RDC: Assassinat du député Chérubin Okende, ex-ministre proche de Moïse Katumbi

RDC: Assassinat du député Chérubin Okende, ex-ministre proche de Moïse Katumbi

Un opposant, député et ancien ministre de la République démocratique du Congo, Chérubin Okende, cadre du parti du candidat à la présidentielle Moïse Katumbi, a été retrouvé mort jeudi à Kinshasa, le corps criblé de balles. Selon l’entourage de Moïse Katumbi, M. Okende s’était rendu mercredi à la Cour constitutionnelle et ses proches n’avaient plus de nouvelles de lui. Il a été retrouvé mort jeudi matin dans sa voiture sur une grande avenue de Kinshasa. Cette affaire survient alors que le climat politique est très tendu à l’approche des élections prévues en fin d’année.

Le corps du député et ancien ministre des Transports, Chérubin Okende, a été retrouvé, jeudi 13 juillet, criblé de balles dans sa voiture à Kinshasa au lendemain de sa disparition. L’opposant était le porte-parole du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle de 2023, qui dénonce un « assassinat politique ». Son corps a été retrouvé dans sa jeep sur l’avenue Poids Lourds, qui relie le centre de Kinshasa à la banlieue est de la capitale congolaise en longeant le fleuve Congo, a précisé le site d’information Actualité.cd.

M. Okende, un ancien ministre des Transports, avait été enlevé mercredi après-midi par des hommes armés et depuis, ses proches sont restés sans nouvelles. Sur Twitter, son parti Ensemble pour la République, avait dénoncé un « lâche enlèvement » intervenu sur le parking de la Cour constitutionnelle.

Selon les informations disponibles, M. Okende s’est rendu à la Cour constitutionnelle pour déposer une lettre demandant le report à vendredi, d’un rendez-vous avec le juge Sylvain Lumu qui l’avait précédemment convoqué pour ce jeudi « pour étudier et rédiger un rapport sur la déclaration écrite relative à votre patrimoine après votre départ du gouvernement ».

Le corps de l’ex-ministre, criblé des balles, taché de sang a été extirpé de sa voiture par la police scientifique en présence des éléments de l’armée, puis acheminé à la morgue.

Haut cadre et porte-parole du parti de M. Katumbi

M. Okende était haut cadre et porte-parole du parti de M. Katumbi, un candidat à l’élection présidentielle prévue le 20 décembre prochain en RDC, alors que les tensions politiques s’accroissent à six mois du scrutin, qui sera couplé à des législatives et des provinciales.

La puissante Église catholique congolaise a déploré le mois dernier « un recul déplorable » des libertés publiques : « répression violente des manifestations de l’opposition », « restriction de la liberté de mouvement des opposants », « instrumentalisation de la justice », « arrestations arbitraires », tout en dénonçant un processus électoral « mal engagé ».

Plusieurs opposants, dont Salomon Idi Kalonda, le conseiller spécial et bras droit de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de M. Katumbi, Franck Diongo sont aux arrêts.

« On veut nous réduire au silence »

« C’est un assassinat politique (…), un guet-apens (…), nous allons faire une enquête indépendante pour savoir la vérité, on ne fait plus confiance à nos institutions », a réagi sur RFI M. Katumbi. « On veut nous réduire au silence », a poursuivi le candidat à la présidentielle, dont un proche conseiller a par ailleurs été arrêté fin mai à Kinshasa et est détenu depuis.

Dans un message transmis par la présidence et diffusé sur les réseaux sociaux, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, dit avoir appris « avec consternation » la mort de M. Okende « dans des conditions tragiques ». « Il enjoint à la justice de faire toute la lumière sur ce dossier afin de sanctionner les coupables de cet acte ignoble », ajoute-t-il.

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a également indiqué sur Twitter que le gouvernement avait « appris avec effroi l’assassinat » de Chérubin Okende. « Tout en condamnant cet acte odieux, il a instruit tous les services de sécurité de faire diligence pour une enquête minutieuse ».

Ministre démissionnaire pro-Katumbi passé dans l’opposition

M. Okende, 61 ans, avait démissionné en décembre dernier de son poste de ministre des Transports en même temps que deux autres ministres pro-Katumbi.

Moïse Katumbi, riche homme d’affaires, ancien gouverneur de la région minière du Grand Katanga, venait alors d’annoncer sa candidature à la présidentielle de décembre prochain et le retrait de son parti, « Ensemble pour la République », de la coalition au pouvoir.

Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, sera candidat à sa réélection.

A ce jour, plus d’une dizaine d’opposants ont annoncé leur intention de se présenter face à lui. Les principaux, dont Moïse Katumbi, considèrent que les instances électorales sont à la solde du pouvoir et préparent des élections biaisées risquant de mener à la fraude et au chaos.

(Bakolokongo avec Agences)