Flash Actu! RDC: trois militants pro-Kabila du PPRD décapités au Kasaï

Flash Actu! RDC: trois militants pro-Kabila du PPRD décapités au Kasaï

Trois militants PPRD (parti du président hors mandat Joseph Kabila), en campagne au Kasaï pour un candidat aux élections législatives du 23 décembre, ont été décapités, ont indiqué mercredi leurs familles et leur parti politique.

Trois militants pro-majorité Kabila ont été décapités samedi dans le Kasaï (centre de la République démocratique du Congo) alors qu’ils faisaient campagne pour un candidat du parti présidentiel aux législatives prévues le 23 décembre, a indiqué mercredi leur famille et leur formation politique. Les trois militants du PPRD portaient « des t-shirt à l’effigie » du candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Ramazani Shadary, avec le logo du parti, a assuré le fils de l’un d’eux à un correspondant de l’AFP.

Les faits se sont déroulés à Kabeya Lumbu. Les trois victimes – déjà en campagne alors qu’elle n’est autorisée à commencer que jeudi – portaient des T-shirts à l’effigie du candidat kabiliste à la Présidence, lors des élections du 23 décembre, Emmanuel Ramazani Shadary. Ils s’étaient rendus là il y a deux semaines pour y recruter des témoins électoraux et, selon une source anonyme citée par l’AFP, avaient été « kidnappés ». La décapitation fait toutefois penser au soulèvement dit « Kamwina Nsapu » (2016-2017) qui a violemment secoué le Grand Kasaï (cinq provinces au centre du pays) .

Viols et disette

Officiellement terminé après une sanglante répression par l’armée, ce soulèvement a encore de sérieux soubresauts. Des escarmouches sont encore signalées entre miliciens et forces de l’ordre de temps à autre. Fin octobre, l’ONG internationale Médecins sans frontières a annoncé avoir soigné 2600 victimes de violences sexuelles entre mai 2017 et septembre 2018 rien qu’à Kananga, capitale provinciale du Kasaï-central; 80% des victimes disent avoir été agressées par des hommes en armes.

Et en mai dernier, l’Unicef signalait que 770 000 enfants kasaïens, au moins, souffraient de malnutrition aiguë, dont la moitié étaient gravement dénutris et menacés de mort – une situation que l’agence onusienne liait clairement aux troubles « Kamwina Nsapu » puisque l’insécurité empêchait de cultiver et/ou de récolter et que 60% des miliciens insurgés étaient des enfants.

Milices ethniques et réfugiés expulsés

L’insurrection a aussi laissé des traces en ce que l’armée avait créé en 2017 une milice ethnique formée de Tshokwés, Pendés et Tetelas pour s’en prendre aux Lubas et Luluas, viviers du soulèvement. Or, parmi les 250.000 Congolais que l’Angola a expulsés depuis octobre de son territoire figurent de nombreux réfugiés kasaïens, essentiellement des Lubas et des Luluas qui avaient fui les violences de 2016-2017.

Le soulèvement « Kamwina Nsapu » est né de la tentative d’autorités au Kasaï-central de forcer un chef local à faire allégeance au PPRD, du meurtre de celui-ci lorsqu’il s’était rebellé et de la profanation publique de son corps à Kananga. Les insurgés, ressentant cette agression contre un roi traditionnel, le Kamwina Nsapu, comme un sacrilège alors que les populations locales étaient abandonnées par les autorités administratives mises en place par Kinshasa, s’en sont dès lors pris à tous les symboles de l’Etat.

Le meurtre des trois militants PPRD doit sans doute être relié à cette situation toujours très tendue, d’autant que la misère des populations locales s’est encore aggravée avec le conflit et que ni Kinshasa ni les autorités administrativeslocales ne s’intéressent à la soulager.

(Avec Agences)