RDC: colère après la coupure du signal de la RTVS1, une chaîne de télévision proche de l’opposition

RDC: colère après la coupure du signal de la RTVS1, une chaîne de télévision proche de l’opposition

Les journalistes de la télévision congolaise RTVS1  (Radiotélévision par satellite 1) organisent un sit-in, pour protester contre la coupure du signal de leur chaîne depuis le 29 Juin. La RTVS1 est détenue par l’un des ténors de la plateforme d’opposition Lamuka et son signal a justement été suspendu en pleine diffusion de l’émission « Spéciale Lamuka », qui donne la parole aux militants de la plateforme. Le président Felix Tshisekedi avait déclaré ce mardi 2 juillet depuis Bunia que cette chaîne diffusait « des appels à la haine ». C’est la première fois depuis le début de son mandat qu’un média est suspendu de la sorte, sans préavis ni saisine du Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication.

En RDC, le signal de la chaîne RTVS1 a été coupé la semaine dernière. Le problème est intervenu la veille d’une manifestation de l’opposition, interdite par les autorités. Il faut rappeler que RTVS1 appartient à Adolphe Muzito, un des dirigeants de la coalition d’opposition Lamuka, ayant soutenu Martin Fayulu lors de l’élection présidentielle.

Reporters sans frontières et l’organisation congolaise de défense de la presse Journalistes en Danger (JED) demandent la réouverture de la chaîne de télévision RTVS1. Les deux organisations dénoncent un acte de « censure » de la part du pouvoir congolais.

« Nous trouverons cela scandaleux, s’insurge Tshivis Tshivuadi de l’association JED, parce que cela veut dire que tout ce qu’on nous a raconté, qu’on voulait marquer une rupture avec les régimes passés, c’est du n’importe quoi ! »

La RTVS1 était notamment accusée de diffuser « des appels à la haine » sur son antenne. « On s’attendait par exemple à des procédures légales comme établies par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, et par les textes légaux », s’étonne Edmond Isuba journaliste et délégué des agents de la chaîne.

Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) confirme ne pas avoir été informé en amont : « Nous n’avons reçu aucune information officielle, aucune notification officielle. »

Contactée par téléphone, la ministre de tutelle Marie-Ange Mushobekwa se dit « mécontente ». Elle estime que « la procédure n’a pas été suivie ». Mais elle assure que ni elle, ni le président Tshisekedi ne sont à l’origine de la décision de couper l’antenne.

Marie-Ange Mushobekwa promet que le signal de la RTVS1 va être rétabli dès la semaine prochaine et que le CSAC va être saisi sur le contenu des émissions de la chaine.

Des organisations de la société civile, protestent depuis plusieurs jours contre la censure des médias d’opposition. Pour justifier la coupure du signal de RTVS1, le pouvoir administratif a mis l’accent sur les « offenses répétées » de la chaîne envers les autorités du pays. Des journalistes de la télévision ont même fait l’objet de violences de la part des forces de l’ordre en essayant de couvrir les manifestations de l’opposition.

Pour beaucoup, cette situation serait une preuve que la restriction de la liberté de la presse, mise en place par le précédent régime, n’a pas réellement disparu. La RDC occupe la 154e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2019.

(Avec Rfi et Agences)