RDC: au moins 60 morts dans les affrontements meurtriers à Tshimbulu, dans le Kasaï-Central

RDC: au moins 60 morts dans les affrontements meurtriers à Tshimbulu, dans le Kasaï-Central

Depuis juillet dernier, cette région connait une flambée de violences. Plus de 60 membres de la milice locale de Kamwina Nsapu ont été tués par l’armée congolaise vendredi 10 février dans la ville de Tshimbulu, selon des membres de la société civile et des habitants de Tshimbulu, joints sur place. Ce bilan n’a cependant pas pu être confirmé par les autorités congolaises, restées injoignables sur le sujet.
C’est vers 5h du matin que les affrontements ont commencé. 300 miliciens venus de différents villages ont tenté une incursion dans la ville de Tshimbulu.

Armés, comme toujours, de fusils de chasse de fabrication locale, de bâtons aux pouvoirs magiques et de machettes, certains portaient aussi un bandeau rouge autour de la tête ou de la taille, racontent des témoins.

Leur revendication depuis des mois ? Venger la mort de leur chef traditionnel Kamwina Nsapu tué en août dernier par les forces de l’ordre. Mais aussi chasser le régime en place, illégitime selon eux.

L:e Chef traditionnel Kamwina Nsapu assassiné en août 2016

En face, les forces de l’armée congolaises ont immédiatement tiré à la kalachnikov mais aussi au lance-roquettes, rapportent des témoins joints sur place. Les tirs ont duré jusque presque 15h. Résultat : un carnage. Entre 60 et 75 miliciens tués, selon les sources, et deux militaires blessés.

La veille déjà, une quinzaine de miliciens avait été dispersée à coup de tirs à l’arme lourde. Bilan six morts, dont une fille de 14 ans. Ce décompte n’a pas pu être confirmé par les autorités sur place restées injoignables aujourd’hui.

Seule certitude, les habitants décrivent un climat de peur dans une ville régulièrement témoins de ce type d’affrontements. Et où, depuis plus d’un mois, il n’y a plus aucun représentant de l’Etat : ni maire, ni administrateur du territoire.

Qui sont les miliciens?

Tshimbulu, principale ville du territoire de Dibaya, est l’épicentre de cette insurrection contre l’Etat, née de la révolte d’un chef coutumier, le chef Kamuina Nsapu.

Les miliciens kamuina nsapu sont des jeunes, des enfants pour la plupart, munis de bandeaux rouges. Plus de 50% de mineurs dont une majorité de moins de 14 ans, c’est même ce qu’estiment les spécialistes du secteur de l’enfance. Des enfants drogués, rétorquent les autorités locales.

Car l’une des particularités des miliciens kamuina nsapu, c’est qu’ils prennent ce qu’ils appellent « le baptême », une décoction censée les rendre invulnérables aux balles. C’est sans doute ce qui explique que munis d’armes traditionnelles – fusils de chasse de fabrication locale, machettes – ou mystiques (des bâtons capables de tuer selon eux), ils se lancent à l’assaut des forces de sécurité. Et malgré, les rafales de balles, ils s’obstinent à prendre des positions militaires. Mais personne ne sait exactement ce que contient ce fameux « baptême ».

Autre particularité : ils lancent leur attaque mystique, comme disent les habitants, les jeudi et vendredi, en souvenir de l’attaque finale contre leur chef Kamuina Nsapu qui s’est déroulé les jeudi 11 et vendredi 12 août dernier.

Certains officiels congolais ou même étrangers suspectent qu’il y a derrière une main noire derrière ce mouvement d’insurrection, une main politique, tant il se répand comme une trainée de poudre depuis six mois. Mais selon un expert du pouvoir coutumier dans l’ex-province du Kasaï, cette insurrection est née de la multiplication des conflits liés aux chefferies coutumières nés d’une volonté de les inféoder au pouvoir politique.

Avec rfi