Turquie: inauguration la 1ère liaison TGV Ankara-Istanbul

turquie-tgvLa Turquie inaugure vendredi son premier train à grande vitesse entre ses deux principales villes, Ankara, la capitale, et Istanbul, un projet mis en ?uvre par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans le cadre des efforts pour moderniser le pays.

Les retards successifs pour cette inauguration ont alimenté de nombreuses anecdotes au cours des dernières années. Mais vendredi soir les plaisantins seront réduits au silence quand M. Erdogan entrera triomphalement à Istanbul à bord du premier train à grande vitesse.

L’ouverture de la ligne intervient moins d’un mois avant la présidentielle du 10 août à laquelle M. Erdogan est candidat et pour laquelle il a fait campagne en mettant en avant ses efforts pour améliorer les transports en Turquie.

Malheureusement, le train ne s’arrêtera pas au centre d’Istanbul. Il n’atteindra que la rive asiatique du Bosphore pour finir sa course dans la lointaine banlieue de Pendik, à deux heures de la rive européenne dans les embouteillages.

Le projet a joué de malchance : non seulement l’inauguration a été maintes fois retardée mais en juillet, au cours de tests, un des nouveaux trains a malencontreusement percuté un wagon servant à l’entretien.

Il a fallu aussi résoudre des problèmes de sécurité. Les accidents de trains sont en effet fréquents en Turquie et en 2004 des dizaines de personnes ont été tuées quand un train à grande vitesse a déraillé dans le nord-ouest du pays.

Mais, par le biais d’une intense campagne de publicité, avec notamment des spots télévisés montrant des enfants agitant les mains au passage du train, le gouvernement élude les difficultés pour transformer le projet en succès.

« Relier l’est et l’ouest en 2023 »

M. Erdogan, dont le parti islamo-conservateur AKP (Parti pour la justice et le développement)domine la politique turque depuis plus de 10 ans, s’efforce de se présenter comme l’homme qui a transformé la Turquie pour en faire un pays moderne avec un niveau de vie comparable à ses voisins européens.

Le Premier ministre a récemment inauguré le tunnel de Marmaray, construit sous le Bosphore, qui permet de relier par une ligne de métro les rives européenne et asiatique d’Istanbul.

Parmi les projets en cours, on retient en particulier un troisième pont sur le Bosphore et un troisième aéroport à Istanbul.

Le projet de liaison ferroviaire Istanbul-Ankara a représenté une dépense de 4,25 milliards de dollars. Commencé en 2003, juste après l’arrivée de l’AKP au pouvoir, il n’a été terminé qu’onze ans plus tard.

La Turquie a commencé à se doter d’un réseau ferré au milieu du XIXe siècle, sous l’Empire ottoman, et la construction des voies a été accordée en concession aux grandes puissances de l’époque, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.

Selon la légende, les compagnies étrangères auraient été payées au kilomètre ce qui expliquerait le circuit tortueux du chemin de fer turc.

Le développement du réseau a été poursuivi par le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk, mais son entretien a par la suite été négligé quand la situation économique du pays s’est détériorée. Très peu de nouvelles lignes ont été créées depuis les années 1960.

Actuellement, les voyages en Turquie se font principalement en autocar ou en avion mais le gouvernement espère que la ligne Ankara-Istanbul saura modifier les habitudes des Turcs.

Le voyage entre les deux villes devrait être ramené à trois heures et demie. Le projet final prévoit un terminus sur la rive européenne d’Istanbul avec des trains franchissant le Bosphore par le tunnel de Marmaray. Les trains sont prévus pour rouler à 250km/h sur une ligne longue de 511 km.

M. Erdogan a fixé à 2023 – 100e anniversaire de la fondation de la République par Ataturk – l’objectif de relier l’est et l’ouest de la Turquie par un train à grande vitesse.

AFP