Etats-Unis: Donald Trump annule l’accord conclu par Obama avec Cuba

Etats-Unis: Donald Trump annule l’accord conclu par Obama avec Cuba

Le président américain a annoncé vendredi la fin immédiate de l’accord conclu avec La Havane fin 2014 par Barack Obama. Après 50 ans de gel diplomatique, les Etats-Unis et Cuba étaient depuis 2014 sur la voie de la réconciliation. Mais Donald Trump ne l’entend pas vraiment de cette oreille. Le président des Etats-Unis a annoncé ce vendredi 16 juin l’annulation avec effet immédiat de l’accord conclu entre Washington et La Havane fin 2014, dénonçant depuis Miami le caractère « brutal » du régime castriste.

Il a dénoncé dans son discours l’accord conclu par son prédécesseur Barack Obama qui « n’aide pas les Cubains et enrichit le régime ». « Avec effet immédiat, j’annule l’accord totalement inéquitable signé avec Cuba par la dernière administration », a-t-il lancé, promettant un « meilleur accord » pour les Cubains et les Etats-Unis.

« Maintenant que je suis président, l’Amérique va dénoncer les crimes du régime Castro », a-t-il déclaré, déplorant les souffrances des Cubains « pendant près de six décennies ». « Nous savons ce qui se passe et nous nous souvenons de ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

Donald Trump a martelé vendredi en Floride sa volonté de recalibrer le rapprochement avec Cuba, lancé fin 2014 par son prédécesseur Barack Obama après plus d’un demi-siècle de tensions, dénonçant avec véhémence le régime «brutal» au pouvoir à La Havane.

Le régime cubain dénonce les décisions de Trump

Le gouvernement cubain a «dénoncé» les nouvelles restrictions aux échanges entre Cuba et les Etats-Unis, annoncées vendredi par le président américain Donald Trump. La Havane a réitéré sa disposition à poursuivre le «dialogue» engagé avec Washington depuis 2015.

Pointant du doigt «une rhétorique hostile qui rappelle les temps de la confrontation ouverte» et le «recours aux méthodes coercitives du passé», le gouvernement cubain a regretté, dans un communiqué lu sur l’antenne de la télévision d’Etat, un «retour en arrière dans les relations entre (les) deux pays».

«Toute stratégie visant à changer le système politique, économique et social à Cuba, que ce soit à travers des pressions (…) ou en employant des méthodes plus subtiles, sera condamnée à l’échec», a prévenu le gouvernement de Raúl Castro. Depuis le quartier de Little Havana à Miami, fief des exilés, le président américain a promis «un meilleur accord pour les Cubains et pour les Etats-Unis». Et annoncé la limitation des transactions avec les entités contrôlées par l’armée cubaine, omniprésentes dans le secteur du tourisme, ainsi qu’une application plus stricte des restrictions sur les voyages vers l’île communiste.

Au-delà des mesures techniques annoncées, son discours marque une rupture dans la phase d’ouverture qui s’était matérialisée par la visite historique de Barack Obama à La Havane en mars 2016. Défendant l’amélioration des relations entre les deux pays, figées depuis la révolution castriste de 1959, ce dernier avait revendiqué l’enterrement du «dernier vestige de la Guerre froide dans les Amériques».

Si Donald Trump a promis, dans une formule visant d’abord à galvaniser son auditoire, d’«annuler avec effet immédiat» un accord qu’il juge déséquilibré, le président républicain n’a pas, loin s’en faut, effacé d’un trait de plume toutes les initiatives de l’administration précédente: le rétablissement des relations diplomatiques n’est aucunement remis en cause.

Dans un communiqué lu sur l’antenne de la télévision d’Etat, le gouvernement cubain a dénoncé «les nouvelles mesures de durcissement de l’embargo» annoncées par le président américain. Pointant du doigt «une rhétorique hostile qui rappelle les temps de la confrontation ouverte», le régime cubain a malgré tout «réitéré» sa disposition à poursuivre le «dialogue respectueux» engagé avec Washington depuis le rétablissement des relations entre les deux pays.

«Les crimes du régime Castro»

Sur la forme, le nouveau locataire de la Maison Blanche d’abord a pris soin d’envoyer des signaux à une base anti-castriste qui lui a apporté un soutien précieux en Floride lors de son élection en novembre. Les assouplissements de l’administration Obama «n’aident pas les Cubains, elles ne font qu’enrichir le régime», a-t-il martelé, promettant que l’évolution des relations avec Cuba dépendrait désormais des «réels progrès», de «changements concrets».

«Maintenant que je suis président, l’Amérique va dénoncer les crimes du régime Castro (…) Nous savons ce qui se passe et nous nous souvenons de ce qui s’est passé», a-t-il ajouté, appelant à la libération de tous les prisonniers politiques.

Il est difficile de mesurer a priori l’impact exact de la restriction des déplacements sur le secteur touristique cubain, mais l’annonce devrait à tout le moins freiner le boom en cours. Près de 300’000 Américains se sont rendus sur l’île au cours des cinq premiers mois de 2017, soit un bond de 145% sur un an. En 2016, Cuba avait accueilli 284’937 visiteurs des Etats-Unis, 74% de plus qu’en 2015.

La chambre de commerce américaine a vivement dénoncé l’initiative, jugeant que les annonces présidentielles «limitaient les possibilités de changements positifs sur l’île» et risquaient «de laisser la place à d’autres pays» qui ne partagent pas les valeurs de l’Amérique.

Le sénateur démocrate Patrick Leahy, très impliqué sur ce dossier, a dénoncé avec force un retour «vers la politique de la Guerre froide», visant à faire plaisir à «une petite faction» de militants anti-castristes aux Etats-Unis. La Maison Blanche, a-t-il estimé, a «re-déclaré la guerre au peuple cubain».

Si le sénateur de Floride Marco Rubio, présent au côté de Donald Trump, a salué un nouveau départ, tous les élus républicains n’étaient pas à l’unisson. Pour Jeff Flake, élu de l’Arizona, «tout changement de politique qui réduit la capacité des Américains à voyager librement à Cuba n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis ou du peuple cubain».

Concrètement, Donald Trump a annoncé l’interdiction de toute transaction financière avec le puissant Groupe d’administration d’entreprises (Gaesa, holding d’Etat contrôlé par les forces armées) ou ses filiales. «Nous ne voulons pas que les dollars soutiennent une armée qui exploite les citoyens de Cuba», a-t-il lancé.

Soutien à l’embargo

Le secteur très sensible du tourisme –contacts avec des étrangers et forts revenus directs en devises– est un des domaines de prédilection de l’armée qui gère compagnies aériennes, hôtels, restaurants, marinas, agences de location de véhicules ou grands magasins. Le conglomérat touristique Gaviota fait partie du Gaesa, dont le président exécutif, le colonel Luis Alberto Rodriguez Lopez-Callejas, est le gendre du président cubain Raul Castro.

L’administration Trump met inlassablement en avant la défense des droits de l’homme sur l’île située de l’autre côté du détroit de Floride. L’argument a suscité des réactions indignées tant l’exécutif américain a mis en sourdine ses critiques sur ce thème à l’égard d’autres pays –Egypte et Arabie saoudite en tête. L’exécutif américain a par ailleurs affirmé l’opposition des Etats-Unis –en l’absence de changements politiques substantiels– à la levée de l’embargo qui frappe Cuba.

Fin 2016, les Etats-Unis s’étaient pour la première fois – sous des applaudissements nourris – abstenus lors de l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies réclamant la fin de l’embargo américain imposé à Cuba depuis 1962. Le texte avait été adopté par 191 voix et deux abstentions (Etats-Unis et Israël) sur les 193 membres de l’Assemblée.

Bakolokongo avec Agences