La RDC est en «grand danger» pour Kofi Annan et 9 anciens présidents africains

La RDC est en «grand danger» pour Kofi Annan et 9 anciens présidents africains
Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations unies

L’avenir de la République démocratique du Congo est en «grand danger», c’est en ces termes que Kofi Annan et neuf ex-présidents africains s’inquiètent de la situation dans le pays. Dans une Déclaration intitulée «appel urgent en faveur d’une transition pacifique et démocratique en RDC», ils s’alarment de la non-tenue encore des élections.

Les mots sont forts, ces dirigeants africains se disent « consternés » par la situation politique en République démocratique du Congo et notamment par l’absence d’organisation d’une élection présidentielle. Une échéance reportée sans nouvelle date depuis décembre 2016 et qui doit permettre cette transition démocratique dans le pays. Résultat, la crise politique que traverse la RDC constitue une « menace à la stabilité, la prospérité et la paix de toute la région des Grands Lacs, voire de l’Afrique tout entière ». Les termes de cet appel sont donc sans ambiguïté.

Kofi Annan, mais aussi l’ex-président sud-africain, Thabo Mbeki, ou encore les ex-présidents du Nigeria et du Bénin, ils sont neuf en tout à s’alarmer que l’accord politique conclu entre majorité et opposition le 31 décembre dernier, et qui a permis d’éviter « un désastre », ne soient pas respectés et que les élections ne soient pas organisées d’ici la fin de l’année. Le non-respect de cet accord mine la possibilité d’une transition non violente, disent-ils, or les élections sont la seule option pour résoudre la crise de légitimité dont souffrent aujourd’hui les institutions politiques congolaises.

Ils appellent donc le Congo, mais aussi la communauté internationale à fournir toutes les ressources pour organiser ces élections d’ici la fin de l’année. Ils mettent aussi en garde : « Si la crise actuelle » n’est pas résolue « elle aura des conséquences sur tout le continent africain ».

Le porte-parole de la majorité présidentielle, Alain Atundu Liongo, a réagi. Il trouve cette communication injuste avec le pouvoir congolais et partiale.

«Je ne pense pas que ce genre de communication publique soit la meilleure voie pour s’adresser à un chef de l’Etat qui a certainement des éléments dont ils ont besoin pour pouvoir donner un jugement beaucoup plus nuancé et motivé», a déclaré Alain Atundu Liongo


■ Moïse Katumbi annonce son retour sans donner d’échéance

De son côté, l’opposant congolais en exil et candidat à la présidentielle, Moïse Katumbi annonce son retour au pays. Actuellement, il est encore poursuivi en RDC dans une affaire immobilière pour le moins controversée. Ce n’est pas la première fois qu’il fait une telle annonce, mais celle-ci fait suite à la demande du comité des droits de l’homme de l’ONU qui appelle Kinshasa à garantir son retour en toute sécurité.

Eric Dupond-Moretti: Il est demandé à la République démocratique du Congo d’assurer la sécurité de Moïse Katumbi, de ne pas l’arrêter et de lui permettre de participer aux élections présidentielles. Alors nous allons demander – mais c’est un processus cette fois qui est politique – à la Monusco sa protection efficace, efficiente, pour ne pas qu’il lui arrive malheur.

Bakolokongo avec Rfi

Appel urgent en faveur d’une transition pacifique et démocratique en République démocratique du Congo

En tant que dirigeants africains attachés à la démocratie, nous sommes profondément consternés par la situation politique qui prévaut en République démocratique du Congo (RDC). Elle constitue une menace à la stabilité, à la prospérité et à la paix de toute la région des Grands Lacs, voire de l’Afrique dans son ensemble. Nous nous devons de sonner l’alarme avant qu’il ne soit trop tard.

La non-tenue des élections en 2016, conformément à la Constitution, a provoqué une crise politique aigue. L’accord entre le Gouvernement et l’opposition conclu à la Saint Sylvestre sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco) a permis d’éviter un désastre, mais sa mise en œuvre rencontre des difficultés croissantes qui mettent en péril le processus censé conduire à des élections pacifiques d’ici la fin de cette année.

Tant l’esprit que la lettre de l’accord ne sont pas respectés, minant la possibilité d’une transition non violente, vitale au développement de la RDC. Des élections intègres représentent pourtant la seule issue pacifique possible pour résoudre la crise de légitimité dont souffrent aujourd’hui les institutions politiques congolaises.

Le Gouvernement de la RDC et la communauté internationale doivent fournir toutes les ressources nécessaires à l’organisation des élections dans les délais prévu par l’Accord de la Saint Sylvestre à la commission électorale.

Nous appelons les leaders politiques de la RDC à donner la priorité à l’intérêt national. Le peuple congolais, déjà meurtri par des décennies de dictature, suivies d’années de guerre civile, aspire à la paix, au développement et au respect des droits de l’Homme, qui comprennent le droit à un gouvernement représentatif.

Si la crise actuelle frappe avant tout nos frères et sœurs congolais, elle aura des conséquences continentales si elle n’est pas traitée.

L’avenir de la RDC est en grave danger. Aussi appelons-nous les leaders congolais à redoubler leurs efforts de mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre de bonne foi afin de restaurer la confiance entre les partis et assurer des élections libres, crédibles et pacifiques d’ici la fin de l’année.

Kofi ANNAN
Ancien secrétaire général de l’ONU 

Thomas BONI YAYI
Ancien prés. de la République du Bénin

John KUFUOR
Ancien prés. de la République du Ghana

John MAHAMA
Ancien prés. de la République du Ghana

Thabo MBEKI
Ancien prés. de la Répub. d’Afrique du Sud

Benjamin MKAPA
Ancien prés. de la Répub. unie de Tanzanie 

Festus MOGAE
Ancien prés. de la République du Botswana

Olusegun OBASANJO
Ancien prés. de la Répub. fédérale du Nigeria

Pedro PIRES
Ancien prés. de la République du Cap-Vert

Cassam UTEEM
Ancien prés. de la République de Maurice