Tuerie de Floride: les Etats-Unis se déchirent sur la question des armes

Tuerie de Floride: les Etats-Unis se déchirent sur la question des armes

Au lendemain de la fusillade dans un lycée de Parkland en Floride ayant fait 17 morts et une vingtaine de blessés, le débat sur la circulation des armes à feu reats-fait surface aux EtUnis.

En «Une» du Washington Post jeudi 15 février, une femme hurlant de chagrin en étreint une autre, immortalisée dans un éternel sanglot. Cette image déchirante a été capturée la veille, mercredi 14 février, près du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride où 17 personnes, étudiants et professeurs, ont perdu la vie. Nikolas Cruz, un jeune homme de 19 ans exclu de l’établissement pour des raisons disciplinaires, a déclenché l’alarme incendie de l’établissement et ouvert le feu avec un fusil d’assaut AR-15 sur les élèves qui se pressaient dans les couloirs.

Cette tragédie, rapidement suivie par un flot de messages de soutiens sur les réseaux sociaux, n’en reste pas moins la 19e fusillade dans une école depuis le début de l’année aux Etats-Unis et la 291e en cinq ans, après les massacres de l’école primaire Sandy Hook en 2012 ayant fait 28 morts (dont 20 enfants) et la tristement célèbre fusillade de Colombine en 1999, qui a fait quinze victimes.

Pour le président Donald Trump, qui s’est comme de coutume exprimé sur Twitter, cet acte meurtrier s’explique par de «nombreux signes qui prouvent que le tireur de Floride était atteint de troubles mentaux».

Armer les agents de sécurité ou désarmer l’Amérique

Mais derrière la question de l’accompagnement scolaire, agitée par le parti conservateur des Républicains, se cache le débat brûlant de la vente des armes à feu aux Etats-Unis, autorisée en vertu du sacro-saint second amendement de la constitution américaine, qui autorise les individus à se réunir en milice pour assurer «la sécurité d’un Etats libre». Ainsi, pour Tom Fuentes, ex-directeur adjoint du FBI interrogé par CNN, «le véritable problème, c’est que les agents de sécurité de l’école ne sont pas autorisés à porter des armes».

Comme nombre de ses collègues démocrates, Chris Murphy, sénateur du Connecticut, a quant à lui dénoncé des lois trop laxistes. «Nous sommes responsables d’un niveau d’atrocités de masse qui n’arrive que dans ce pays», a-t-il déploré mercredi devant le Sénat à Washington.

Collusions entre les politiques et le lobby des armes

Même constat du côté des médias, qui dénoncent des collusions entre les hommes politiques et le puissant lobby de la National Rifle Association («Association nationale du fusil», littéralement). «Je ne sais pas exactement ce qui aurait empêché les enfants d’être assassinés dans ce lycée de Floride du Sud. Mais je suis convaincu que ce qui a rendu ce massacre possible, c’est que l’Amérique ne fait rien», écrit l’éditorialiste Rex Huppke dans les pages du Chicago Tribune, appelant à cesser l’escalade de l’armement.

Qu’en pensent les Américains ? Selon un sondage publié en octobre par l’institut Gallup au lendemain de la tuerie de Las Vegas – la plus meurtrière aux Etats-Unis –, 60 % des sondés souhaitent que les lois régulant la vente des armes soit plus strictes, un chiffre en légère augmentation par rapport à 2016. Tandis que le hashtag #GunReformNow («Une réforme sur les armes maintenant») est au sommet des tendances Twitter jeudi en fin de matinée, heure locale, avec plus de 40 0000 occurrences, les Américains ne semblent cependant pas prêts à rendre les armes et ne sont que 28 % à souhaiter l’interdiction pure et simple du port d’arme par les civils.

La Dépêche du Midi