Afrique du Sud: combien de temps Jacob Zuma tiendra-t-il encore ?
La question mérite d’être posée alors que la justice sud-africaine vient de lui ordonner de mettre en place une commission d’enquête sur la corruption à la tête de l’État.
Voilà une décision qui tombe bien mal, à trois jours de la conférence du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir dont Jacob Zuma va quitter la présidence sous peu. La justice sud-africaine vient en effet d’infliger un nouveau revers au président sud-africain empêtré dans une longue série de scandales. Elle lui ordonne de mettre en place d’ici un mois une commission d’enquête sur la corruption à la tête de l’État alors que le chef de l’État avait saisi la justice pour obtenir l’annulation d’un rapport officiel très compromettant pour lui.
Malversations, corruption, mauvaise gouvernance
Ce document met notamment en lumière l’implication d’une puissante famille d’hommes d’affaires, les Gupta, dans la gestion des affaires de l’État sud-africain, de la nomination de ministres aux pressions pour obtenir des contrats publics. Dans ses conclusions, l’auteur du rapport, l’ex-médiatrice de la République Thuli Madonsela, réclamait une commission d’enquête sur le sujet, que le président a toujours refusée. Mercredi, la Haute Cour de Pretoria a donné tort au chef de l’État, estimant qu’il avait fait preuve d’une « grave imprudence » en réclamant l’annulation du rapport. Le « comportement » de Jacob Zuma « n’est pas à la hauteur de ce qu’on attend d’un chef de l’État chargé de soutenir les institutions démocratiques » comme celle du médiateur de la République, a estimé dans sa décision le juge Dunstan Mlambo. « Le rapport de la médiatrice a révélé des niveaux inquiétants de malversations et de corruption au mépris absolu de la bonne gouvernance », a encore asséné le magistrat. En plus de demander l’annulation de ce document embarrassant, Jacob Zuma avait également tenté d’en interdire sa publication.
Accusation de tentative d’entrave
Dans un autre jugement, le même tribunal lui a ordonné de payer personnellement les frais engagés pour son action en justice. « L’attitude du président s’apparente à une tentative d’entrave du travail constitutionnel de la médiatrice », a estimé le juge Mlambo. Elle « ne laisse aucune autre option » que d’exiger du président qu’il « paie lui-même de sa poche tous les frais » judiciaires. Le président Zuma, au pouvoir depuis 2009, a vu sa réputation ternie par de nombreux scandales dont il a toujours réussi jusque-là à survivre politiquement.
Pour rappel, l’ANC se réunit à partir de samedi pour élire son successeur à la tête du parti. Cette bataille oppose l’ex-épouse du chef de l’État, Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-patronne de l’Union africaine (UA), à l’actuel vice-président Cyril Ramaphosa.
Le Point Afrique (avec AFP)