RDC: le contenu de l’accord (mort-né) de Genève sur le candidat commun de l’opposition

RDC: le contenu de l’accord (mort-né) de Genève sur le candidat commun de l’opposition

Signé dimanche 11 novembre à Genève, après d’intenses négociations démarrées quelques semaines plus tôt à Pretoria, l’ « accord de coalition » sur une candidature commune de l’opposition congolaise a incarné, du moins pour quelques heures, l’espoir d’une alternance politique en République Démocratique du Congo.

24 heures seulement après sa signature à Genève, l’ « accord de coalition » sur une candidature commune de l’opposition a volé en éclats lundi 12 novembre. Mais que prévoyait-il ? Jeune Afrique vous livre en exclusivité le document.

C’est le document dont tout le monde parle, mais que personne n’a lu. Sauf sans doute ses signataires – les sept leaders de l’opposition congolaise – , certains de leurs collaborateurs et quelques membres de l’équipe de la facilitation de Kofi Annan Foundation. Jusqu’ici, il n’a en effet pas été rendu public.

Signé dimanche 11 novembre à Genève, après d’intenses négociations démarrées quelques semaines plus tôt à Pretoria, ce texte de neuf pages a incarné, du moins pour quelques heures, l’espoir d’une alternance en RDC. Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, des acteurs majeurs de l’opposition s’étaient mis d’accord sur la nécessité « d’unir [leurs] forces dans un élan d’action pour vaincre les démons de la division, qui font le lit de la dictature, et de présenter une candidature commune à l’élection présidentielle (…) ».
« Prenant [leurs] responsabilités devant Dieu, la Nation, l’Histoire et le monde », Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito et Félix Tshisekedi « [avaient ainsi] résolu de transcender [leurs] divergences, [leurs] ambitions personnelles légitimes (…) ».

Mais l’engagement n’a tenu que 24 heures, puisque Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont décidé de s’en dissocier. Dès lundi, ces deux leaders de l’opposition ont annoncé tour à tour le retrait de leur signature. Autrement dit, ils ne se retirent plus de la course présidentielle au profit de Martin Fayulu, le candidat commun désigné.

Engagements (non tenus) des leaders de l’opposition

En exclusivité, Jeune Afrique a pu se procurer cet « accord de coalition politique des forces de l’opposition Lamuka [« réveille-toi », en lingala] en vue des élections du 23 décembre 2018 ». Il comporte sept chapitres et 20 articles, reprenant entre autres « des principes de désignations du candidat commun », « des engagements irrévocables » de ce dernier, « de la responsabilité politique des organisations et des leaders » signataires, « l’exercice du pouvoir après les élections » et « l’organisation et la conduite de la campagne présidentielle ».

On y apprend par exemple que le choix du candidat commun devait être fondé sur huit « principes » : « la capacité à fédérer les forces de l’opposition avant, pendant et après le processus électoral ; la capacité à rassembler la nation congolaise (…) ; la force d’organisation dans le pays pour conduire une campagne présidentielle ; la densité du réseau des candidats aux élections législatives, nationales et provinciales ; la géographie et la cartographie électorale ; la tendance générale au sein de la population, l’expérience professionnelle et la capacité managériale ; l’expérience électorale ».

Engagement du candidat commun

Selon l’accord, le candidat commun s’engageait à « rediscuter, à la conférence des leaders, de la suite de la candidature en cas de non tenue de l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, ou des changements majeurs intervenus dans l’environnement politique ».

Quant aux autres signataires, ils devaient « lancer officiellement un appel aux cadres et partisans de leurs organisations respectives et les engager à soutenir le candidat commun de l’opposition à l’élection présidentielle ». Des garanties plus explicites ont d’ailleurs été inscrites dans « l’acte d’engagement », l’un des documents annexes de ce compromis politique qui a fait long feu.

Avec le retrait – provisoire ? – de deux des sept signataires, l’accord de coalition de Genève est désormais caduque. D’autant que la conférence des leaders, son « organe d’orientation et de décision », ne peut « [siéger] valablement que si au moins cinq de ses membres sont présents, et deux dûment représentés », stipule le texte.

Ci-dessous l’intégralité de l’accord de coalition Lamuka sur la candidature commune de l’opposition en RDC