Afrique du Sud: l’ex-président Thabo Mbeki renforce le front anti-Zuma

Afrique du Sud: l’ex-président Thabo Mbeki renforce le front anti-Zuma

Le président sud-africain, Jacob Zuma fait face à une fronde de plus en plus ouverte au sein du Congrès national africain (ANC, au pouvoir). A moins de deux ans de la fin de son dernier mandat à la tête de la nation arc-en-ciel,  des voix autorisées ne cachent plus désormais leur colère au sujet de la gouvernance chaotique de l’actuel chef de l’Etat, englué dans une série de scandales. Son prédécesseur Thabo Mbeki vient de rejoindre le camp des détracteurs en appelant les députés du pouvoir à agir dans l’intérêt “du peuple” et non “du parti”, à une semaine d’un vote de défiance au Parlement contre Jacob Zuma.

La guerre intestine que se livrent les pro- et anti-Zuma au sein du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) prend des proportions des plus inquiétantes. Avec le soutien public apporté au chef de l’Etat par cette formation politique, il y  a une semaine, l’opinion a tôt fait de croire à un affaiblissement  du camp des anti-Zuma, d’où la cohésion retrouvée au sein du parti de Nelson Mandela.

Mais c’est sans compter avec la colère que rumine Thabo Mbeki contre la gestion de Jacob Zuma. L’ancien président a officiellement rejoint le rang des détracteurs du président Zuma. Thabo Mbeki, intellectuel plutôt discret, a appelé les députés du parti au pouvoir à voter en respectant la volonté du peuple.  « Nos députés siègent au Parlement comme des représentants du peuple (…) pas comme la voix du parti politique auquel ils appartiennent », écrit l’ex-chef de l’Etat dans une tribune publiée dans le quotidien The Star. « La controverse actuelle a peut-être, enfin, obligé notre pays à mieux définir la relation constitutionnelle et morale entre le peuple et ses élus »,  a-t-il ajouté.

En termes clairs, Thabo Mbeki appelle les parlementaires de l’ANC à respecter la volonté du peuple (qui réclame la démission du président) au lieu de céder aux desiderata de l’ANC (qui opte pour le maintien de Zuma au pouvoir jusqu’en mai 2019). La question est de savoir pourquoi ça gronde presque chaque matin dans les rues de Pretoria au cri de « Zuma must go » ou « Zuma must fall » ?

Jacob Zuma, propriétaire des dossiers

Jacob Zuma bat le record en matière de scandales plus que tout autre chef d’Etat en 22 ans de règne du parti au pouvoir. Scandales sexuels, économiques et politiques ont jonché les deux mandats de l’actuel président à la tête de la nation arc-en-ciel.

Avant de parvenir au pouvoir en 2009, Jacob Zuma était déjà un champion des entourloupes. Il a été cité dans un scandale estimé à des milliards de dollars au sujet d’un contrat d’achat d’armement militaire avec la société française Thalès. Corruption, fraude, blanchiment d’argent, racket et évasion fiscale, sont des chefs d’accusation ayant visé le chef de l’Etat. Mais le  guerrier zoulou va, à tour de rôle, les étouffer grâce à sa main mise sur la justice sud-africaine. Mais les deux derniers dossiers à savoir, le Nkandlagate et le Guptagate apparaissent comme les deux clés de voûte de la descente aux enfers de  l’insubmersible président sud-africain.

Estimés à 783 au total, les scandales qui ont marqué les deux mandats de l’actuel chef de l’Etat occasionnent des prises de position et des manifestations pour réclamer son départ. L’opposition a demandé l’organisation d’un vote de défiance devant le Parlement, le 18 avril, contre le chef de l’Etat.

Plusieurs voix se sont élevées au sein de l’ANC, avant de finalement rentrer dans le rang, la semaine dernière, lorsque le parti a donné la consigne de voter en bloc contre la motion de défiance.

Thabo Mbeki, successeur de Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud en 1999, avait lui-même été lâché par l’ANC qui l’avait poussé à démissionner en 2008. Jacob Zuma qui fêtera ses 75 ans ce mercredi 12 avril, et qui doit quitter le pouvoir au terme de son second mandat, en 2019, faisait partie des détracteurs de Thabo Mbeki.

Source: beninmondeinfos.com