Les anciens passeports semi-biométriques ne seront plus valables après le 16 octobre

Les anciens passeports semi-biométriques ne seront plus valables après le 16 octobre
L’ancien passeport congolais semi-biométrique

Dans un communiqué officiel rendu public vendredi, le gouvernement de la RDC a annoncé que les passeports semi-biométriques ne seront plus valables sur le territoire national à partir du 16 octobre. Une décision brusque qui prend tout le monde de court. Pourquoi cette décision-surprise?

Les explications avec RadioOkapi et Jeuneafrique.

Nouvelle mise à jour: 17/09/2017, 7h55(GMT)

Les anciens passeports congolais semi-biométrique encore en circulation ne seron plus valides à partir du 16 octobre prochain sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo (RDC). D’après un communiqué du ministère des Affaires Etrangères signé vendredi 15 septembre, les détenteurs de ces passeports ne pourront plus être autorisés à franchir la frontière tant à l’entrée qu’à la sortie du territoire national.

Pour les Congolais vivant à l’étranger qui n’ont pas de passeports biométriques, s’ils veulent rentrer au pays, leurs passeports qui seront invalidés seront retirés au poste frontalier d’entrée.

Il leur sera remis la photocopie de ces passeports invalidés et retirés, pour leur permettre de solliciter le nouveau passeport biométrique.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Aggée Aje Matembo, qui a signé ce communiqué, dit prendre cette décision pour des raisons «d’uniformisation  de l’identification des citoyens liés à des considérations sécuritaires.»

Lors de l’inauguration du passeport biométrique  à puce le 10 novembre 2015 par le chef de l’Etat, le précédent ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda avait affirmé que les détenteurs des anciens passeports allaient les garder jusqu’à leur expiration avant de se procurer le nouveau passeport biométrique.

Passeportgate, 2ème épisode ?

Cinq mois plus tôt, un scandale était révélé autour de ce même passeport biométrique. Officiellement, son prix s’élève à 185 dollars. Mais, en réalité, pour avoir ce précieux sésame, les Congolais déboursent 260 dollars, frais bancaires compris.

Les nouveaux passeports biométriques à puce

Selon une enquête de Reuters, le gouvernement congolais récolterait à peine 65 dollars de cette somme. L’essentiel de l’argent irait à Semlex, une entreprise basée en Belgique et qui produit les documents de voyage, ainsi qu’à LRPS, une autre petite compagnie basée à Ras Al Khaimah, aux Émirats arabes unis, et détenue par Makie Makolo Wangoi… une proche du président Kabila.

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Il s’agirait en fait, selon plusieurs sources, d’une des nombreuses sœurs du président Kabila : elle est d’ailleurs présentée comme telle dans la longue enquête que l’agence Bloomberg consacrait au poids de la famille Kabila en décembre dernier. Selon d’autres sources, il pourrait s’agir plutôt d’une nièce du président.

Une double question se pose : la décision d’invalider brusquement les passeports semi-biométriques viserait-elle à renflouer les caisses de l’État en cette période de crise économique qui frappe le pays de plein fouet ? Ou s’agit-il d’une opération consistant à renflouer les poches de cette filière de fabrication de l’un des documents de voyage les plus chers du monde ? À en croire les autorités congolaises, la mesure ne serait motivée que par « l’impératif d’uniformiser l’identification des citoyens congolais lié à des considérations sécuritaires ».

Des passeports invalidés avant leur échéance

Pas suffisant pour rassurer le député Juvénal Munubo Mubi. Au lendemain de la publication du communiqué, l’élu de Walikale, dans le Nord-Kivu, a déposé une « question orale avec débat » au bureau de l’Assemblée nationale.

Dans sa correspondance adressée à Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères, et dont Jeune Afrique a pu consulter une copie, Juvénal Munubo dénonce une mesure prise « à la surprise générale » qui « porte déjà préjudice à de nombreux compatriotes désireux de voyager et dont les conditions sociales actuelles ne permettent pas de se procurer les nouveaux passeports ».

Ce cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC), parti de Vital Kamerhe, demande au chef de la diplomatie congolaise « la motivation profonde » de ce qu’il qualifie d’ « interruption brusque » de la validité des passeports semi-biométriques. D’autant que, rappelle-t-il, ces derniers « ont été délivrés d’avril 2009 à décembre 2015 » et que « ceux obtenus à la fin décembre 2015 devraient juridiquement expirés en 2020 ».

Décision de la présidence de la République

Selon une source diplomatique congolaise, cette décision émanerait directement de la présidence de la République. Toutes les demandes de l’exécutif tendant à obtenir un délai beaucoup plus long avant l’invalidation – « au moins jusqu’à janvier 2018 » – ont ainsi été rejetées. Une circonstance qui pourrait susciter davantage d’interrogations sur le bien-fondé réel de la mesure.

En attendant, Juvénal Munubo, lui, profite de cette nouvelle controverse pour demander au gouvernement de fournir enfin des explications claires notamment sur la manière dont sont perçues les recettes provenant de la délivrance des passeports. Décidément, le feuilleton « Passeportgate en RDC » est encore loin de connaître son épilogue.

Avec Radiookapi et Jeuneafrique