Fidel Castro, le père de la révolution cubaine est mort

Fidel Castro, le père de la révolution cubaine est mort

fidel_castroLe père de la révolution cubaine, Fidel Castro, est décédé vendredi soir à La Havane, à l’âge de 90 ans, a annoncé son frère Raul.

«Le commandant en chef de la révolution cubaine est décédé à 22 h 29 ce soir», a annoncé Raul Castro, actuel président cubain, sur l’antenne de la télévision nationale.
Il n’a pas révélé les causes décès, mais a précisé que sa dépouille serait incinérée, a rapporté l’AFP.

« L’organisation de l’hommage funèbre qui lui sera donné sera précisée » ultérieurement, a-t-il ajouté dans cette brève allocution conclue par un tonitruant: « Jusqu’à la victoire, toujours! » (« Hasta la victoria, siempre »), l’antienne bien connue du Comandante. Il a ensuite précisé que Fidel Castro serait incinéré samedi aux première heures de la matinée, « conformément à la volonté exprimée par le camarade Fidel ». Neuf jours de deuil national ont été décrétés par les autorités cubaines.

A La Havane, les rues sont restées calmes dans la nuit de samedi en raison de l’heure tardive de l’annonce de sa mort, rapporte l’Agence France-Presse. Plusieurs habitants ont toutefois exprimé un chagrin qui contrastait avec les scènes de liesse observées à Miami, capitale officieuse de la diaspora anticastriste.

« Je suis bouleversée. On peut dire ce que l’on veut, il s’agit d’une figure que tout le monde respectait et aimait », a déclaré Sariel Valdespino, étudiant à La Havane à l’AFP.

A Miami, des exilés cubains se sont réunis dans les rues en brandissant des drapeaux, dansant et tabmourinant sur des poelles et des casseroles, selon plusieurs vidéos diffusées par des médias américains et sur des réseaux sociaux.

Etat de santé faible

Castro avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965.

L’ex-président cubain avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé.

Mais depuis un an et demi, même si ses déplacement restaient limités, il avait recommencé à publier des « réflexions » et s’était remis à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers. Son décès survient à peine deux ans après l’annonce historique du rapprochement entre Cuba et les États-Unis, initiée par Barack Obama et Raul Castro.

Le père de la révolution cubaine

Dans les années 60, Fidel Castro a été l’un des principaux dirigeants de la révolution cubaine qui mit un terme au régime dictatorial du général Fulgencio Batista.

Le 2 décembre 1961, alors qu’il s’était défini comme un «marxiste-léniniste», il a annoncé que Cuba adoptait le communisme.

Connu pour avoir tenu son île d’une main de fer et s’être opposé aux États-Unis, il a longtemps bénéficié du soutien de plusieurs personnalités politiques comme Hugo Chavez, Evo Morales ou encore Nelson Mandela.

Pour ses soutiens, il symbolisait les espoirs du Tiers-Monde, mais pour ses opposants, son régime a rapidement pris un tournant autoritaire, enfermant bon nombre d’opposants.

Ses relations étaient très amicales avec Pierre Eliott Trudeau, ancien premier ministre du Canada. En 1976, en pleine guerre froide, M. Trudeau a rendu visite au «Comandante» et a apporté une aide de 4 millions de $ au pays. Leur amitié s’est poursuivie bien après : Fidel Castro s’était même rendu en 2000 à Montréal pour assister aux funérailles de Pierre Eliott Trudeau.

À la mi-novembre, Justin Trudeau avait rencontré Raul Castro lors d’une courte visite de deux jours sur l’île.

Il y a deux ans, les relations entre Cuba et son vieil ennemi, les États-Unis, s’étaient améliorées lorsque Washington et La Havane avaient annoncé conjointement leur rapprochement impliquant un assouplissement de l’embargo américain. En juillet 2015, leurs relations diplomatiques étaient à nouveau instaurées.

Limitant ses apparitions depuis un certain temps, Fidel Castro avait souffert d’une hémorragie intestinale en 2006, l’obligeant à léguer son pouvoir à son frère, après 31 ans passés à la tête de l’État. Il avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles.

Les autorités cubaines ont décrété neuf jours de deuil national durant lesquels toutes les activités et spectacles publics seront interrompus. Ses funérailles auront lieu le 4 décembre à Santiago de Cuba.

Fidel Castro, des liens étroits avec l’Afrique

mandela_castroLe père de la Révolution cubaine, Fidel Castro, mort ce samedi 26 novembre à 90 ans, avait noué des liens étroits avec l’Afrique, notamment par l’intermédiaire de son compagnon Ernesto Che Guevara. Et c’est à Cuba que Nelson Mandela avait consacré son premier voyage après sa sortie de prison.

Dès le début des années 1960, Fidel Castro fait de l’Afrique une pierre angulaire de sa politique. L’idéal des barbudos (barbus) cubains étant l’exportation de la Révolution, Castro souhaitant aider les jeunes nations africaines à se libérer de l’emprise néocoloniale des grandes puissances.

Après son discours aux Nations unies, en 1964, Ernesto Guevara, le « Che », sera donc l’ambassadeur de la Révolution cubaine en Afrique. Il est dépêché dans l’ex-Congo belge avec une centaine de combattants pour appuyer la rébellion Simba. C’est un fiasco pour Cuba qui espérait instiguer une guérilla dans l’est du Congo, comme celle qui avait porté Castro au pouvoir cinq ans avant. La coopération militaire de Cuba avec les mouvements anti-impérialistes africains passe aussi par un soutien, davantage couronné de succès, aux indépendantistes bissau-guinéens du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

L’Angola et MPLA

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Le Cubain Fidel Castro et l’Angolais Jose Eduardo Dos Santos à La Havane, le 16 décembre 1988

Mais c’est avec l’Angola que Fidel Castro va se montrer le plus offensif. Dès 1965, des soldats et des conseillers militaires épaulent le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), mené par Agostinho Neto. En 1975, Cuba envoie des conseillers militaires auprès du MPLA qui a pris le pouvoir en Angola. Mais le président Neto est aussitôt confronté à une guerre civile, face à l’Unita, soutenue par l’Afrique du Sud. Le MPLA sera alors appuyé par Cuba et l’URSS. La Havane aura même jusqu’à 50 000 soldats déployés en Angola. Un soutien qui assurera le maintien du MPLA au pouvoir.

Dans un deuxième temps, en 1988 alors que les troupes cubaines se sont presque complètement retirées, l’Afrique du Sud et l’Unita attaquent depuis la Namibie annexée le sud de l’Angola. En janvier, la bataille de Cuito Cuanavale oppose 20 000 soldats angolais et 5 000 soldats cubains à 7 000 soldats de l’armée sud-africaine et 10 000 combattants de l’UNITA. Depuis sa salle d’état-major à La Havane, on dit que Fidel Castro dirige personnellement les opérations à 10 000 kilomètres de distance.

Militairement, cette bataille ne se solde véritablement par aucune victoire d’un camp sur l’autre et par de nombreux morts de chaque côté. Mais pour Castro c’est une victoire politique, puisque l’Afrique du Sud renonce alors à renverser le régime angolais. Rapidement, la Namibie obtient son indépendance du régime sud-africain. La Guerre froide prend fin en Afrique presque un an avant la chute du mur de Berlin. Et le régime sud-africain de l’apartheid vacille.

« Madiba » poing levé aux côtés de Fidel Castro

La présidence sud-africaine a rendu hommage à Fidel Castro ce samedi en saluant le « rôle inestimable dans la lutte pour la liberté » et contre l’apartheid. Depuis la chute du régime de l’apartheid en 1994, les deux pays n’ont cessé de resserrer leurs liens. C’est à Cuba que Nelson Mandela consacre son premier voyage après sa sortie de prison, une visite à Fidel Castro, son camarade, son allié et son ami. Mandela y remercie Castro pour son soutien durant les années de lutte clandestine du Congrès national africain (ANC).

mandela_fidel_castroDans ses mémoires, Nelson Mandela évoque l’influence de Fidel Castro et de la révolution cubaine qui l’ont inspiré dans son propre combat. « La lutte contre l’apartheid, la plus belle des causes de l’humanité », déclarait de son côté Fidel Castro.

« L’intervention de Cuba en Angola et la défaite de l’armée sud-africaine ont contribué à détruire le mythe de l’invincibilité de l’oppresseur blanc et inspiré les masses dans la lutte pour la liberté. » Ces mots, ce sont ceux de Nelson Mandela prononcés lors de sa visite historique à Cuba en 1991. L’image de « Madiba  » poing levé aux côtés de Fidel Castro est restée célèbre.

En 1994, Fidel Castro assiste à l’investiture de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Il reviendra dans le pays en 1998 avec notamment un discours remarqué devant l’Assemblée nationale prononcé sous les hourras de l’ANC, mais boycotté par certains parlementaires blancs conservateurs.

Il y a trois ans, en décembre 2013, c’est à Soweto, lors de la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, que le président cubain Raul Castro et Barack Obama ont échangé une poignée de main historique, le signe déjà qu’une page était en train de se tourner.

Coopération dans le domaine de la santé

Enfin, un des aspects de l’implication de Cuba en Afrique c’est sa diplomatie médicale. L’internationalisme médical cubain, c’est le nom de cette politique qui consiste encore aujourd’hui à envoyer les médecins cubains sur le continent. Des médecins cubains réputés pour l’excellence de leur formation.

Des programmes de coopération ont été signés avec de nombreux pays et Cuba envoie ainsi du personnel médical pour une durée de deux ans généralement. On parle de plusieurs dizaines de milliers de médecins envoyés aux quatre coins du monde et en particulier en Afrique.

La classe politique réagit

Tôt samedi matin, Justin Trudeau a exprimé son soutien à la famille et aux amis de M. Castro: «Fidel Castro, leader plus grand que nature, a consacré près d’un demi-siècle au service du peuple cubain. Révolutionnaire et orateur légendaire, M. Castro a réalisé d’importants progrès dans les domaines de l’éducation et des soins de santé sur son île natale. Bien qu’il était une figure controversée, ses partisans et ses détracteurs reconnaissaient son amour et son dévouement immenses envers le peuple cubain, qui éprouvait une affection profonde et durable pour “el Comandante”.»

Dans une publication officielle, le président des États-Unis, Barack Obama, a tenu à tendre une main amicale au peuple cubain, tout en mentionnant que «l’histoire jugera de l’impact de cet homme singulier sur le monde et le peuple autour de lui».

Le président élu Donald Trump a été un peu moins doux dans ses propos.

Il a débuté par ce simple gazouillis.

Il a ensuite dit que Castro «était un dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple pendant près de 60 ans», et qu’il souhaitait que Cuba «puisse enfin amorcer sa quête vers la prospérité et la liberté».

 Le gouverneur de la Floride, Rick Scott, a téléphoné au prochain président pour lui faire savoir qu’il aidera son équipe à mettre de l’avant un mouvement démocratique à Cuba.
 Scott a aussi offert son message d’espoir au peuple cubain. Plus d’un million de Cubains résident dans la grande région de Miami, en Floride.
 Les politiciens à travers le monde ont réagi à cette nouvelle.

La communauté cubaine de Miami célèbre

Les membres de la communauté cubaine à Miami sont immédiatement sortis dans les rues lorsqu’ils ont appris la nouvelle.

Une (très) grande majorité de Cubains de cette région se réjouissent d’ailleurs de la mort du dictateur.

 «Les rues sont très festives, puisque plusieurs générations célèbrent la mort d’un dictateur. Pas la mort d’un individu, mais bien la mort d’un dictateur. Fidel Castro a influencé négativement la vie d’au moins quatre générations de Cubains, tant sur l’île qu’à l’extérieur», explique au Telegraph le maire de Miami, Tomas Regalado.

Plusieurs Cubains de tous âges sont donc bien heureux d’apprendre que ce dirigeant violent et oppressif est décédé.

«Des familles ont été divisées. Certaines personnes ont vu des membres de leur famille être tués, et d’autres ont passé de nombreuses années en prison. La plupart de ces cicatrices ne sont toujours pas guéries», justifie Regalado.

 Avec Afp et Rfi