RDC: Freddy Matungulu nommé par Félix Tshisekedi à la Banque africaine de développement (BAD)

RDC: Freddy Matungulu nommé par Félix Tshisekedi à la Banque africaine de développement (BAD)

La plateforme Lamuka vient encore de perdre un de ses fondateurs. En effet, Freddy Matungulu a décidé de s’éloigner de la plateforme pour accepter un poste à la Banque africaine de développement, poste qui lui a été accordé par Félix Tshisekedi. Le président Félix Tshisekedi vient de débaucher un des cinq dirigeants de l’opposition pour siéger au conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD), où il devrait occuper le poste d’administrateur pour le compte de la RDC.

Nouvelle mise à jour: le 12/07/2019, 14:50 TU

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a désigné Freddy Matungulu, un des cinq dirigeants de la coalition d’opposition Lamuka, à un poste d’administrateur de la Banque africaine de développement (BAD), ce qui, reconnait-il, va l’éloigner de ses « activités militantes »

« Il a plu au chef de l’Etat de me désigner pour assumer le mandat confié à la RDC », a indiqué vendredi dans un communiqué l’économiste et ex-ministre Freddy Matungulu, ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI).

« J’ai répondu favorablement à l’appel », ajoute-t-il en disant sa « gratitude » envers le chef de l’Etat pour « cet acte d’ouverture » politique.

Sa candidature doit être validée par les ministres des Finances des pays d’Afrique centrale qu’il doit représenter à la BAD (Burundi, Cameroun, Congo, Centrafrique, RDC) lors d’une réunion en août.

« Ce nouvel engagement international me réimpose des devoirs de réserve. J’entends dès lors prendre une distance conséquente de mes activités militantes, y compris dans Lamuka », a-t-il ajouté.

M. Matungulu est l’un des six fondateurs de la coalition Lamuka constituée le 11 novembre à Genève autour de la candidature de Martin Fayulu à l’élection présidentielle du 30 décembre.

La coalition ne comprend plus que quatre dirigeants: Martin Fayulu, qui revendique la victoire et la « vérité des urnes », l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, l’ex-chef de guerre et ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, et l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito.

Un autre dirigeant, Antipas Mbusa Nyamwisi, avait annoncé fin juin qu’il quittait Lamuka pour aider le chef de l’Etat dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola dans son fief de Beni-Butembo.

Des divergences traversent Lamuka entre les tenants de la contestation de la victoire de Félix Tshisekedi autour de Martin Fayulu et les partisans d’un rapprochement prôné par Moïse Katumbi.

Matungulu prend ses distances avec Lamuka

Avec cette nomination, impossible pour Freddy Matungulu de prendre la tête du présidium de Lamuka que devait lui céder à la fin de ce mois Moïse Katumbi. Après le départ d’Antipas Mbusa Nyamwisi, qui a déjà rejoint Kinshasa pour soutenir la démarche de Félix Tshisekedi, il s’agit d’un nouveau coup dur pour la plateforme de l’opposition.

« En même temps, ces débauchages coûtent chers à Félix Tshisekedi qui a promis un poste ministériel à Mbusa et cède un strapontin doré à Matungulu alors qu’il y avait des candidats pour ces postes dans la plateforme Cach. Pas sûr que cela soit bien vécu par les siens. D’autant que la prise n’est pas d’un poids politique très important. Matungulu ne représentait que lui. On est dans le symbolique », analyse un homme politique congolais.

Plus acerbe, un autre témoin fait remarquer que le soutien de Martin Fayulu a finalement trouvé sa vérité à la BAD plutôt que dans les urnes.

Freddy Matungulu s’éloigne ainsi de la coalition Lamuka, expliquant que ce nouvel engagement international lui « réimpose des devoirs de réserve ». « J’entends prendre une distance conséquente de mes activités politiques militantes y compris dans Lamuka pour me consacrer en priorité à d’effort collectif », précise-t-il.

Avec cette brusque évolution, Freddy Matungulu ne devrait plus prendre les commandes de la coalition Lamuka. Il devait en effet succéder à Moïse Katumbi, dont la présidence tournante de trois mois arrive à terme le 31 juillet prochain.

Un vrai coup politique pour le président Félix Tshisekedi, qui réussit peu à peu à fragiliser ceux qui contestent toujours son élection. Avant Matungulu, un autre leader, Antipas Mbusa Nyamwissi, avait déjà quitté la coalition Lamuka pour aider les nouvelles autorités à la lutte contre l’insécurité et l’épidémie d’Ebola dans la partie est du pays.

Adolphe Muzito replique

« Lamuka ne disparaîtra pas tant que le peuple sera là, puisque la coalition est l’expression même de la volonté du peuple manifestée le 30 décembre 2018, réagit à Jeune Afrique Adolphe Muzito, l’un des quatre leaders restants de la coalition. Avant même de nommer ses compagnons de lutte au sein de la plateforme Cach (Cap pour le changement), il commence à recruter à Lamuka, qui incarne la légitimité nationale et internationale que Tshisekedi recherche. »

Convoquée le 20 juillet, une réunion du présidium de Lamuka se réunira toutefois le 24 juillet prochain à Lubumbashi, la toute première rencontre des quatre leaders dans le pays, où ils devraient éclaircir l’avenir de la coalition.

(Avec Agences)