Centrafrique: Michel Djotodia déclare être le nouveau président de la république centrafricaine

djotodiaMichel Djotodia, chef de la Seleka, a annoncé être le nouveau président de la République, ce dimanche 24 mars à Bangui et annoncé la mise en place d’un couvre-feu sur la capitale. Alors qu’elles étaient encore aux portes de Bangui samedi, les forces de la Seleka ont pris Bangui dans la journée. De nombreux pillages ont eu lieu et des combats ont opposé les forces de la Seleka avec, notamment, des soldats sud-africains.

Les rebelles de la coalition centrafricaine du Séléka ont pris, dimanche 24 mars, le palais présidentiel de Bangui, a annoncé un de leurs chefs militaires, le colonel Djouma Narkoyo, précisant que le président François Bozizé ne s’y trouvait pas. « Nous avons pris le Palais présidentiel. Bozizé n’y était pas. Maintenant, nous allons nous rendre à la radio [nationale] pour que le président du Séléka [Michel Djotodia] prenne la parole », a-t-il déclaré. « Nous savions que Bozizé n’était pas là », a-t-il précisé.

Le président centrafricain s’est enfui en République démocratique du Congo (RDC) alors que les rebelles s’emparaient de Bangui, a affirmé un de ses conseillers. « Les rebelles contrôlent la ville. J’espère qu’il n’y aura pas de représailles », a déclaré Gaston Mackouzangba, porte-parole du chef de l’Etat. Selon Crépin Mboli-Goumba, porte-parole du gouvernement, les rebelles du Séléka tiennent tous les points stratégiques de la capitale. Un conseiller du président ayant requis l’anonymat a indiqué que le président avait traversé le fleuve Oubangui dans la matinée pour gagner la RDC. François Bozizé est arrivé au pouvoir par la force en 2003.

L’armée sud-africaine confirme la mort de plusieurs de ses hommes à Bangui

Un responsable de l’armée sud-africaine a confirmé, dimanche 24 mars, que plusieurs soldats sud-africains ont été tués dans les affrontements avec les rebelles de la Seleka à Bangui. Il se refuse pour l’instant à donner le nombre de soldats actuellement déployés en Centrafrique.

On ne sait pour l’instant pas combien de soldats sud-africains sont morts pendant les affrontements à Bangui.

Mais le général Xolani Mabanga, directeur de la communication de l’armée sud-africaine, a confirmé que plusieurs soldats ont été tués ou blessés lors de combats entre les rebelles de la Seleka et les troupes sud-africaines. Des combats qui ont eu lieu notamment samedi dans la banlieue de Bangui. Selon le porte-parole de l’armée sud-africaine, il y a eu des victimes dans les deux camps.

En janvier, quatre cents hommes avaient été envoyés

Le général Mabanga a également précisé que la situation était calme ce dimanche après-midi à Bangui et que les troupes sud-africaines sont désormais hors de danger.
Il a refusé de préciser combien d’hommes sont déployés en Centrafrique pour des raisons de sécurité.

En janvier dernier, au moins 400 soldats sud-africains sont arrivés en Centrafrique pour encadrer et entraîner l’armée du régime de François Bozizé, dans le cadre d’un accord militaire entre les deux pays signé en 2007.

Qui sont les rebelles de la Séléka, nouveaux maîtres de Bangui ?

Les rebelles de la Séléka ont pris, ce week-end, le contrôle de Bangui, la capitale de République centrafricaine. Qui sont-ils ? Pourquoi ont-ils pris les armes contre le pouvoir de François Bozizé ? Éléments de réponse.

Qui sont les rebelles de la Séléka ?

La Séléka est une coalition de petits mouvements qui s’opposent à François Bozizé. Quand il a pris le pouvoir par la force en 2003, des mouvements rebelles hostiles au pouvoir sont nés, notamment l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UDFR), puis trois ans plus tard, le mouvement rebelle Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Ils ont mené régulièrement des actions armées dans plusieurs régions du pays.

En 2011, après la réelection de Bozizé à la tête de la Centrafrique, ces deux principaux groupes rebelles signent un accord de paix avec le gouvernement. Mais plusieurs factions dissidentes, issues des rangs de l’UDFR, du CPJP ainsi que de plusieurs autres petits groupes, se réunissent pour créer la Séléka, le 10 décembre dernier. Ils considèrent que les accords de paix conclus en 2011 n’ont pas été respectés par le clan Bozizé.

François Bozizé en compagnie du chef de la Coalition du Séléka, Michel Djotodia  Photo :  AFP/Steve Jordan
François Bozizé en compagnie du chef de la Coalition du Séléka, Michel Djotodia Photo : AFP/Steve Jordan

La Séléka est dirigée par Michel Djotodia, un ancien diplomate et fondateur de l’UFDR. Les porte-parole Djouma Narkoyo et Éric Massi sont également deux personnalités primordiales du mouvement. Éric Massi est le fils d’un ministre de François Bozizé qui a été tué après avoir fait défection.

Entre décembre et janvier dernier, la rébellion est parvenue à contrôler les trois quarts du territoire centrafricain. « On peut se poser des questions sur l’importance du matériel dont ils disposent », réagit sur RFI Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de la Centrafrique, pointant également du doigt la bonne organisation militaire du groupe. L’expert suspecte le concours d’autres mouvements armés étrangers, notamment venus du Darfour et du Tchad.

Pourquoi la Séléka a-t-elle repris les armes ?

La Séléka a pris les armes en décembre dernier et a alors entamé une « reconquête » du pays. De nouveaux accords de paix sont signés à Libreville, le 11 janvier 2013. Un gouvernement d’union nationale est formé, incluant plusieurs personnalités de la Séléka.

Mais les rebelles ont de nouveau repris les armes, mercredi 20 mars. « Les clauses essentielles de l’accord n’ont pas été respectées », estime Roland Marchal. Selon le chercheur, le président centrafricain François Bozizé n’a pas mis en œuvre le partage des pouvoirs, ni la clause prévoyant l’intégration des insurgés dans l’armée.

De plus, les prisonniers politiques, comme sont présentés les parents des commandants de la Séléka qui ont été arrêtés au mois de décembre, n’ont toujours pas été libérés. Enfin, les promesses faites concernant la pacification n’ont pas non plus été tenues. « Sur ce point, les responsabilités sont beaucoup plus partagées », commente Roland Marchal.

La Séléka est pour l’instant restée silencieuse sur ses objectifs politiques. Elle exige, depuis sa formation en décembre dernier, le départ de François Bozizé.

Avec RFI