Décret anti-immigration: Trump limoge la ministre de la Justice réfractaire

Le président américain Donald Trump a limogé la ministre de la Justice par intérim qui refusait l’application de son décret limitant l’immigration, alors que la vaste polémique suscitée par cette mesure se poursuit aux Etats-Unis et à l’étranger.
Sally Yates, une fonctionnaire de l’ancienne administration Obama qui assurait l’intérim du ministre de la Justice, avait ordonné aux procureurs de ne pas défendre le décret de M. Trump.
« La ministre intérimaire, Sally Yates, a trahi le département de la Justice en refusant d’appliquer un décret destiné à protéger les citoyens des Etats-Unis », a déclaré lundi la Maison Blanche dans un communiqué. « Le président Trump a relevé Mme Yates de ses fonctions et a nommé Dana Boente ministre intérimaire dans l’attente de la confirmation par le Sénat de la nomination du sénateur Jeff Sessions », a annoncé la présidence.
Sally Yates, qui était numéro deux du ministère sous l’administration Obama, avait mis en doute dans une note interne la légalité du décret.
Dana Boente appliquera le décret
Donald Trump a également remplacé le chef intérimaire du service de l’immigration et des douanes (ICE), Daniel Ragsdale, également un ancien de l’administration Obama.
En remplacement de Sally Yates, le nouveau locataire de la Maison Blanche a nommé Dana Boente, procureur fédéral, qui s’est empressé de prendre le contrepied de sa prédécesseur en déclarant qu’il ferait appliquer le décret polémique.
Il a immédiatement annulé les instructions de Mme Yates. « Je donne instruction aux hommes et aux femmes du département de la Justice de faire leur devoir comme nous l’avons juré et de défendre les ordres légaux de notre président », a déclaré M. Boente dans un communiqué.
Barack Obama encourage la mobilisation contre le décret anti-immigration
Dix jours après l’investiture de son successeur Donald Trump, Barack Obama a pris position sur les sujets qui fâchent, et pas seulement aux Etats-Unis. Le décret qui empêche les ressortissants de 7 pays de se rendre aux Etats-Unis pour une durée de 90 jours a certainement accéléré le retour sur scène d’un président que beaucoup d’Américains regrettent déjà.
Barack Obama l’avait certifié : non, il n’interviendrait pas dans le débat politique sauf si certaines lignes rouges étaient franchies. Et l’ancien président avait énoncé lors de sa dernière conférence de presse le 18 janvier dernier les critères qui, selon lui, pouvaient le faire sortir de sa réserve : la discrimination systématique, les obstacles au droit de vote, les tentatives de faire taire les voix discordantes ou la presse, ou encore l’idée d’expulser des enfants ayant grandi sur le sol américain.
C’est par le biais de son attaché de presse Kevin Lewis que Barack Obama est finalement sorti de sa réserve. Dans le communiqué envoyé par ce dernier, l’ancien président encourage les Américains à manifester en défense de la démocratie et se félicite du niveau de mobilisation dans le pays. « Le fait que des citoyens exercent leur droit constitutionnel d’assemblée, de mobilisation et de se faire entendre par leurs élus correspond exactement à ce que nous voulons voir lorsque les valeurs américaines sont en jeu », déclare-t-il.
Sans jamais mentionner le nom de Donald Trump, ce communiqué indique que « le président Obama est en désaccord fondamental avec le fait de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion ».
Depuis la signature du décret fermant les portes des Etats-Unis aux réfugiés et citoyens de sept pays musulmans pour une durée de trois mois, le président Donald Trump est critiqué de toutes parts, à l’étranger comme aux Etats-Unis. Pour Barack Obama, cette mesure va à l’encontre des valeurs fondamentales de l’Amérique. Des valeurs qui, selon lui, sont désormais en jeu.
(avec AFP et RFI)