destins de l’industrie et de la ville sont intimement liés, et ce déclin est aussi un symbole du déclin de l’industrie américaine plus généralement. D’autant que Detroit ne s’est pas diversifiée. Elle aurait pu devenir un berceau de l’industrie musicale. C’est à Detroit, en effet, qu’est née en 1959 la Motown, la célèbre maison de disques de soul et de ryhtm and blues. Mais la maison a déménagé, comme les habitants finalement, au début des années 1970, pour aller s’installer à Los Angeles.

Une chance pour la ville

Entre les lignes, c’est ce que semblait dire jeudi le maire de Detroit, Dave Bing : « Nous avons pris la décision de déclarer la ville en faillite. L’une des choses que je souhaite dire à mes concitoyens, c’est que je ne voulais pas en arriver là, mais même si c’est très difficile à vivre, maintenant que nous en sommes là, il faut tirer le meilleur parti de la situation. C’est très dur pour nous tous, mais si ça peut arranger la vie de nos concitoyens, nous devons voir cela comme un nouveau départ. »

Un nouveau départ, une chance en effet dans la mesure où la ville, une fois déclarée en faillite, pourra renégocier sa dette et ne sera plus tenue de rembourser ses créanciers. Elle aura le temps d’assainir son économie et de repartir sur de bonnes bases, des bases financièrement saines. C’est d’ailleurs le sens des propos tenus ce vendredi par le gouverneur du Michigan. Rick Snyder voit là l’opportunité de mettre fin à 60 ans de déclin et de revenir avec une ville plus forte et meilleure.

Il ne manque plus maintenant que le feu vert de la justice fédérale, seule à même de dire si Detroit peut, ou non, être placée sous le régime des faillites.

General Motors perd sa place de numéro 1 mondial au profit du Japonais Toyota

GMLe groupe General Motors s’est fait doubler l’an dernier. Malgré une hausse de ses ventes, le premier constructeur automobile américain perd sa première place mondiale en 2012 au profit de la marque nipponne Toyota.

General Motors a en effet vendu l’année dernière 9,2 millions de véhicules dans le monde, soit une hausse de 2,9% sur un an. Mais son concurrent japonais Toyota a vendu 500 000 véhicules de plus et se hisse ainsi en tête des constructeurs automobiles mondiaux.

Dans les détails, General Motors a souffert de la chute de ses ventes en Europe : moins 8,2%, à cause des mauvais résultats de sa filiale Opel. A l’inverse, Toyota a effectué l’an dernier un spectaculaire redressement, notamment en Amérique du Nord où ses ventes ont bondi de 27%. Oublié, pour la marque nipponne, le cauchemar de deux années noires marquées par des rappels massifs de véhicules, la catastrophe de Fukushima au Japon et les inondations en Thaïlande.

Côté européen, pas de surprise, les Allemands sauvent l’honneur du Vieux continent : le groupe Volkswagen a dépassé les 9 millions d’unités vendues, poursuivant ainsi sa progression. Il se positionne en troisième place et ne renonce pas à son ambition de devenir numéro un en 2018.

Par RFI