Inde: le géant fête ses 70 ans d’indépendance

Inde: le géant fête ses 70 ans d’indépendance
Mahatma Ghandi, le père de l’indépendance de l’Inde

Il y a soixante-dix ans, le 15 août 1947, l’indépendance de l’Inde mit un terme à deux siècles de colonisation britannique. Pour les autonomistes, ce fut la fin d’un long parcours initié au XIXè siècle, puis repris au début du XXè par le Mahatma Ghandi et son mouvement non-violent de désobéissance civile.

L’indépendance de l’Inde en 1947, marque aussi la partition du pays et l’indépendance du Pakistan. Une division qui donne lieu à un vaste mouvement de populations. Les hindous rejoignent l’Inde tandis que les musulmans s’installent au Pakistan. Depuis, les deux pays se disputent la région du Cachemire, un conflit larvé qui au bout de sept décennies ne laisse entrevoir aucune ébauche de solution pacifique.

Le rêve du Mahatma Gandhi

Le 15 août 1947, le rêve du Mahatma Gandhi devient réalité. Celui que Churchill, jamais en peine de formules-chocs, vachardes de préférence, qualifiait de « fakir à moitié à poil », a fini par vaincre l’empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Un seul regret : l’ancienne colonie britannique n’accède pas à l’indépendance d’un seul bloc, la minorité musulmane réussissant à arracher son propre État, le Pakistan.

Emmanuel Derville (correspondant du Point en Asie du Sud) a entrepris de conter ces sept décennies qui ont vu l’Inde passer du statut de tiers-monde asiatique à celui de superpuissance régionale, selon un séduisant parti pris (1). Il a retenu les événements les plus marquants qui ont jalonné cette période, et les fait raconter par ceux qui en ont été les acteurs ou les témoins privilégiés.

On croise ainsi au fil des pages un jeune journaliste qui avait « couvert » l’indépendance,l’ivresse de la liberté, mais aussi la purification ethnique et les massacres de musulmans par les hindous et d’hindous par les musulmans, qui ont fait un million de morts.

Un démographe nous remémore les dérives du contrôle des naissances, époque où le propre fils de la Première ministre Indira Gandhi menait des campagnes de stérilisations forcées. Le résultat n’est pas très convaincant : l’Inde compte aujourd’hui plus de 1,3 milliard d’habitants et supplantera à terme la Chine, victime du dogme de l’enfant unique.

Citons encore un haut fonctionnaire qui a mis en place un système de discrimination positive au bénéfice des basses castes traditionnellement ostracisées, un des pères du programme nucléaire qui explique comment l’Inde, clandestinement, a réussi à se doter de l’arme atomique, ou encore Nandan Nilekani, fondateur d’Infosys, figure de proue d’une industrie informatique, désormais de classe mondiale.

Une mosaïque qui permet de rappeler une évidence trop souvent négligée : la Chine n’est pas le seul géant asiatique, même si sa volonté de s’imposer à tous ses voisins tend à le faire croire. Puissance démographique, économique et, dans une moindre mesure, militaire, l’Inde fait dans la plupart des domaines jeu égal avec son grand rival. L’avenir dira si deux ambitions aussi affirmées peuvent cohabiter pacifiquement dans un même espace.

Avec Le Point