RDC: les civils fuient Beni et les exactions de la rébellion des ADF
C’est une attaque particulièrement sanglante qui a secoué jeudi 16 octobre la ville de Beni, dans le nord-est du pays. Selon la société civile, trente personnes ont été tuées, la plupart à coup de machettes et neuf blessées dans une attaque attribuée à la rébellion ougandaise de l’Alliance des forces démocratiques (ADF) qui opère dans la région.
Cette attaque sans précédent inquiète la population du Nord-Kivu et remet en question le discours des autorités congolaises selon lequel les rebelles de l’ADF seraient pratiquement défaits.
Des centaines de personnes fuyaient jeudi les quartiers périphériques de Beni, après une attaque d’une rare violence. Dans l’après-midi, des tracts évoquant une nouvelle attaque possible des rebelles ADF du côté de l’aéroport a semé la panique.
En quinze jours, 53 personnes sont mortes, assure la société civile. Depuis deux semaines, les assauts sur les civils se sont enchaînés dans les environs de Beni, à 70 km de la frontière avec l’Ouganda. Une zone pourtant contrôlée par l’armée congolaise.
A chaque fois, le scenario est le même. Des hommes armés arrivent la nuit, pillent et tuent les civils qu’ils trouvent sur leur passage, très souvent à la machette. Pour l’armée et la société civile du Nord-Kivu, pas de doute, ces assauts sont le fait des rebelles ougandais des ADF qui opèrent dans la région.
« Situation délétère insoutenable »
C’est une façon de montrer leur capacité de nuisance, estiment certains observateurs. Pourtant, l’armée affirmait il y a peu avoir repris toutes les bases de ces rebelles, actifs depuis 20 ans dans la région, et avait commencé à redéployer ses hommes ailleurs.
Mais sept mois après le début de cette offensive armée, les progrès semblent bien minces. Et la population fuit de nouveau les combats, tout en s’interrogeant sur ce que font les forces armées de l’ONU pour régler l’insécurité dans la zone.
Cette insécurité croissante ne va pas sans inquiéter également les travailleurs humanitaires. Hier dans un communiqué, Barbara Shenstone, responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) s’est dit « très préoccupé par les graves violations des droits humains que subissent des innocents civils depuis plusieurs semaines. Cette situation délétère est insoutenable et met en danger la vie de milliers de personnes ».
Rfi