RDC: le général Amisi épinglé pour exploitation de l’or par les experts de l’ONU
Un groupe d’experts des Nations unies affirme avoir établi qu’un officier congolais sous le coup de sanctions européennes et américaines, le général Gabriel Amisi, possède sa propre société qui extrait de l’or d’une rivière dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), en violation avec le code minier du pays. « Le groupe (d’experts, dont deux membres – l’Américain Michael Sharp et la Suédo-Chilienne Zaida Catalan – ont été assassinés en mars dernier dans le centre de la RDC) a réuni des éléments de preuve de l’implication du général de division Gabriel Amisi Kumba (alias « Tango Four »), commandant des FARDC (Forces armées de la RDC, ndlr) de la première zone de défense du pays, dans le secteur de l’or », indique ce rapport, mis en ligne dimanche sur le site de l’ONU.
Le groupe ajoute qu’en vertu de l’article 27 du code minier congolais de 2002, les officiers des FARDC ne sont pas éligibles aux droits d’exploitation ou de commercialisation des ressources naturelles.
Selon les experts onusiens, en décembre 2016, un agent des mines basé dans la ville de Bafwasende, dans la province de la Tshopo, a informé le groupe que lorsqu’il était à Bomili pour recouvrer des taxes auprès des ouvriers des mines d’or, deux conducteurs de dragues avaient refusé de payer toute taxe de l’État, au motif que le propriétaire des dragues était le général Amisi. En janvier 2017, lors d’une visite du groupe à Bomili, quatre propriétaires de dragues et deux mineurs travaillant sur la rivière Awimi l’ont informé que le général Amisi possédait quatre dragues par l’intermédiaire d’une entreprise locale appelée La Conquête. Deux agents publics des mines à Kisangani et à Bafwasende, ainsi qu’un acteur de la société civile, ont eux aussi déclaré que le général Amisi détenait des dragues sur la rivière Awimi à Bomili, dans le territoire de Bafwasende, ajoute le rapport.
Les experts ont aussi recueilli des témoignages attestant que les dirigeants de l’entreprise La Conquête avaient bénéficié de la protection des FARDC à plusieurs reprises, notamment en mai et juin 2016, ce que des sources basées à Bomili ont confirmé.
« Plusieurs sources ont signalé au Groupe que l’or extrait à l’aide des dragues du général Amisi était expédié principalement à Kisangani », le chef-lieu de la province de la Tshopo, poursuit le rapport.
Il cite encore quatre propriétaires de dragues, qui ont indiqué que la production d’or sur la rivière Awimi a été faible en janvier 2017 par rapport aux mois précédents. Mais les mêmes sources ont indiqué au groupe d’experts qu’elles avaient connu des périodes où la production avait atteint 500 grammes par jour pour chaque drague opérant sur la rivière Awimi.
Le groupe a cherché à vérifier ces informations avec le général Amisi mais n’était pas parvenu à le joindre au moment de l’établissement du rapport.
Cet officier figure sur la liste de seize responsables congolais frappés par des sanctions européennes pour avoir planifié, dirigé ou commis « des actes constituant de graves violations des droits de l’homme en RDC ».
La Libre Afrique