Cameroun: journée ville morte dans les régions anglophones

Cameroun: journée ville morte dans les régions anglophones

Le malaise persiste dans les deux régions anglophones du Cameroun, à l’ouest du pays, où la minorité linguistique se dit marginalisée. Les contestataires ont appelé, vendredi 10 février,  à une journée « ville morte ». L’appel a été bien suivi, malgré la pression des autorités, qui ont coupé internet et interdit le mouvement en arrêtant plusieurs de ses leaders.
La ville de Bamenda, chef-lieu de la région Nord-Ouest, tourne au ralenti : de nombreuses boutiques sont fermées, et les rues sont presque vides. Cependant, il est difficile de dire si le mouvement est suivi par conviction ou par peur.

Les habitants qui sont plutôt favorables au mouvement de contestation assurent que cette journée ville morte est un succès. Un enseignant à la retraite explique que le sentiment de frustration était largement partagé dans les régions anglophones.

Mais pour d’autres, notamment pour le parti au pouvoir, les habitants restent chez eux surtout parce qu’ils craignent des dérapages, des violences, ou des représailles. Ces derniers jours, des jeunes auraient fait pression sur leurs parents, pour qu’ils n’envoient pas les enfants à l’école, ainsi que sur les commerçants, pour qu’ils gardent leurs rideaux baissés aujourd’hui.

Cela n’empêche pas qu’au milieu des rues désertes de Bamenda, un petit groupe réuni devant la cathédrale réclame la reprise des cours et demande un retour à la normale.

Les revendications deviennent politiques

Ce blocage dure depuis plusieurs mois, mais les discussions entre enseignants et gouvernement pour y mettre un terme n’ont rien donné. Les autorités reprochent aux grévistes d’avoir constamment allongé la liste de leurs revendications, rendant impossible la sortie de crise.

Avec le temps, les revendications sociales ont en effet laissé la place à des revendications nettement plus politiques : les leaders de la contestation réclament un retour au fédéralisme, c’est-à-dire au système qui existait avant 1972.

Une solution inenvisageable pour le gouvernement. Depuis que cette option est évoquée par les protestataires, les autorités répondent de la manière forte : le consortium de la société civile anglophone a été interdit, ses leaders arrêtés. Ces derniers comparaîtront d’ailleurs dans trois jours devant la justice militaire. Le gouvernement a également coupé la connexion internet depuis plus de trois semaines.

rfi