Soudan: Trump lève les sanctions américaines, après 20 ans d’embargo

Soudan: Trump lève les sanctions américaines, après 20 ans d’embargo
Le président soudanais Omar el-Béchir

Donald Trump poursuit la politique de détente amorcée par Obama envers Khartoum. Plusieurs sanctions restent en vigueur.

Le Soudan a salué vendredi l’annonce par Washington de la levée formelle de l’embargo économique américain à son encontre, vieux de 20 ans, y voyant une «décision positive» prise par Washington, selon l’agence SUNA.

Diaporama Les partisans de Navalny manifestent contre Poutine L’administration Trump avait entériné ce changement vendredi, poursuivant ainsi une politique de détente vis-à-vis de Khartoum amorcée par l’ancien président Barack Obama.

«Les actions du gouvernement du Soudan au cours des neuf derniers mois montrent qu’il prend au sérieux la coopération avec les Etats-Unis», s’est félicité la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.

«Les dirigeants du Soudan, le gouvernement du Soudan et le peuple du Soudan saluent la décision positive prise par le président américain Donald Trump de lever complètement les sanctions économiques», explique un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères cité par l’agence officielle.

La levée de cet embargo contre le Soudan est l’un des rares dossiers sur lesquels le président Donald Trump a choisi de poursuivre la politique de son prédécesseur. Quelques jours avant de quitter la Maison Blanche en janvier, Barack Obama avait levé une partie des sanctions contre le Soudan pour une période probatoire de six mois. Khartoum s’était engagé en retour sur une feuille de route en «cinq points», parmi lesquels la fin du soutien aux groupes rebelles au Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud et une coopération avec le renseignement américain contre le terrorisme.

En vertu de cet accord, le Soudan était également tenu d’améliorer l’accès des organisations humanitaires dans le pays et de coopérer davantage à la traque de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, une milice qui s’est rendue coupable d’enlèvements d’enfants et de mutilations de civils à grande échelle. A la fin de cette période probatoire, en juillet, Dondald Trump s’était donné trois mois supplémentaires pour décider de lever ou non de manière permanente cet embargo.

Chaud-froid

«Toute normalisation ultérieure des liens (avec le Soudan) devra passer par des progrès continus de la part du gouvernement du Soudan», a mis en garde Heather Nauert.

Le Soudan demeure toutefois sur la liste noire américaine des «Etats soutenant le terrorisme». Khartoum fait à ce titre toujours l’objet de certaines sanctions, notamment sur les armes, ainsi que de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies.

«Lever les sanctions de manière permanente envoie le mauvais message alors que le Soudan a fait très peu de progrès en matière de droits de l’homme (…) Un tel gouvernement ne devrait pas être récompensé», a estimé Andrea Prasow de l’organisation Human Rights Watch à Washington, qui rappelle que le président soudanais Omar el-Béchir fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide.

Magnus Taylor, analyste pour l’International Crisis Group, estime au contraire que cette levée de l’embargo constitue un moyen «efficace» de gagner la coopération du Soudan. «Si les Etats-Unis sont intelligents, ils utiliseront cet élan dans les relations avec le Soudan pour pousser à des progrès supplémentaires dans la conduite de gouvernement soudanais», a-t-il expliqué à l’AFP.

Depuis 1997

Les Etats-Unis ont imposé des sanctions au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes. Le fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden a vécu à Khartoum entre 1992 et 1996.

Au fil des années, les administrations américaines ont renforcé ces restrictions, accusant Khartoum de violations des droits de l’homme notamment dans le conflit meurtrier contre des rebelles au Darfour qui a fait 330’000 morts depuis 2003, selon l’ONU.

Ce qui change concrètement:

– Toutes les transactions bancaires internationales avec le Soudan seront désormais permises. Entreprises et citoyens américains pourront effectuer des transactions avec des partenaires au Soudan. – Les citoyens américains pourront procéder à des importations et exportations auparavant interdites depuis et vers le Soudan. – Les citoyens américains pourront procéder à des transactions concernant des propriétés dans lesquelles le gouvernement soudanais a un intérêt. – Tous les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Soudan qui étaient auparavant interdits seront désormais autorisés. – Toutes les transactions de citoyens américains liées aux industries pétrolières et pétrochimiques au Soudan qui étaient interdites seront autorisées. Ceci inclut notamment les services pétroliers ainsi que les gazoducs et oléoducs. – Les citoyens américains ne subiront plus autant de restrictions qu’auparavant lorsqu’ils voudront faciliter les transactions entre le Soudan et des pays tiers. – La levée des sanctions ne signifie pas que le Soudan est retiré de la liste noire des «Etats soutenant le terrorisme». – D’autres sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU liées au conflit au Darfour (ouest du Soudan) se poursuivent. Cet embargo empêche principalement l’envoi d’armes et de matériel de guerre aux acteurs engagés dans cette région.

Avec Afp